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  • 082 – La veuve

    <Message de service> À partir de maintenant, je mettrai en italique la ou les phrases données. </Message de service>

    Phrase donnée par Khyreena

    Je ne veux pas me faire tuer par une femme dont les chaussures ont coûté plus cher que ma voiture. J’ai peu de principes mais j’ai au moins celui-là.

    En attendant, je marche, une pelle à la main, un flingue plaqué dans le dos, en direction de la tombe de mon patron.

    Cette conne qui marche sur la pelouse avec ses talons aiguilles à cinquante mille, c’est sa veuve éplorée. Je sens au mouvement du canon dans mon dos qu’elle a une certaine tendance à s’enfoncer dans le sol humide.

    « Attention à pas me tuer par inadvertance, en plantant vos chaussures.

    — Ta gueule ! Avance ! » répond-elle sèchement.

    Je serre les dents, et même si mon métier interdit généralement de s’attaquer aux femmes et aux enfants, je me ferais un plaisir de m’en occuper.

    Je suis quasi sûr qu’une fois l’arme retournée contre elle, la belle veuve tentera la carte de la séduction pour essayer de reprendre la main. C’est vrai qu’elle est admirablement bien taillée. À quarante-cinq ans, elle rivalise facilement avec des nanas de vingt-cinq. Mais je ne me ferai pas avoir. Je sais ce dont elle est capable. J’ai vu ce qu’elle a réussi à faire à la première femme du patron.

    Arrivé devant la tombe du boss, je m’arrête.

    « Allez ! Creuse ! m’ordonne-t-elle.

    J’hésite un instant, me demandant si je dois faire ce qu’elle me dit ou me retourner et lui mettre un grand coup de pelle dans sa belle petite gueule. Finalement, je fais demi-tour et me plaque contre le canon en la regardant droit dans les yeux. Avec ses maudits talons, elle est presque aussi grande que moi.

    — Et si j’veux pas ? Ça va vous avancer à quoi de m’butter ? C’est vous qu’allez creuser ? Mmh ?

    Elle hésite. Je le vois dans son regard. C’est pas tout de tenir une arme, il faut être vraiment prêt à s’en servir et être sûr que ça apporte quelque chose. Là, c’est pas trop le cas.

    — Et puis, vous lui voulez quoi à votre défunt mari ? Il vous a pas laissé assez ?

    Je la vois se ressaisir, elle lève le pistolet pour le mettre entre mes yeux.

    — Pose pas de questions. Creuse ! »

    Alors je creuse. J’aurais déjà pu la désarmer et lui faire passer l’envie de jouer à la méchante avec moi mais je suis curieux de nature. C’est mon seul défaut. Le boss me disait que ça causerait ma perte.

    Au bout d’un moment, ma pelle heurte le cercueil.

    Au fond de mon trou, je vois ses pompes à vingt cinq mille, sa jolie jambe qui dépasse de sa robe fendue, ses courbes appétissantes et surtout son sourire. Elle est ravie d’arriver au but.

    « Alors ? Je cherche quoi ?

    Elle fronce les sourcils, se sentant bien obligé de me mettre dans la confidence.

    — Des bons au porteur. Pour quatre-vingts millions.

    J’écarquille les yeux, vraiment surpris par cette nouvelle. Je ne m’attendais pas à ça.

    — Allez ! Dépêche ! On n’a pas toute la nuit !

    Effectivement. Je sens déjà au loin le ciel commencer à changer de teinte.

    Au bout d’une demi-heure, voilà le cercueil prêt à être ouvert. Je me retourne vers elle. D’un mouvement de menton, elle me fait comprendre d’y aller. Avec le tranchant de la pelle, je vais sauter les verrous de la boîte. Le patron y est tranquillement installé. On dirait qu’il dort. Ça me fait presque plaisir de le revoir. Alors que je commence à le fouiller, je n’arrive pas à refreiner un « désolé, boss ! ». Il n’a rien sur lui. Je suis obligé de le sortir pour tester la doublure. Bingo ! Je sens les bons.

    Alors que je plonge la main dans ma poche pour en tirer mon couteau, Madame se tend et s’apprête à faire feu.

