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  • 052 – L’échec

    Phrase donnée par Charly aka Lapin

    « Avé César, je sais que vous espériez fort que notre mission réussisse, mais je dois vous avouer que votre navire à échoué. Laissez-moi vous expliquer. »

    Le stress du général qui annonçait à César la mauvaise nouvelle était palpable. Sa voix était mal assurée, de grosses gouttes de sueur perlaient sur son front, il avait le regard fuyant et préférait fixer les pieds de l’empereur plutôt que son regard. Il craignait pour sa vie, connaissant les réactions brusques de l’ancien général. César ne lui laissa pas le temps d’ajouter quoi que ce soit. Il entra dans une fureur violente, envoyant voler son gobelet de vin à travers l’immense salle du trône. Le récipient rebondit plusieurs fois, le son métallique déchirant littéralement le silence.

    L’empereur se leva d’un bond et commença à marcher en tout sens, d’un pas rapide.

    « Je ne vous ai pas demandé une chose très compliquée, il me semble. Cette mission n’était pas plus difficile que de diriger une légion contre des barbares, si ? Non ! reprit-il sans laisser le temps au général de répondre. Alors comment voulez-vous que je comprenne que vous avez été incapable de retrouver cette femme ? Vous aviez le meilleur navire de Rome, le plus rapide et le mieux armé, des hommes entraînés, suffisamment de moyen pour faire tomber Carthage ! Expliquez-moi ce qui fait qu’une simple femme, seule, a réussi à s’enfuir, à vous filer entre les doigts !

    — C’est que…

    « Elle pourrait s’être enfuie grâce à une tempête, à un monstre marin ou à l’intervention de Jupiter lui-même que je n’accepterais pas d’excuse ! Général, vous n’êtes finalement qu’un incapable !

    César attrapa le glaive du garde le plus proche de lui et retourna l’enfoncer rapidement dans le flan du malheureux général qui écarquilla les yeux de douleur pendant qu’agonisant, il se faisait pousser au sol d’un coup de pied par son meurtrier.

    — Et vous savez ce que je fais des incapables. » ajouta-t-il plus pour l’assistance que pour le mort.

    L’empereur lança le glaive, dégoulinant de sang, à son propriétaire qui le rattrapa et le rangea comme si de rien n’était.

    César semblait rasséréné. Pendant que deux gardes emportaient le corps dans une traînée rouge se mêlant aux restes de vin, il se rassit sur son trône et posa la joue sur son poing, le coude en appui sur l’accoudoir.

    Après un court instant, il soupira fort, se leva et partit en direction de la sortie de son palais.

    « Rien n’est plus énervant que de devoir faire les choses soi-même pour qu’elles soient bien faites ! » l’entendirent ruminer les gardes.

  • 051 – L’inspiration

    Phrase donnée par Caroline S.

    Face à sa page blanche, il cherchait l’inspiration qui le fuyait.

    Il la voyait pourtant, se cacher dans le recoin d’ombre de sa feuille sur le bureau, dans celle de l’angle de la pièce que la lampe de bureau n’atteignait pas, dans le fond de son café froid.

    Plusieurs fois, il avait posé la pointe de son stylo sur le papier, croyant sentir le flot des mots venir, pour le relever peu de temps après, l’esprit plus embrouillé encore.

    Il se grattait la tête, s’étirait, tournait en rond sur sa chaise, mais l’inspiration semblait le bouder. Aujourd’hui, c’était elle qui ne voulait pas. Elle devait se venger des derniers jours où il avait passé plus de temps avec ses amis à faire la fête qu’avec ses feuilles, ses stylos et elle.

    Il devait mériter cette froideur de sa part. Il avait préféré ne pas l’écouter, la laisser de côté alors que plusieurs fois elle était venue le titiller, l’éclairer, le faire partir loin dans des mondes que seuls eux deux, ensemble, visitent, le faisant perdre le fil d’une phrase pour prendre l’air béat et le regard perdu d’un benêt. Mais non, il avait préféré la repousser, aidé par les rappels à l’ordre de ses amis.

    Ça faisait près de deux heures qu’il était là, devant cette feuille dont la blancheur commençait à lui brûler les yeux.

    Il reposa la pointe de son stylo sur le papier et commença. Il n’avait rien de nouveau à raconter mais se rendait compte qu’il n’avait pas été très gentil avec l’inspiration dont il avait tant besoin.

    « Très chère inspiration,

    « Je sais que je n’ai pas été très présent pour toi ces derniers jours. Je te présente mes excuses pour ça. Mais est-ce bien raisonnable de me fuir ainsi depuis près de deux heures, nous qui passons habituellement de si bons moments.

    « Si tu viens vers moi si souvent, c’est que tu as des choses à me dire, des choses que dont j’ai plaisir à garder traces. Je te remercie, d’ailleurs de ne les raconter qu’à moi.

