Category: Blog

  • 213 — [NMN2017] La prêtresse de l’Univers

    Un phrase donnée par Christelle Muller. Merci à elle.

    On part sur du Space Opera. Environ 3120 mots.

    Elle le regarda droit dans les yeux et lui dit : « Non mais tu es complètement dingue !!! Pourquoi tu as fait ça ?? »

    Le module de secours se détacha de la navette dans un soubresaut sec. Vrigo la vit s’éloigner à travers le hublot derrière Alina.

    Pourquoi avait-il fait ça ? Parce qu’il avait peur pour elle et pour lui. Parce qu’il les savait condamnés en restant à bord. Parce que leurs parents lui avaient donné la mission de la protéger coûte que coûte. Parce que, même s’il n’y croyait pas, il fallait qu’il le fasse.
    « RÉPONDS !! » hurla-t-elle.
    L’image d’Alina, en larmes, des larmes de colère, fut plongée dans l’ombre de l’explosion de la navette qu’ils venaient de quitter. La jeune fille se figea, comprenant le sort auquel elle venait d’échapper grâce à Vrigo. Le module fut secoué par l’onde de choc.
    Une alarme s’activa et vrilla les oreilles des deux passagers. Vrigo se jeta sur le tableau de commande pour identifier le problème et tenter de le régler. Il n’était pas allé assez loin dans les cours de pilotage pour avoir étudié les modules de sauvetages, surtout un modèle aussi ancien, mais il fallait qu’il réussisse à trouver si c’était grave ou non et surtout à arrêter ce hurlement douloureux.
    Alina, les mains sur les oreilles, criait pour tenter de couvrir l’alarme et exhortait son frère à se dépêcher.
    Enfin, Vrigo parvint à ramener le silence dans la minuscule et unique pièce du module. Les voyants clignotaient encore, mais, au moins, ils pouvaient à nouveau communiquer sans problème.
    « Qu’est-ce que nous allons faire ? demanda Alina.
    – Nous allons atterrir sur cette planète et essayer d’y survivre le temps que la Confédération nous envoie des secours. Si elle nous en envoie.
    – Comment pourraient-ils savoir que nous sommes encore en vie ?
    – Je ne sais pas. Mais ce n’est pas ce qui m’inquiète, dans l’immédiat. Il faut sortir des griffes de l’Étoile Rouge. Ils ne tarderont pas à retrouver notre trace.
    – Mais qu’est-ce qu’ils nous veulent ? Pourquoi s’en prennent-ils à nous ? »
    Vrigo soupira. Sa jeune sœur avait des questions légitimes après tout ce qu’il venait de se passer, mais il ne savait pas si elle accepterait les réponses qu’il avait pour elle. Il ne savait même pas s’il les acceptait lui-même.
    Cela faisait à peine quelques cycles de sommeils que leurs parents étaient morts. Vrigo ne savait pas exactement combien. Il s’était passé tant de choses en si peu de temps…
    S’en était suivi une fuite intergalactique avec Alina. Ils avaient immédiatement été pris en chasse par l’Étoile Rouge, ligue des planètes sous empire Khor’gli, des extra-terrestres non humains. Alina, Vrigo, Srunnip et Caswany, leurs parents, étaient en orbite autour de DXB-83-2-P. Srunnip et Caswany étaient allés sur la planète pour faire du commerce, mais très rapidement, Vrigo avait reçu le message d’alerte. Ce n’était pas n’importe quel message, mais celui qu’ils avaient mis point pour le jour où Alina serait en danger. La seule chose à faire était de fuir. Ils lui avaient expliqué au moins mille fois et c’est ce que Vrigo fit malgré les protestations de sa sœur.
    « Est-ce que tu sais au moins si cette planète est habitable ?
    Vrigo grogna.
    – J’en sais rien ! Je sais pas où on va atterrir ni comment on va survivre, mais pour l’instant, l’important c’est de rester en vie au moins jusqu’à ce qu’on touche le sol ! … S’il y en a un. »
    La capsule entra dans l’atmosphère. Elle semblait dense. Suffisamment pour la ralentir et l’échauffer. Vrigo scrutait les compteurs fébrilement. Il ne fallait pas que ça chauffe trop. Il ne fallait pas qu’ils descendent trop vite. Il espérait que les rétromoteurs seraient encore opérationnels.