    « Tout doux, je sors ma lame pour la doublure ! dis-je en gardant la main dans la poche.

    — Fais pas le con, je t’ai à l’œil ! »

    Les bons sont tous là, il y en a un bon paquet. La veuve me jette une sacoche. Pas besoin de m’expliquer. Je range le tout à l’intérieur.

    Du fond de mon trou, je lui tends l’attaché-case. Elle est obligée de se baisser un peu pour l’atteindre. Elle plie les genoux, dévoilant un peu plus sa jambe nue.

    Cette garce ne me donnerait même pas quelques bons pour le service. Hors de questions qu’elle s’en sorte comme ça.

    Alors qu’elle attrape la sacoche, je tire de toutes mes forces. Elle tombe et tire en même temps. J’ai la tempe en feu. Je crois qu’elle m’a atteint à l’oreille. Pas le temps de vérifier. Elle est face contre terre et se débat au fond du trou pour se redresser. Mon couteau toujours en main, je pose un genou entre ses omoplates et lui attrape sa belle tignasse. Ramenant sa tête en arrière, je l’embrasse dans le cou et lui susurre :

    « T’as pas choisi le bon larbin pour jouer, salope ! »

    D’un coup rapide, je lui tranche la gorge. Au moins le boss reposera avec sa pute.

    Je récupère la sacoche pleine de bons et sors du trou.

    Soudain, je sens une douleur me traverser la poitrine. Un bruit de coup de feu. Je me retourne lentement et la voit lâcher le  flingue dans un dernier soupir.

    Pendant que je pousse le mien en tombant à mon tour dans le trou, je vois les bons tombés de l’attaché-case s’envoler dans le cimetière.

    Je m’écrase devant ces putains de talons aiguilles.

  • 081 – Le désert

    <Message de service> À partir de maintenant, je mettrai en italique la ou les phrases données. </Message de service>

    Phrase donnée par Amelodine

    Si j’avais fait la révision de ma voiture, peut-être que je ne serais pas là, coincé dans ce désert, avec une chance de survie des plus moindres.

    Je serais au bord de la piscine de l’hôtel à siroter un bon mojito en train de mater les nanas en maillot de bain, en attendant juste que Christen arrive, avant de nous envoyer en l’air pendant des heures dans notre chambre climatisée.

    Et là, je suis en train de marcher en espérant trouver une hypothétique station service et une dépanneuse. Si au moins le moteur avait continué de tourner, j’aurais pu rester dans l’habitacle de ma bagnole avec la clim’ à fond.

    Je ne suis même pas sûr qu’il y a une station à une distance humainement atteignable. La chaleur fait danser le décor. Je n’ose pas enlever ma veste de peur de cuire littéralement mais je transpire à fond. Quelle horreur ce désert. Si Dieu existe, il faudra qu’il m’explique pourquoi il a créé ça. Et les moustiques aussi. De la saloperie ces trucs.

    Et puis le téléphone portable qui ne passe pas. Absolument pas de réseau. À se demander pourquoi on paye aussi cher pour un service aussi merdique. C’est quand même plus facile en plein milieu de Manhattan de trouver une ligne fixe pour les appels d’urgence, par contre, en plein désert, non, c’est pas la peine d’espérer, puisqu’il n’y a pas de réseau. Fait chier.

    Je crois que la soif commence à me rendre vulgaire.

    Et aucune voiture qui passe. C’est vraiment mon jour de malchance, aujourd’hui. Manquerait plus que je tombe sur un cimetière indien hanté ou le site de crash d’une soucoupe volante extra-terrestre et j’aurais tout gagné. Me faire courser par un puma ou un coyote. Je ne sais pas, mais je commence à devenir dingue sous cette cagna.

    Je ne sais même pas comment j’arrive encore à marcher, comment mes jambes me portent encore. J’ai l’impression que si je tombe, je n’aurais pas la force de me relever. Je préférerais me laisser mourir sur place. Je ne sais même pas pourquoi je continue en fait, je commence vraiment à me dire que je vais mourir ici et donner à manger aux vautours et autres habitants de ce désert.