    « Que ce soit d’histoires de chevaliers et de dragons, de princesses et d’évasions, de vaisseaux spatiaux et d’accordéons, je me fiche de savoir de quoi tu vas me parler, j’aime juste t’écouter et écrire ces choses.

    « Parle-moi encore et raconte-moi de nouvelles histoires. »

    Il inspira fort, reposa son stylo, déposa sa lettre un peu plus loin devant lui, laissant apparaître une nouvelle feuille vide, puis expira profondément.

    Son message avait dû toucher sa destinataire car à peine un instant après, ce fut une explosion de couleurs, de personnages, d’actions, de mondes dans son esprit. Il n’hésita pas, attrapa son stylo et commença à noircir sa feuille, puis une seconde et une troisième, et ainsi de suite, jusqu’à ce que la fatigue le gagne, tard dans la nuit.

  • 050 – De la fin plus ou moins annoncée du marathon de la nouvelle

    (ça change des titres courts 🙂 )

    À l’origine, j’avais écrit un article expliquant que je prévoyais la fin du marathon à très court terme comme les trois prochains mois risques d’être chargés pour moi, entre le boulot, la correction & peaufinage du NaNo 2012, la préparation et le NaNoWriMo de cette année (qui sera la suite du 2012, lui-même suite du 2011, et qui devrait être la fin de la trilogie).

    J’expliquais aussi que je voulais faire un recueil des meilleurs nouvelles écrites pour le marathon, prendre le temps de leur apporter le soin éditorial qu’elles méritent avant de publier tout ça au format numérique.

    Et puis finalement, je me suis dit que ça m’embêtais de m’arrêter en si bon chemin. J’aime bien l’exercice et, à priori, il vous plait à vous, chers lecteurs (terme non galvaudé).

    Donc voilà ce que je décide : malgré un mois de septembre très très chargé, je vais essayer de garder le rythme d’une nouvelle par jour mais je ne me forcerai pas à écrire si ça empiète trop sur mon sommeil (c’est là le seul moment qu’il me restera pour écrire). Je ne veux pas non plus écrire sous la contrainte ni tomber dans la (trop?) mauvaise qualité, juste pour dire que j’ai fait la quote-part du jour.

    Vos encouragements sont ma motivation. (J’arrête là, je vais tomber dans le mélodrame sinon)

  • 049 – Le renard

    Phrase donnée par JJ Netux

    Le taxidermiste évalua rapidement le contenu du paquet déposé devant sa porte.

    C’était un crâne. Un crâne de renard. Il y avait très longtemps, quand son métier était encore à la mode, il avait travaillé sur un bon nombre de ces animaux. Des trophées de chasse pour la plupart. Sans compter que ça correspondait avec les ossements qu’il avait déjà reçus, ces derniers jours. Le reste n’était que de la paille pour caler l’objet. Il n’y avait pas de nom ou de coordonnées sur ce carton non plus. Le vieil homme regarda au-dessus de ses lunettes et essaya de voir un mouvement quelconque dans l’escalier. Rien.

    Après avoir levé les sourcils, perplexe et quelque peu irrité, il rentra chez lui et referma sa porte à clef.

    Il se dirigea vers son bureau pour regarder plus en détails l’ossement. Il aimait essayer de deviner la vie de ces créatures dont il manipulait les restes, en regardant les lésions encore visible sur l’os mais surtout il cherchait un indice sur tout ce que ceci voulait dire. Il fut extrêmement surpris quand il examina l’occiput. Certains de ses confrères, comme lui-même le faisait, gravaient la base arrière du crâne de leur trigramme. Le crâne qu’il venait de recevoir mystérieusement portait sa propre signature. Impossible de se tromper.

    Ce crâne était déjà passé dans ses mains. Il ne savait pas quand était-ce mais il n’y avait pas de doutes possibles. Mais ce qui intriguait le vieil homme était de savoir pourquoi quelqu’un aurait dépouillé une de ses œuvres pour ensuite la lui ramener en pièces détachés.

    Il avait reçu tout le reste du squelette, le crâne complétait la bête. Que voulait le petit malin qui lui laissait ces paquets depuis quelques jours ? Juste lui ficher la frousse ou plus ?

    Il n’avait jamais eu d’ennemis, jamais eu de problèmes avec personnes. Alors qui pouvait bien vouloir lui jouer un tour pareil ?

    * * *

    Le soir, assis dans son fauteuil au salon, près de la cheminée, le taxidermiste lisait comme à son habitude. Il fut soudain dérangé par des sons étranges qui venaient de son bureau. Il n’y fit d’abord pas attention. Il avait sûrement mal fermé la fenêtre et ce n’était que les sons étouffés de la rue qui venaient le déconcentrer.

    Cependant, après une bonne minute à entendre quelque chose qui ressemblait à un mélange de raclements et xylophone utilisé par un enfant en bas-âge, le vieil homme décida de se lever et d’aller voir.