    Le bruit à l’intérieur du module était insoutenable. Les deux passagers avaient l’impression que leur capsule allait se disloquer sous les vibrations. Soudain, quand l’altitude fut suffisamment basse, l’ordinateur de la capsule lança la séquence d’atterrissage. Les rétromoteurs se mirent en marche. Vrigo serra les dents, la peur qu’ils ne lâchent à peine mis en route l’étouffait presque. Alina aussi était crispée sur son siège. Les doigts rivés sur les accoudoirs, elle priait de tout son être les forces de l’Univers, pour que cette vieille capsule arrive à se poser sans les tuer. Elle voulait savoir dans quel pétrin son frère l’avait mise et pourquoi ses parents étaient morts. Ils n’étaient que des marchands, il n’y avait aucune raison pour que l’Étoile Rouge s’en prenne à eux.
    Les débris du vaisseau frappèrent la capsule, la secouant un peu plus. Les voyants de l’alarme, toujours silencieuse, eurent l’air de se faire plus fort à défaut de pouvoir être plus bruyants. Ou était-ce juste l’impression d’Alina ?
    La pluie de débris ne dura heureusement que quelques secondes. Vrigo eut l’impression que cela avait duré une éternité, mais enfin le calme revenait. L’impact sur le sol n’en fut même pas un. La capsule ralentit sans problème et se posa sur un sol dur et stable, comme une plume aurait touché la terre. Vrigo commençait à penser qu’il y avait vraiment une force quelque part qui était en train de leur donner un coup de main.
    Un rapide coup d’œil à l’analyse de l’atmosphère leur apprit qu’ils pouvaient respirer sans risque. La gravité n’était pas très forte, mais suffisante pour leur éviter de s’envoler d’un bond.
    Vrigo ouvrit la porte du module. Alina essaya de le retenir de sortir en l’attrapant par le bras, mais le jeune homme avait besoin de voir où ils s’étaient posés. Sans attendre, la jeune fille le suivit à l’extérieur. L’air frais leur emplit les poumons. Loin de l’air recyclé de leur vaisseau, il était chargé d’odeurs, de pollens et de particules en tout genre. Le frère et la sœur furent pris d’une bouffée de plénitude en sentant ce mélange. Vrigo leva les yeux. Le ciel bleu marine était totalement dégagé de nuages. On pouvait voir les restes de leur vaisseau en train de s’éparpiller au-delà de l’atmosphère, mais ce n’était pas ça que Vrigo cherchait en scrutant le ciel. Il cherchait des traces de vaisseaux Khor’gli, des vaisseaux qui venaient de détruire la navette de leurs parents – la dernière chose qui leur restait d’eux – et qui risquaient à tout moment de fondre sur leur lieu d’atterrissage pour annihiler leurs dernières chances de survie.
    Pourtant, Vrigo ne voyait rien. Alina scrutait, elle aussi, le bleu marine, la main sur le front pour se protéger du soleil, mais elle ne voyait rien de plus que son frère. Elle se retourna soudain.
    « Maintenant, tu vas me dire ce qu’il se passe. Pas dans une heure, pas dans cinq minutes, maintenant !
    Vrigo soupira en baissant les yeux sur Alina.
    – Tu es la prêtresse de la prophétie de l’Univers.
    Alina dévisagea son frère, ne sachant pas si elle devait rire ou pas.
    – Tu es la grande prêtresse qui doit arrêter la guerre entre la Confédération et l’Étoile Rouge. C’est pour ça qu’ils te pourchassent. Les Khor’gli ne veulent pas de cette paix. Ils n’en ont jamais voulu. Ils n’acceptent pas de ne pas être les seuls d’en l’Univers, ils le veulent pour eux tous seuls. Ils ont peur de toi et de ce que tu peux représenter.
    – Je connais cette fable pour endormir les enfants. Cette histoire de prêtresse n’a jamais été autre chose. La guerre entre nos deux races ne s’arrêtera jamais.
    – Ce n’est pas une fable. C’est une prophétie. Nos parents t’ont élevée pour te préparer à ce rôle, pour que tu sois prête quand le moment serait venu.
    – Et le moment est venu, c’est ça ? »
    Alina perdait son calme. Son frère avait perdu la tête.
    Srunnip et Caswany lui avaient toujours raconté l’histoire de cette jeune fille mi-humaine mi-Khor’gli qui parviendrait à ramener la paix entre les deux mondes. Elle serait dotée de grands pouvoirs magiques et pourrait même créer ou détruire des systèmes solaires à la seule force de sa pensée. Dans la fable, elle était appelée la prêtresse parce qu’elle était censée prendre la tête de la religion de Paix. Cette religion propageait la prophétie depuis des milliers de cycles et n’attendait que son avènement pour se rassembler et se renforcer autour de sa nouvelle prêtresse. Il y avait quelques milliards d’adeptes de cette prophétie dans l’Univers, d’après les parents d’Alina.