    Au bout d’un temps qui me paraît une éternité, j’entends le ronronnement d’un moteur. Au loin venant de là où je suis en panne, je vois un camion. Mon sauveur. S’il s’arrête.

    Finalement, il arrive sur moi. Grâce à mes grands signes et sûrement aussi à ma tronche tannée par le soleil.

    À l’intérieur, je vois le conducteur qui me demande ce qu’il se passe. Je lui explique en montant avec difficulté dans la cabine. Le gars m’explique la prochaine station service est à environ quatre-vingt miles de là. Il m’y dépose sans problème. Je ne sais pas pourquoi Dieu à créé les déserts mais à cet instant, je le remercie d’avoir créé les routiers.

    Il me propose à boire, j’accepte avec plaisir. Ma gorge est tellement sèche… Rapidement, je m’endors, bercé par le mouvement tranquille de la cabine et harassé par la chaleur et la fatigue.

  • 080 – La goutte

    <Message de service> À partir de maintenant, je mettrai en italique la ou les phrases données. </Message de service>

    Phrase donnée par Polgara d’Erat

    David regarda la goutte de sang couler le long du mur.

    Il en avait vu des centaines déjà. Des petites disséminées sur le sol. De grandes raies des murs comme quand on égoutte un pinceau. Des amas en quantité tellement grandes qu’on est toujours étonné que ce ne soit le sang que d’une seule personne…

    En étant policiers, David avait pu voir des choses bien plus horribles que cette goutte de sang. Son métier avait tout ce qu’il fallait pour retourner les tripes à n’importe quelle heure du jour et de la nuit, et plus particulièrement depuis que le « tueur de flics », comme l’appelait la presse, avait commencé ses meurtres depuis six mois. Douze de ses collègues y étaient passés, et dans le lot, deux amis très proches de David. Et les mises en scènes étaient vraiment monstrueuses.

    Tout le monde était tendu à la brigade. On sortait moins de nuit, jamais seul. La paranoïa les guettait tous. Évidemment les civils se sentaient un peu concernés et ne paniquaient pas ayant bien compris que seuls les policiers étaient atteints par ces attaques sournoises.

    David était comme tous les autres, sur les nerfs. Mais ce soir, il y avait eu un appel pour des coups de feu entendus dans un quartier en général assez calme. Il avait été envoyé ici pour vérifier avec Paul, co-équipier habituel.

    Ils avaient vérifié une première fois le quartier en faisant une ronde rapide en véhicule puis étaient descendu pour la refaire à pied. Arrivé près d’une impasse, David voulait vérifier au bout. Paul avait insisté pour laisser tomber, cette alerte ressemblant plus à un canular qu’autre chose. David, sans écouter son collègue, s’était engouffré dans l’impasse sombre, la lampe torche dans une main, le pistolet dans l’autre.

    Une fois au bout, à présent sûr qu’il n’y avait rien de suspect, il allait retourner à la voiture quand il vit cette goutte sur le mur. Puis une salve de sang y apparut, puis une seconde et encore une autre. Au rythme de son cœur. David mit un instant pour sentir la douleur dans son cou. Le temps qu’il y porte la main, sa vision se troublait déjà. Il se retourna pour voir son collègue avec un sourire sadique et un couteau de chasse ensanglanté dans la main.

    « Je t’avais dit de pas venir au fond. Mais comme d’hab, tu n’en fais qu’à ta tête. Voilà où ça mène de vouloir jouer les superflics ! Par contre, j’aurais cru qu’avec toi ça serait un peu plus compliqué qu’avec les autres ! Je suis désolé mais j’aurai pas le temps de te faire une mise en valeur, j’ai une couverture à tenir ! »

    David, toujours dans l’incompréhension la plus totale, s’étala au sol, incapable de contrôler plus ses jambes. Il se sentait fatigué. Avant que ses yeux ne se ferment malgré ses efforts, il eut le temps de voir Paul mettre la main à sa radio.

    « P.C. on a un homme à terre… »

    David aurait voulu lui lancer une insulte mais il n’en avait plus la force. Il ne sentit pas sa tête taper le sol quand ses yeux se fermèrent définitivement.