    Il n’atteignit pas à la porte qui donnait du salon à son bureau qu’il en vit venir le renard. Ou plutôt le squelette du renard, complet, et surtout debout sur ses quatre pattes.

    Le taxidermiste se demanda d’abord s’il ne rêvait pas mais l’étrange jeu d’osselets s’était réassemblé par lui-même et avançait comme du temps où il était recouvert de chair et de fourrure. L’absence de ces deux éléments, que bon nombres de scientifiques semblaient considérer comme indispensable à la vie, n’avait pas l’air de manquer à ce tas d’os.

    Quand l’animal vit, ou sentit la présence du vieil homme, il s’immobilisa et commença à émettre des sons comme des aboiements mais qui, en l’absence de cordes vocales ou autres, ressemblaient au son qu’auraient pu faire deux lourdes pierres frottées l’une contre l’autre.

    Le taxidermiste recula, surpris. La peur ne le saisissait pas encore. Il ne comprenait pas encore l’irréalisme de cette scène. Ce ne fut que quand le squelette commença à le mordre à la jambe que la douleur lui fit comprendre tout ça.

    L’homme recula encore.

    Cet animal n’était-il revenu d’entre les morts que pour se venger de cet artisan ? L’avoir empaillé l’avait-il empêché de rejoindre l’autre monde ? Était-ce pour ça qu’il revenait aujourd’hui ?

    En sautillant de sa jambe libre, tout en essayant de se défaire de l’étreinte de la mâchoire osseuse, le vieil homme essayait de retrouver un semblant de stabilité. L’animal ne relâchait pas son étreinte et la douleur devenait insupportable.

    Finalement le taxidermiste trébucha sur sa table basse et tomba à la renverse à côté de la cheminée, son bras directement dans l’âtre. Il roula de côté pour essayer d’éteindre la manche qui s’était enflammée instantanément mais le tissu propageait les flammes trop rapidement. Sans compter que le squelette continuait d’essayer de lui enlever un morceau de molet.

    * * *

    Le lendemain matin, les voisins, sentant une odeur étrange émanant de l’appartement et ne voyant pas le vieil homme sortir de chez lui comme à son habitude, appelèrent les secours.

    Quand les pompiers entrèrent enfin dans l’appartement, ils ne trouvèrent que les cendres du propriétaire au milieu de la zone de parquet carbonisé. L’enquête ne put jamais déterminer comment il avait fait pour tomber dans les flammes ni ce que faisait ces ossements de renard à côté de lui.

  • 048 – La pivoine

    Phrase donnée par Celle de X

    « C’est joli les pivoines ! »

    Anter, l’armoire à glace, assis sur son rocher le long du chemin, tenait la fleur et la regardait comme la chose la plus précieuse qu’il avait pu voir dans sa vie.

    Son compagnon, Cribb, à peine plus petit mais beaucoup plus malingre était debout, à côté de lui. Il regardait aux alentours, attendant le passage des voyageurs. L’ingénuité de son compagnon l’exaspérait toujours un peu.

    « Tu trouves pas ça joli, Cribb ? reprit le géant.

    — Anter, mon cher, ça ne sera jamais aussi beau qu’une bourse bien remplie !

    — Tu es tellement terre à terre des fois.

    — Ah ! Voilà enfin de la clientèle. Je croyais que personne ne passerait aujourd’hui ! »

    Anter sauta de son rocher et fit trembler un peu le sol en atterrissant. Il déposa délicatement la fleur fraîchement coupée et attrapa sa grosse hache. Cribb dégaina sa rapière. En général, les voyageurs observant le spectacle de ces deux bandits sur le pied de guerre n’opposait pas de résistance et se délestaient volontiers de leurs bourse et bijoux.

    Celui-ci arriva tranquillement vers les deux compères. L’homme, malgré le fait qu’il se déplaçât à pied, semblait fort bien vêtu. Sa houppelande montrait une qualité de tissage et de broderie qu’en général seuls les nobles pouvait se payer, mais ceux-ci se déplaçait plus fréquemment à cheval.

    Cribb ne savait pas trop quoi en penser. Le voyageur qui avait parfaitement vu les deux hommes au milieu du chemin, n’avait pas, comme la plupart le faisait, dévié sa trajectoire pour tenter de les éviter. Il était allé directement sur eux. Quand il fut à une dizaine de pas de lui, Cribb prit la parole :

    « Bonjour, noble voyageur ! Cribb parlait toujours avec de grands gestes, imitant de façon moqueuse les révérences faites à la cour. Le tout, l’épée à la main, faisait toujours un effet certain sur les plus téméraires des personnes qui passaient par là.

    — Ne continue pas plus loin, l’ami, répondit le voyageur, la voix assurée et le timbre grave. Vous allez, ton ami et toi, gentiment me proposer de ménager mon voyage en me soulageant d’une partie de ma charge.