    « C’est n’importe quoi, cette histoire ! Et la prêtresse est censée être une hybride. Les hybrides, tout le monde sait que ça n’existe pas.
    Vrigo soupira lourdement et longuement.
    – Toi et moi sommes les deux seuls spécimens de l’Univers, il faut croire.
    – C’est impossible !! Je suis complètement humaine, regarde-moi, regarde-toi ! On n’a rien à voir avec les Khor’gli !
    – Notre apparence est peut-être complètement humaine, mais dans nos veines coule du sang Khor’gli.
    – Mais comment tu sais tout ça ?
    – Je le sais parce que Caswany et Srunnip me l’ont appris.
    – Nos parents étaient humains ! Ça, j’en suis sûre !!
    – Ils n’étaient pas nos vrais parents. Ils avaient été choisis par la religion de Paix pour nous élever. Nous avons été recueillis quand nous étions bébés parce que nos vrais parents ont dû s’enfuir, rejetés par leur famille respective. Ils risquaient la mort de la part de l’Étoile Rouge comme de la Confédération. Mais ils avaient entendu parler de la prophétie et ont réussi à trouver des adeptes avant qu’il ne leur arrive malheur. Les adeptes nous ont pris et nous ont fait élever par ceux que tu croyais être nos vrais parents. Ils t’ont appris tout ce qu’ils savaient sur la prophétie en te cachant le fait que la prêtresse, c’était toi, parce qu’il fallait attendre le moment propice.
    – Et pourquoi il te l’ont dit, à toi ?
    De rage, Alina avait les larmes aux yeux. Elle ne savait toujours pas si son frère délirait ou s’il disait la vérité. Dans tous les cas, la jeune fille avait l’insidieuse impression qu’on lui avait menti toute sa vie.
    – Parce que, quand c’est arrivé, j’étais plus vieux que toi, il me restait des souvenirs de mes… nos vrais parents. Parce qu’ils ont dû m’expliquer pourquoi je devais quitter ma mère et mon père alors qu’ils m’aimaient et que je les aimais. Longtemps, je t’en ai voulu, parce que je croyais que c’était de ta faute. Avant ton arrivée, personne ne s’inquiétait vraiment. Mais à partir du moment où ils ont découvert que tu serais une fille, les choses ont changé et ils ont cherché une famille d’accueil. Ce n’est que plus tard que j’ai compris. Des couples mixtes, il y en avait déjà eu des millions, au moins, mais chaque fois, les enfants qui en étaient nés étaient des garçons. Jamais de filles. C’est comme une malédiction. Jusqu’à ce que tu naisses. Je m’en souviens encore un peu de tout ça, même si avec le temps les images se font moins nettes dans ma mémoire. Mais Caswany et Srunnip ont tout fait pour me permettre de me souvenir pour que je sois prêt à te protéger quand l’Étoile Rouge s’occuperait d’eux, jusqu’à ce que tu arrives à maîtriser tes pouvoirs. Heureusement, ce moment est bientôt arrivé.
    – C’est plutôt notre mort qui est bientôt arrivée !! On est perdus au milieu de nulle part dans un système inconnu sans moyen de communiquer pour demander de l’aide sans risquer de se faire intercepter par l’Étoile Rouge ! »
    Mais Vrigo n’écoutait plus. Il fixait un point à l’horizon, un point qu’Alina mit quelques instants à distinguer à travers cette atmosphère étrange. Il y avait une construction, une sorte de pyramide à la pointe rouge et brillante.
    Alina s’arrêta de respirer. L’histoire de la prophétie lui revenait en tête : « La prêtresse descendra de cieux sur des terres inconnues. Elle rejoindra son temple de rubis. Les portes s’ouvriront sur son passage pour lui révéler son royaume. Les éléments se plieront à sa volonté. La prêtresse renaîtra aux yeux de l’Univers. »
    Si son frère disait vrai, elle devait rejoindre cette pyramide. Tout allait changer à partir de maintenant.
    Vrigo retourna dans la capsule. Il attrapa les rations d’eau potable, une arme et leurs affaires. Il donna les siennes à Alina.
    « Allons-y ! » dit-il simplement.
    Une forêt luxuriante aux végétaux stupéfiants les séparait de la pyramide. Il leur faudrait plusieurs heures avant de l’atteindre. Le soleil serait peut-être déjà couché.