  • 079 – Contaminée

    <Message de service> À partir de maintenant, je mettrai en italique la ou les phrases données. </Message de service>

    Phrase donnée par Saghey

    Je suis sortie sans parapluie. J’aurais dû me méfier. C’est le moment où ils ont décidé d’attaquer. Maintenant me voilà contaminée. Pour le moment, j’ai le contrôle de mon corps mais jusqu’à quand ?

    Personne ne sait vraiment comment la contamination est apparue. Il paraît que c’est aussi vieux que le monde.

    J’avais déjà réussi à me défendre contre certains mais cette fois, je ne sais pas pourquoi j’ai oublié mon parapluie mais c’est forcément à ce moment qu’ils ont décidé d’attaquer. Sans moyen de défense, je ne pouvais rien faire.

    Il paraît que les premiers symptômes apparaissent très rapidement. On se sent mal et on vomit tripes et boyaux. J’ai entendu dire qu’on se réveillait un matin et qu’on découvrait les symptômes. Les gens n’étaient plus jamais être eux-mêmes.

    Je n’ai pas envie de perdre la tête ni de voir mon corps souffrir de cette maladie. J’ai peur.

    Je ne sais pas ce que vont devenir mes amies. Il faudra que je les évite à présent. Pour ne pas les contaminer non plus. J’espère qu’il n’est pas déjà trop tard. Le bon côté des choses c’est que je pourrai en revoir d’autres que je n’ai pas vus depuis longtemps.

    Assise sur le rebord de la baignoire, accoudé au lavabo, me tenant la tête. Je fixe le test me le confirmant.

    Je suis enceinte.

  • 078 – Le hamster

    <Message de service> À partir de maintenant, je mettrai en italique la ou les phrases données. </Message de service>

    Phrase donnée par Julien V.

    « Madame, j’ai le regret de vous dire que votre Hamster est schizophrène.

    La nouvelle lourde de sens avait fait tomber le silence dans la pièce. J’avais regardé ma mère avec un regard d’incompréhension pendant que celle-ci, fixant le vétérinaire, avait essayé d’assimiler l’information. Dans un réflexe tout maternel, elle me serait contre elle en me caressant les cheveux. Au bout d’un instant, elle se hasarda à demander :

    — Ça se soigne ?

    La physionomie du docteur avait changé à plusieurs reprises mais pour chaque fois prendre une expression gênée ou confuse.

    — Écoutez, madame, à ce stade, nous ne sommes pas très avancés pour ce genre de problèmes mais il y a des rayons, des traitements expérimentaux… »

    Ma mère avait souri. Moi, je ne comprenais absolument pas ce que racontaient ces adultes. Je voulais juste que Pico, mon Hamster aille mieux. Cela faisait des jours qu’il passait d’un état où il ne mangeait plus rien à un état où il mangeait trois fois son poids. Des fois, il était très affectueux et parfois très agressif, au point de mordre tout le monde. Et depuis la veille, il ne faisait plus que dormir. Ça m’inquiétait beaucoup. J’aimais énormément ce hamster. J’avais tanné ma mère pour aller le faire soigné. Au début, elle n’avait pas l’air très d’accord et finalement, elle avait cédé.

    Le vétérinaire s’était levé pour faire le tour de son bureau et s’agenouiller à ma hauteur.

    « Pico est très malade. Il peut continuer à vivre encore longtemps, mais il souffre et risque d’être dangereux pour lui comme pour toi ou ta famille. Tu comprends ?

    J’avais secoué la tête pour répondre que oui, même si je n’arrivais pas à comprendre comment Pico pourrait être dangereux.

    — J’ai un moyen de le guérir mais il y a des effets étranges parfois. Si Pico redeviendra très gentil, il y a des risques qu’il ait du mal à te reconnaître et il va peut-être changer un peu aussi, comme grossir ou avoir les poils qui poussent.

    J’avais encore une fois secoué la tête, pas vraiment sûr de comprendre mais je savais que je voulais sauver mon ami.

    — Tu acceptes qu’on essaie le traitement sur Pico ?

    — Oui, docteur, sauvez-le ! » avais-je simplement dit.