    — Assurément !

    — Et pour vous remercier de m’aider dans mes efforts, je vais devoir, en plus de me délester de ma joaillerie, vous payer ce service si aimable.

    — Parfait ! Si le contrat est connu et, semble-t-il, accepté, passons donc à l’échange de services.

    — Je n’ai pas dit que j’acceptais. Mais si vous voulez bien me laisser passer, je vous laisserai la vie sauve.

    — Allons… commença Cribb, prêt à rire de ces menaces, mais il s’arrêta alors que le voyageur dégainait à son tour.

    — Je me doutais bien que les célèbres Anter et Cribb ne laissaient jamais personne sans les délester ! Passons aux choses sérieuses, je n’ai pas envie de perdre trop de temps ! » annonça-t-il en se mettant en garde.

    Cribb, surpris autant par les manières de cet homme que par sa célébrité, ne se laissa pas plus impressionner. Haussant les épaules, il imita son adversaire. Ils n’attendirent pas longtemps pour commencer le combat. L’homme était rapide et connaissait ses techniques. Cribb avait peut-être une très grande expérience dans les combats — non académiques — mais l’homme en face de lui avait un niveau bien supérieur.

    Rapidement, Cribb fut touché à l’épaule puis à la jambe. Alors qu’Anter levait sa hache pour l’abattre sur ce récalcitrant qui venait de blesser son ami, il fut transpercé directement dans le cœur. Le géant s’effondra, mort.

    Cribb essaya de se relever.

    « Tu es fort, l’ami, mais je me battrai jusqu’à la mort pour venger mon ami ! annonça-t-il plein de fierté.

    — N’aie crainte, tu vas le rejoindre rapidement !

    L’homme laissa au bandit le temps de se relever.

    — Qui es-tu ?

    — Je suis le chevalier de la Hordy, chef de la garde royale. J’ai reçu l’ordre de venir m’occuper de vous deux ! »

    Et d’un coup, le chevalier trancha la moitié de la gorge de Cribb.

    Surpris autant par la quantité de sang que par cette attaque qu’il n’avait pas vu venir, le brigand porta la main à son cou. Il tituba, essayant de s’appuyer sur le rocher dont se servait de siège son ami pour se maintenir debout. Sa main glissa, emportant dans sa chute la fleur de son ami, déjà dans l’autre monde.

    Le chevalier tira un tissu de sa poche, essuya sa lame, la rengaina puis partit sans même se retourner.

    La dernière chose que vit Cribb fut cette pivoine baignant dans son sang.

    Anter avait raison. C’était une jolie fleur.

  • 047 – Le plongeon

    Phrase donnée par Magalie K.

    Elle se sentait étouffer. Dans un dernier souffle, elle cria : « laissez-moi vivre !!! »

    Mylan se redressa, faisant gicler de l’eau sur tout le sol. Les gouttes résonnèrent sur le sol métallique. Le docteur Ronier était à côté d’elle. Il attrapa la jeune femme pour éviter qu’elle ne replonge. Il y avait peu de risque. Mylan agrippait fermement les bords du bac qui servait de baignoire pour les plongeons, tout en respirant fort.

    « Qu’est-ce que tu as vu ? demanda Klara, la capitaine du bâtiment. Ronier et Mylan lui jetèrent un regard méchant, surtout Ronier, Mylan n’avait plus assez de force.

    — Tu as vu quelque chose ? demanda à nouveau le quadragénaire quand Mylan eut repris une respiration plus lente.

    Elle ne répondit que par un hochement de tête négatif.

    — Rien, parvint-elle à articuler. C’est trop sombre en bas.

    — Il faut que tu y retournes ! ordonna Klara en frappant le sol du pied de rage.

    — Non ! Elle n’est pas en état pour repartir. Il faut la laisser se reposer.

    — Il faut qu’elle reparte et qu’elle trouve cette caisse avant les Capitalistes. Si nous nous faisons doubler, nous sommes morts tous autant que nous sommes. Les camarades ne supporteront pas un nouvel échec !

    — Avoir notre médium morte d’épuisement ne nous sauvera pas ! répondit Ronier. Et tant que c’est moi le médecin à bord de ce sous-marin, je décide si elle peut reprendre la mission ou non.

    Klara toisa Ronier mais savait parfaitement qu’il avait raison. Elle tourna les talons et avant de sortir de la pièce :

    — Je te laisse trois heures pour la remettre en état de replonger. »

    Ils entendirent les pas lourds du capitaine sur les grilles de la coursive retentir jusqu’à la trappe de changement de niveau. Ron souffla. Il n’aimait pas aller contre les ordres mais l’état d’épuisement de la jeune fille montrait qu’elle ne pouvait plus continuer.

    Elle commençait à grelotter. Il l’aida à sortir du bac et l’enveloppa d’une serviette. Après lui avoir tendu une boisson se voulant être du café, il sortit lui aussi de la pièce.