    Alina se sentait étrangement sereine. Elle venait de perdre ceux qu’elle croyait jusqu’à lors et considérait encore comme ses parents, elle avait échappé à la mort grâce à son frère, elle se découvrait des racines nouvelles et inattendues, un destin encore plus surprenant, mais ici, au milieu de cette forêt, sur cette planète inconnue, Alina se sentait bien, calme, confiante à un point qu’elle ne s’était jamais connu.

    La nuit tombait. Alina et Vrigo continuaient d’avancer dans la pénombre. Vrigo préférait attendre de ne plus y voir du tout pour allumer la lampe torche. Économiser l’énergie était important. Il ne savait pas s’il devait croire en la prophétie et il ne voulait pas se trouver rapidement à court de lumière par excès de confiance dans de vieilles histoires. Ils voyaient de temps à autre la pointe rubis à travers les feuillages. Elle les aidait à garder le cap. Elle s’approchait. Il y arriverait avant que le soleil ne se lève.

    Le faisceau de lumière balayait la végétation et permettait d’avancer sans trop de problèmes. Soudain, un bruissement, un craquement, un cri d’animal qui n’aurait pas dû être poussé peut-être. Vrigo et Alina se jetèrent un coup d’œil inquiet. Soit ils étaient sur le territoire d’une bête qui n’aimait pas les intrus, soit…
    Alina ne sut pas qui tira le premier, Vrigo ou les Khor’gli, mais elle se mit à courir aussi vite qu’elle put, talonnée par son frère qui tentait de lui coller au train tout en se retournant et en tirant de son fusil à proton vers ce qu’il pensait être le danger. Rapidement, des troupes de l’Étoile Rouge sortirent des fourrés. Ils n’étaient qu’une dizaine à être venus pour empêcher la jeune fille d’accomplir la prophétie, mais une dizaine contre deux dont une désarmée suffirait sans doute.
    Il était difficile de garder un bon rythme de fuite, la forêt avait l’air de se densifier au fur et à mesure qu’ils s’approchaient de la pyramide. Alina repensait à toute cette histoire de prophétie et de pouvoirs, essayant de se souvenir des détails qui auraient pu l’aider. Elle ne croyait pas vraiment pouvoir être la prêtresse, mais si jamais c’était le cas, il fallait qu’elle tente quelque chose pour les sauver, elle et son frère.
    Elle ralentit le pas, Vrigo buta contre elle en l’exhortant d’avancer.
    « Laisse-moi quelques secondes, s’il te plaît. »
    Le jeune homme lui aurait bien répondu que c’était du temps qu’ils n’avaient pas, mais il savait que ça ne servirait à rien. Il poussa simplement sa sœur à se mettre à l’abri derrière un tronc, fit de même et mit son fusil en joue, prêt à faire feu sur le premier Khor’gli qui se montrerait.
    Alina se concentra, elle ne se sentait pas plus spéciale que d’habitude. Pourtant pleine d’espoir, elle pria tous les animaux de cette forêt de venir vers elle et d’attaquer les Khor’gli qui s’en prenaient à Vrigo et elle. Elle pria une fois, deux fois, cinq fois. C’était une simple phrase qu’elle répétait dans sa tête.
    Vrigo avait déjà abattu deux assaillants.
    « Tu as bientôt fini ? demanda-t-il. Il ne faut pas rester là !! »
    Alina continuait à prier, mais elle avait l’impression que cela ne servait à rien. Un brouhaha étrange résonna au cœur de la forêt. Le mélange des cris de centaines, voire de milliers, d’animaux et du feuillage qu’on secoue vite et fort. La jeune femme sourit. Ça avait l’air de fonctionner.
    Dans la nuit, ils ne virent que quelques tirs des fusils ennemis et n’entendirent que quelques cris étouffés.
    « Il ne faut pas s’attarder ! » lança Vrigo.
    Il attrapa Alina par la main et la força à reprendre la course.