    Je me souviens de ma mère poussant un long soupir de soulagement. Nous étions retournés en salle d’attente. Ça avait duré des heures. Et finalement, le vétérinaire nous avait rappelé. Il souriait en grand. Après nous avoir invités à nous asseoir, il croisa les mains, posé sur son bureau, comme il avait l’habitude de le faire, et prit une inspiration. Il parla en me regardant.

    « La thérapie s’est bien passée. En revanche, il y a bien eut des effets un peu indésirables sur Pico. Comme je t’avais prévenu, il a pris du poids, ses poils son plus longs, ainsi que ses oreilles, mais le plus important est qu’il est guéri ! »

    Il se leva pour aller chercher dans la pièce de derrière notre cage et Pico à l’intérieur. Effectivement, il avait un peu changé mais alors, je m’en fichais complétement. J’étais juste heureux de le retrouver en pleine forme.

    Finalement, Pico a vécu longtemps, beaucoup plus d’années qu’un hamster classique. Mais à présent, je me demande comment j’ai pu mettre si longtemps pour comprendre la vérité. Ma mère et le vétérinaire m’avaient juste raconté un énorme bobard et avaient remplacé mon hamster, sûrement déjà mort alors, par un lapin nain. Je pourrais leur en vouloir mais, même si je me suis souvent battu pour faire comprendre aux autres que c’était un hamster et pas autres choses, je trouve ça vraiment magique qu’ils aient mis en scène tout ça juste pour m’empêcher de souffrir.

  • 077 – Carmen

    <Message de service> À partir de maintenant, je mettrai en italique la ou les phrases données. </Message de service>

    Phrases données par Polgara d’Erat

    Carmen posa le torchon sur la barre de son four, se retourna, et fixa son mari droit dans les yeux.

    « Carl, y-a-t-il quelque chose que je devrais savoir ?

    Le quadragénaire, surpris, se retourna pour voir s’il n’y avait pas quelqu’un derrière lui, véritable destinataire de cette question. Mais il n’y avait personne. Il avait bien eu l’idée de lui répondre « conduire » mais vu la façon dont la question avait été posée, Carl comprenait que ce n’était pas le moment de rire.

    — Sur quoi ? se hasarda-t-il finalement à demander. Carmen refréna un sourire de nervosité

    — Tu sais très bien de quoi je parle !

    — Je… euh… ben… euh… Non, en fait.

    Carmen attrapa un couteau de cuisine sur le support en bois. La lame eut l’air de scintiller étrangement dans le regard de Carl. Il déglutit, heureux de n’avoir pas fait sa blague.

    — Tu sais qu’il ne faut pas me prendre pour une conne, je n’aime pas ça ! continua-t-elle en allant au frigo dont elle tira un poulet.

    — Mais, ma chérie, tu veux savoir quoi sur quoi ? Je ne comprends pas.

    Elle posa le poulet sur une planche à découper et enfonça la lame de son couteau, tout en continuant de fixer son mari dans les yeux. Elle ne l’avait lâché du regard que pour trouver, rapidement, la volaille dans le frigo.

    — Tu crois que je n’ai pas vu ton manège ? Tu passes ton temps sur ton portable à envoyer et recevoir plein de message. Si tu as une maîtresse, dit le moi ! Ça serait pas très classe de m’annoncer ça le jour de mon anniversaire mais à quoi bon attendre demain ?

    — Oh putain ! Ton anniversaire ! J’allais complétement oublier !

    Le visage de Carmen eut l’air de se détendre quand elle vit son mari fourrer la main dans sa poche. Il n’avait pas oublié et allait sûrement sortir un écrin contenant une bague. Il était adorable finalement.

    Mais au lieu de ça, il tira son téléphone et lança un appel. Carl, l’index sur la bouche intima l’ordre à sa femme de se taire.

    — J’ai oublié d’appeler le garagiste pour le contrôle technique de la bagnole, annonça-t-il pour toute excuse avant de s’éloigner dans le salon.