    « Prends le temps de te réchauffer et de mettre une tenue sèche puis viens me chercher dans le couloir. Je t’examinerai pour savoir comment ça va et tu me diras ce que tu as vraiment vu. »

    Mylan acquiesça de la tête tout en serrant la tasse de liquide fumant. Elle tremblait tellement qu’elle manquait à chaque instant d’en renverser.

    Ronier fumait dans le couloir. C’était à l’encontre des consignes du sous-marin mais il ne pouvait s’en empêcher et se fichait du règlement, après tout, il n’était pas militaire. Pas vraiment. Au bout d’un petit moment, Mylan rouvrit la porte du cabinet médical. Elle était sèche et à part ses cheveux encore humides et quelque peu ébouriffés, plus rien ne paraissait de son bain.

    Ron fit asseoir la jeune femme sur la table d’examen et l’ausculta. Son pouls était redevenu stable à cinquante quatre battements par minutes, par contre sa tension était beaucoup trop élevée, vingt-deux, quinze. À cette valeur là, elle aurait déjà dû être morte. Et pourtant, elle trouvait la force de sourire. Ses pupilles avaient encore du mal à réagir normalement mais ça mettait toujours du temps à revenir après un plongeon.

    « Alors, dit-il doucement. Qu’est-ce que tu as vu au fond ? La jeune femme hésita. Elle savait qu’elle pouvait avoir confiance dans le docteur mais elle n’aimait pas parler de ce qu’elle voyait pendant ses transes.

    — C’est très flou. Le fond des eaux est très sombre. Les êtres vivants sont différents de ceux de la surface, je n’arrive pas à comprendre ce qu’ils voient.

    Ron fit une moue mélange de dépit et de sincère embarras pour la jeune femme. Il n’aimait pas la faire « plonger » dans tous les sens du terme. Ces techniques d’immersion dans l’eau pour permettre au cerveau de retrouver l’état qu’il connaissait dans le ventre de la mère afin de se connecter à Gaïa étaient encore très nouvelles. Et très risquées. Il avait chaque fois peur que la jeune fille se noie. Elle restait des fois plus de vingt minutes en apnée.

    Mylan était très douée. Une fois connectée, elle parvenait à voir à travers les yeux de toutes les formes de vie. Elle avait expliqué à Ron que Gaïa étant connectée à chacun des êtres vivants de la planète, elle pouvait se déplacer de conscience en conscience et non seulement voir mais aussi ressentir tout ce que son hôte ressentait, atteindre ses souvenirs, être lui.

    L’armée Communiste avait trouvé par hasard l’existence de ce pouvoir chez des gamins qu’ils formaient pour devenir des commandos d’élites. Après de nombreuses tortures psychologiques et physiques, certains des gamins avaient commencé à avoir des hallucinations. Et au bout d’un moment, les scientifiques avaient compris que ce que ces gosses voyaient était bien réel. Ils avaient isolés ceux qui avaient des visions pour les entraîner plus spécifiquement sur ces capacités. Mylan faisait partie de ces gamins. À présent, l’entraînement était fini pour elle, elle était opérationnelle.

    Dix-sept ans, c’est un peu jeune pour être au fond d’un sous-marin. C’est ce que Ronier disait souvent.

    À présent, ils devaient retrouver la cargaison d’un navire islandais. Seule Klara savait ce qu’elle contenait mais ça devait être d’une importance suprême pour qu’elle mette autant la pression sur la jeune fille et l’équipage.

    « Ça va aller pour recommencer ? » demanda gentiment le médecin.

    Mylan hochait de la tête pour répondre par l’affirmative mais ce mouvement se transforma rapidement en violents sanglots. Elle s’agrippa au cou du docteur et laissa la fatigue et le reste couler avec ses larmes qui se mêlèrent sur le plancher à l’eau répandue à son réveil.

    Quand la jeune femme commença à se calmer, Ronier se défie délicatement de l’étreinte et alla jusqu’à son armoire à médicaments.

    « Je ne veux rien, docteur, parvint à articuler la jeune femme. Plus de drogue, s’il-vous-plait.

    — Même pas un peu de chocolat ? demanda Ron en brandissant trois barres enveloppées dans leur emballage métallique. Je l’ai piqué au cuisinier et je le planque là, parce qu’il n’y a que moi qui ai la clef ! » rajouta le médecin avec un clin d’œil à la jeune fille.

    Elle ne répondit que par un sourire en s’essuyant la joue et en reniflant.

    Mylan se sentait beaucoup mieux, comme si pleurer avait vidé les ballasts qu’elle remplissait à chaque plongeon. Le chocolat devait avoir une action aussi.

    L’interphone sonna soudain dans le cabinet médical. Ronier décrocha. La voix du capitaine résonna, toujours très métallique, dans toute la pièce.