    Carmen sentit le sol s’ouvrir sous ses pieds. Alors qu’à l’autre bout du téléphone, elle entendait vaguement sonner, Carl se retourna et lui sourit gentiment, comme si tout allait bien. Carmen eu l’impression de perdre la raison. Carl n’eut que le temps de commencer sa phrase à son interlocuteur qu’il se mit à hurler de douleur du couteau que sa femme venait de lui planter dans le dos. Une fois. Deux fois. Trois fois. Plein de fois.

    Des années de frustrations sortaient de Carmen. Quand elle s’arrêta, elle était recouverte du sang de son mari qui gisait sur le sol du salon. Quand elle releva les yeux, repoussant une mèche de cheveux, elle découvrit tous ses amis qui venaient d’entrer dans la maison. Certains avaient des paquets cadeaux, d’autres des bouteilles de champagne ou de vin mais tous avaient les yeux écarquillés rivés sur leur amie.

    La main de Carmen lâcha l’arme du crime comprenant la vérité et essayant de se persuader qu’elle venait de rêver les cinq minutes précédentes. En même temps que l’impact du couteau brisa le silence. Carmen s’évanouit.

  • 076 – Le message instantané

    <Message de service> À partir de maintenant, je mettrai en italique la ou les phrases données. </Message de service>

    Phrase donnée par Masque de Mort

    Il répondit de manière fort évasive au message instantané.

    Il était tard et n’avait aucune envie d’entrer dans une de ces discussions interminables où chacun tenterait d’avoir raison et n’essaierait pas de comprendre ni même d’écouter l’autre.

    Mais elle revint à la charge, répétant sa question presque mot pour mot.

    Au lieu de répondre, il préféra ne rien dire et continuer ce qu’il faisait. C’était bien plus intéressant qu’une dispute.

    Mais elle ne lâchait pas l’affaire. Elle le harcelait, sachant très bien que le son des notifications qui entrecoupait la musique l’énerverait suffisamment pour le pousser à bout. Elle savait qu’il ne couperait pas le son, même si c’était la meilleure solution pour se débarrasser du problème finalement.

    Il craqua au bout de la cinquième fois que ce sample horripilant fut joué et alla voir ce qu’elle racontait.

    Il étouffa un juron en voyant qu’elle ne s’était même pas embêtée et avait copié/collé le même message.

    Un sixième, identique, arriva et fit sonner encore une fois cette horrible mélodie.

    Il se résigna à répondre. De toute façon, elle savait la vérité. Il était impossible de nier. Peut-être qu’avouer permettrait d’arranger les choses, ou au moins de la calmer. Soupirant lourdement, il tapa rapidement et envoya sa réponse sans relire, de peur de changer d’avis.

    « Oui, J’AI mangé le dernier yaourt !! »

  • 075 – Appel aux dons (de phrases)

    Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, Les autres,

    À vot’bon cœur !

    Voilà 2 mois que j’emmerde enquiquine je demande à mes amis Facebook et de l’IRC #NaNo_France pour avoir des phrases afin de continuer mon marathon de la nouvelle.

    À présent, je vous demande votre aide (encore?).

    Mettez en commentaire des phrases avec lesquelles vous voulez que j’écrive mes prochaines nouvelles.

    Évidemment, on évite les phrases xénophobes, homophobes, etc. Pour le reste, vous pouvez vous lâcher.

    Merci !

  • 074 – Demain

    Phrase donnée par Masque de Mort

    Demain, nous arriverons à destination. Et ce sera le dernier jour de ma vie.

    Bien sûr, je n’y mourrai pas forcément demain, voire pas du tout avec de la chance mais j’ai vu tellement de gens revenir sans leur raison… ils n’étaient plus eux-mêmes… C’est peut-être pire que la mort. Vivre dans un monde où les gens qui nous aiment ne nous reconnaissent plus et où l’on n’arrive pas à leur faire comprendre ce qu’on a vécu là-bas, ce qu’on ressent… Je ne suis même pas sûr qu’on arrive à le comprendre soi-même.

    Rassemblé avec mes camarades, un ensemble disparate de vieux et de jeunes, de gens de la ville et de paysans, j’attends silencieusement que l’inéluctable arrive en écrivant frénétiquement sur mon carnet mes peurs et mes regrets.

    Surtout ceux concernant Catherine.

    Je revois son triste sourire quand je lui annonçai ma mobilisation. Je n’ai jamais osé lui avouer mes sentiments, même à ce moment-là. Je crois que je l’ai perdue pour toujours. Même si elle m’attendait, j’ai tellement peur qu’elle retrouve quelqu’un qui ne soit plus moi après, comme ma mère avaient retrouvé mon père totalement différent à la fin de la précédente guerre.

    Elle avait tenu le coup parce qu’elle se considérait comme chanceuse d’avoir retrouvé son mari, contrairement à la plupart des voisines, mais ça avait été loin d’être la panacée. Il était devenu très nerveux et violent.

     

    Voilà donc les choix qu’il me reste. Mourir ou devenir fou.

     

    Regardant par la porte grande ouverte du wagon de marchandise qui  nous transporte, je réfléchis encore un instant. Je me lève et tends mon carnet de notes à mon voisin. Il me regarde incrédule avant de prendre l’objet. Je me déleste de mon paquetage et de mon fusil. Je saute dans l’air frais de ce mois de septembre.

     

    Je préfère mourir en sauvant ma peau plutôt qu’en trouant celle de quelqu’un d’autre.

  • 073 – Le brocoli

    Phrase donnée par Amelodine

    Aujourd’hui, j’ai rencontré une personne qui promenait son brocoli dans une sandale. Son air heureux contrastait avec mon air interrogateur. En réalité, je n’étais pas vraiment le seul à le regarder comme un extra-terrestre. Tous les gens qu’il croisait avaient plus ou moins la même réaction. J’ai vu quelques personnes s’écarter discrètement de quelques pas, comme si l’envie de promener un légume dans une chaussure était une maladie contagieuse. Certains autres fronçaient ou levaient les sourcils, réprobateurs ou tout bonnement halluciné.

    Que peut-il passer dans la tête de quelqu’un pour le décider à faire d’un brocoli son animal de compagnie ?

    En attendant mon métro, continuant à regarder cet homme qui tenait cette sandale comme on porte un bébé, la berçant de la même façon, j’ai laissé mes pensées divaguer.

    Était-ce un artiste de rue qui jouait sa performance pour rendre les transports en commun moins moroses ?

    Peut-être avait-il un super pouvoir lui permettant de parler aux légumes ou au moins les entendre se plaindre des mauvais traitements subits.

    Ou alors, il avait été ensorcelé et pensait que ce brocoli était son enfant. Ou c’était son enfant qui avait été ensorcelé pour devenir prisonnier sous cette forme végétale.

    Mon esprit commençait à s’emballer dans des théories plus fumeuses les unes que les autres.

    Peut-être était-il juste fou ?

     

    Le métro est arrivé. Je ne savais pas s’il allait lui aussi rentrer dans la rame, mais j’étais sûr qu’il m’accompagnerait toute la journée dans mes pensées.

    Les portes se sont ouvertes. Le flot de gens m’a littéralement poussé dans la voiture.

    L’homme restait là. Il a été bousculé par un des nombreux passagers, irrité de cet obstacle l’empêchant d’aller s’entasser avec ses congénères. Le brocoli est tombé par terre. Le fou a rapidement ramassé son enfant pour qu’il ne soit pas écrasé par les derniers voyageurs qui se pressaient pour permettre à la porte de se refermer.

    Le signal sonore a retenti.

    Venu de nulle-part, l’homme qui avait bousculé le fou a soudain reçu un coup de sandale derrière la tête. Malgré sa position instable en bord de porte, il s’est retourné pour voir le propriétaire de l’enfant-brocoli lui assener un nouveau coup de tatane. Il n’a pas eu le temps de réagir que les portes se sont refermées créant un mouvement dans la masse humaine grognante.

    Le métro a démarré. J’ai juste eu le temps de voir mon fou, câliner son brocoli, l’embrasser tendrement comme un enfant pour lequel on s’est beaucoup inquiété.

    À moitié écrasé contre la vitre du métro, quelqu’un me marchant sur les pieds, je me suis mis à sourire.

    Peut-être est-ce nous, les fous.