    « Votre protégée est prête à replonger ? demanda-t-elle sans ménagement.

    Ron se tourna vers Mylan, l’air démuni. La jeune fille lui sourit et le regard le plus assuré du monde, elle répondit simplement par un hochement de tête vertical.

    — Oui, capitaine !

    — Préparez tout, je descends ! »

  • 046 – Le soleil

    Phrase donnée par Ambrose

    Le soleil brille, mais pas ici.

    Au plus profond de la croûte terrestre, là où la chaleur du noyau de la planète permet de n’avoir jamais froid, toute la lumière que nous recevons est artificielle. Ou créée par les vieux néons récupérés de la surface, ou fabriquée par des champignons modifiés génétiquement pour avoir des spores lumineuses. La lumière est alors comme irréelle, douce, vaporeuse, parce que les spores volent partout dans les airs. C’est peut-être la seule chose qui me fait encore m’émerveiller de ce monde.

    Je suis un gardien de la lave. Mon travail consiste à creuser des galeries pour faire s’écouler le sang de la Terre correctement et empêcher qu’elle ne remonte à la surface.

    Nos ancêtres ont tellement fait n’importe quoi avec leurs technologies foireuses et leur égoïsme collectif que maintenant, nous devons faire extrêmement attention à tout. La croûte terrestre est devenue extrêmement sèche et friable. La lave ne la déchire plus, elle l’enflamme comme un vieux morceau de tourbe séchée. Les eaux des mers sont déchaînées à cause des vents violents qui parcourent le globe sans cesse. Quand on me dit qu’avant, des navires pouvaient aller d’un continent à l’autre, et même faire le tour du monde, j’ai du mal à le concevoir. Une fois, bien à l’abri sur un des bunkers en hauteur, j’ai vu les vagues un jour qu’on m’avait donné comme calme. Les vents sont tellement forts que les vagues s’écrasent à plus de trente mètres du rivage, le sel se répand partout et brûle le sol, empêchant toute végétation de pousser.

    Le seul avantage à ce vent infatigable, c’est que nous avons de l’énergie quasiment infinie grâce à nos parcs éoliens. Par contre, je plains vraiment les gars qui en font l’entretien. Je préférerais toujours être à ma place qu’à la leur. Avec leur combinaison lestée et leur fil d’Ariane pour les empêcher de se faire emporter par les bourrasques. J’ai connu un mec, les sécurités n’ont pas marché, il s’est envolé. On a retrouvé son cadavre à plus de trois cents kilomètres. À chaque instant, ils risquent de se faire transpercer par des déchets emportés par les airs. Le moindre bouchon de bouteille devient aussi dangereux qu’une balle de fusil. Merci les ancêtres d’avoir laisser traîner vos déchets n’importe comment. Au moins, au fond de mon trou, à part mourir d’asphyxie ou en tombant dans la lave, je n’ai pas de grands risques. Je pourrais devenir fou de vivre enfermé aussi, comme le vieux Nils, il y a quelques années. Le manque de lumière naturelle avait dit le doc. Vivre enfermé, ce n’est pas vraiment une vie. Quand on pense qu’avant, tout le monde pouvait vivre à la surface, ça fait rêver.

    Quand je vois l’état du monde, je me demande encore pourquoi les gens continue de faire des gosses. À quoi bon mettre au monde des individus qui souffriront comme nous d’être sur cette planète devenue si inhospitalière.

    Quand je me mets à trop réfléchir, je deviens morose. J’en viendrais presque à me laisser tomber dans la lave tellement je ne vois pas l’intérêt de continuer cette vie sans réel sens.

    C’est en général dans ces moments qu’elle arrive de sa zone de travail pour déjeuner avec moi et bizarrement, toutes ces pensées maussades disparaissent devant le sourire et les yeux moqueurs de cette jolie fille.

    Le soleil ne brille peut-être pas ici, mais avec Lucie à mes côtés, je n’en ai pas besoin.

  • 045 – La chenille

    Phrase donnée par Anne L.

    En ce matin d’août ensoleillé, le jardinier trouva une drôle de chenille géante au milieu de ses pommes de terre.

    D’abord, il eut du mal à comprendre ce qu’il voyait en train d’écraser ses plants. La chose plus haute que lui ressemblait à une grosse tente, du genre qui se déplie toute seule quand on la lance. Mais ça n’était pas translucide comme une tente. C’était bien opaque.

    Arrêté à cinq pas de la chose, le jardinier se passa la main sur le front, autant incrédule de la situation qu’en manque d’idée pour faire bouger cette chose. Il imaginait déjà ses pauvres petites patates complètement écrasées, lui qui les bichonnait depuis le mois de mars et avait passé tant de temps à les protéger du mauvais temps de ce printemps si pourri.

    Il se demandait si c’était l’engrais extra-puissant qu’il avait acheté sur internet, parce qu’interdit ici, qui avait fait grandir cette bestiole de façon si extraordinaire. L’idée d’avoir une amende de la part des autorités s’il leur demandait de l’aide pour se débarrasser de cet insecte lui fit immédiatement oublier cette possibilité.

    Ce bonhomme ne disposait pas de beaucoup de matériel pour s’occuper de son petit jardin mais à cet instant, il aurait bien voulu avoir un bon gros tracteur pour tirer cette dérangeante invitée hors de ses plates bandes.

    Est-ce qu’au moins cet insecte était vivant ? De sa fourche, il tenta de piquer la chair à l’apparence épaisse. Les pointes s’enfoncèrent sans déchirer l’enveloppe. En réalité, le tout était tout à fait flexible et avait repris sa forme quand le jardinier avait, lui, repris son instrument.

    Il aurait pu essayer de rouler la chose mais, d’une part, il ne savait pas s’il pourrait la bouger tout seul, elle semblait vraiment lourde, d’autre part, il ne savait pas si cette chenille faisait partie de celles dont le corps est recouvert de poison — d’ailleurs, il devrait sûrement laver sa fourche avant de s’en servir — et surtout, il devrait sacrifier une grande partie de ses plantations pour faire sortir l’intruse. Donc il n’était pas question de faire rouler cette chose.

    Au bout de vingt minutes à contempler cette bizarrerie de la nature, le jardinier se dit qu’il devait agir. Le mieux était peut-être de la tuer pour la découper en morceaux avec la tronçonneuse pour la sortir plus facilement. Oui. Mais comment tuer quelque chose de la taille d’un éléphant en étant sûr qu’il ne se débattrait pas. Le jardinier ne voulait pas risquer d’être blessé, ni lui, ni son jardin. Sans réelle solution, il se résigna à asperger d’essence la chenille et l’enflammer.

    Il allait entrer dans sa remise à outil pour chercher ce qu’il fallait quand un grand bruit de déchirement retentit dans l’air. Le bonhomme se retourna vivement vers la chenille, inquiet pour ses courgettes et ses plants de tomates. Il faillit tomber à la renverse en voyant la chenille déployer de gigantesques ailes colorées. Le vent qui souffla quand elles se mirent en action fit s’envoler le chapeau de paille de l’incrédule.

    Celui-ci regarda un instant le papillon de la taille d’un petit avion s’élever dans les airs et s’éloigner. Ce ne fut qu’une fois hors de vue qu’il se précipita vers sa plantation pour voir l’étendue des dégâts, finalement pas si important qu’il ne le pensait.

  • 044 – De la difficulté du marathon scriptural

    Depuis le mois de juillet, je me suis lancé dans un marathon de nouvelles (très voire ultra courtes) au rythme d’une par jour. Je voulais essayer d’écrire sur des thèmes différents, dans des styles différents, pouvoir faire ce qu’un roman ne permet pas à cause du travail à long terme que ça représente.

    Neil Jomunsi, auteur notamment de la série des « Jésus contre Hitler », s’est lancé pour sa part dans un marathon d’autant plus courageux : le projet Bradbury, consistant à écrire et publier (avec tout le travail éditorial que cela représente) une nouvelle par semaine pendant un an, soit pour les mauvais en maths, 52 nouvelles. (plus de détails par là)

    Ce matin, sur Twitter, Neil a lancé 3 tweets qui me renvoient un peu à mon projet et m’ont poussé à quelques réflexions sur ce genre de folies que sont les marathons d’écritures.


    @NeilJomunsi : « A peine terminé la nouvelle de la semaine qu'il faut réfléchir à ce que j'écrirai lundi. Je commence à comprendre ce que sera mon quotidien. »

    Se lancer dans un marathon, c’est d’abord de l’organisation.

    En effet, ça peut paraitre évident, mais se lancer dans un projet comme ça, demande d’être capable d’y allouer un temps certain par jour. TOUS LES JOURS.

    Dans mon cas, j’écris une nouvelle par jour, c’est donc clair, je dois être capable de prendre le temps, entre le boulot et la vie de famille (et le sommeil aussi, c’est important). J’ai aussi décidé d’écrire des nouvelles très courtes (maximum 5 pages A4, mais finalement rarement plus de 2), de ne pas faire un travail éditorial de peaufinage pour leur publication sur le blog. J’envoie des textes mal dégrossis et absolument pas exempt de fautes, mais la finalité de mon marathon est surtout de visiter des styles et des narrations différentes.

    Dans le cas de Neil, qui livre des nouvelles finies (corrigées et complètement « pro ») et beaucoup plus longues que les miennes , cela demande beaucoup de temps et une organisation bien rodée, comme il l’explique sur son site dans l’article Tenir le rythme :

    Voilà donc comment se répartit, pour moi, la semaine :

    • LUNDI : écriture du premier jet, en général de 9:30 à midi puis de 14:00 à… jusqu’à ce que je m’écroule.
    • MARDI : si le premier jet n’est pas terminé, je continue sur la même base horaire. S’il est terminé, j’entame une première relecture sur le texte écrit la semaine précédente : je décale d’une semaine, histoire d’avoir un regard plus frais. Toutefois, il s’agit de garder le même esprit que celui dans lequel il a été écrit. je préconise donc de ne pas laisser trop de temps passer entre deux relectures. La première réécriture est selon moi la plus difficile. Elle me colle un mal de crâne à coup sûr, et ça prend un temps fou.
    • MERCREDI : une fois le premier jet relu et corrigé sur ordinateur, j’imprime le texte et je l’annote au stylo rouge . Dernières coquilles, répétitions, tournures de phrases : en général les pages se couvrent assez vite de rouge. C’est un processus au moins aussi difficile que la première relecture, mais sans le mal de tête. L’effet papier? Pas forcément, même si c’est plus agréable de se relire sur une feuille que sur un écran. Peut-être juste qu’on commence à se détacher.
    • JEUDI : Après avoir corrigé le texte informatique avec toutes mes annotations, je le réimprime (au verso de la première version) et je le RE-corrige/annote avec un stylo bleu, cette fois, histoire de ne pas me planter de côté de la feuille. Cette fois-ci, il y a moins de travail. Je corrige des tournures de phrase principalement, et je simplifie ce qui peut l’être. J’élimine les mots / phrases inutiles. Il y en a beaucoup et ça plombe plus souvent le rythme que ça n’embellit le style.
    • VENDREDI: Je fais une pause, je sors dans le jardin et je m’allonge dans l’herbe pour regarder les oiseaux. Non, je plaisante bien sûr. Je RELIS encore le texte, sur l’écran, et j’effectue des micro-corrections après avoir rentrées celles de la veille. Je conserve chaque version du texte dans un dossier distinct.
    • SAMEDI: C’est prêt !

    On voit bien qu’il a prévu de travailler tous les jours et de ne s’octroyer qu’un petit jour de repos (ou de vie sociale, je ne sais pas ^^).

    Je trouve qu’en plus son projet est bien plus difficile à gérer que le mien parce que, quand moi je termine une nouvelle, je la publie et je l’oublie, Neil, lui, doit travailler sur au moins deux nouvelles en même temps, tout en pensant à ce que va être la prochaine.

    C’est là que moi je triche, parce que je demande à mes amis de me fournir des phrases à partir desquelles je vais partir et essayer de créer un univers. Cela dit, ça a aussi son lot de difficultés, parce que des fois, ils m’en refilent des biens gratinées.


    @NeilJomunsi : « Je me rends compte aussi que les histoires sur lesquelles je travaille sont plutôt tristes jusque là. Donc lundi, comédie. #projetBradbury »

    Les histoires courtes préfèrent les fins tristes

    Étrangement, je me suis rendu compte que j’avais une tendance à faire des fins triste. Je ne sais pas si c’est une généralité ou juste un point commun entre Neil et moi, mais je dois me forcer pour faire des fins heureuses ou drôles dans les nouvelles. Alors que finalement, dans mes histoires plus longues, les fins sont moins tragiques.


     ‏@NeilJomunsi : « Mais je mesure seulement maintenant le côté marathon. Ça va être une année hautement enrichissante ET hautement sportive. »

    C’est au pied du mur qu’on voit le mieux le mur

    Pour reprendre le faux proverbe de Bigard, il est vrai qu’on ne prend la mesure de l’ampleur du travail qu’une fois qu’on s’est lancé. C’est le côté sportif. Avant, on imagine ce que ça peut être, on a une vague idée, mais une fois qu’on est parti dans le défi, on se rend compte que c’est bien plus difficile à tenir qu’on pouvait le penser, tout en gardant un niveau de qualité correct. Un peu comme faire des gosses quoi 🙂

    Pour le côté enrichissant, quand on  fait autant d’efforts pour tenir le rythme, tenir la qualité, essayer de faire des choses différentes, forcément on s’améliore.


    Donc comme pour un vrai marathon, il ne faut pas se lancer dans un projet à long terme avec un rythme soutenu :

    • sans préparation,
    • sans organisation,
    • sans un bon grain de folie,

    mais ça reste une très bonne expérience en tant qu’auteur.

    Le dernier avantage que je vois dans des marathons à sorties régulières, c’est que l’auteur reçoit des retours des lecteurs de façon plus régulières. (ce qui en bonus, permet de ne pas sombrer trop rapidement dans la dépression de l’auteur ^^)

  • 043 – Déménagement

    Je me sentais un peu à l’étroit sur mon précédent blog, alors j’ai décidé de déménager ici.

    Le transfert des anciens articles est en cours. Désolé pour la gêne occasionnée pour la poussière et l’odeur de peinture fraîche.