    Haletants, Alina et Vrigo sortirent bientôt de la forêt en se cognant presque au bâtiment qu’ils cherchaient. Ils étaient au pied de la pyramide. Sous le faisceau de la lampe, elle semblait faite d’or pur.
    Face à eux, une porte gigantesque. Vrigo essaya de la pousser, elle ne bougea pas. Il n’y avait rien pour l’attraper et la tirer. Le jeune homme frappa du poing, se retournant, prêt à réagir au premier Khor’gli qui sortirait de la forêt. La porte ne résonna même pas sous le coup.
    « Je crois que c’est encore à toi d’agir, lança-t-il à Alina. Si, avec tes pouvoirs magiques, tu as réussi à faire venir tous ces animaux, tu devrais pouvoir faire bouger ces portes avant que les autres ne débarquent.
    – Je ne sais même pas quoi faire ! protesta la jeune fille.
    – Moi non plus, les parents ne m’ont pas raconté cette partie de l’histoire ! Mais vraiment, il faudrait que tu trouves rapidement, là ! »
    Alina posa une main sur la porte en lui demandant de s’ouvrir. Elle l’avait fait dans la forêt, sa prière ne consistait qu’en une simple demande pourtant le métal se mit à briller. Il devint aveuglant. Si Vrigo était resté à la capsule, il aurait eu l’impression que la pyramide et la forêt environnante s’embrasaient. Le jeune homme ne voulait pas fermer les yeux, de peur que les émissaires de l’Étoile Rouge ne tentent quelque chose, mais la lumière devint trop violente. Il se protégea en plongeant son visage dans le creux de son bras.
    « Viens vite ! »
    Alina l’exhorta à avancer. Vrigo regarda à nouveau et découvrit avec stupeur que les immenses portes n’avaient pas bougé : elles avaient simplement disparu. Il jeta un dernier coup d’œil à la forêt et passa le seuil derrière sa prêtresse de sœur.
    Immédiatement, les portes réapparurent dans un bruit sourd qui fit sursauter Vrigo. Alina semblait différente, plus mûre, plus sereine. Elle avait l’air de savoir ce qu’elle devait faire.
    L’intérieur de la pyramide était clair comme s’ils avaient été en extérieur et en plein jour. Le sol était profondément creusé en gradins. De milliers de personnes se trouvaient là, debout, à attendre.
    La jeune fille fit quelques pas en avant pour s’approcher du véritable précipice et embrasser d’un seul regard tout ce monde. Soudain, une acclamation monta de cette foule :
    « Bienvenue chez toi, ô grande prêtresse de l’Univers ! »
    Alina se retourna vers son frère et le gratifia d’un signe de tête qu’il traduisit par : « à partir de maintenant, c’est moi qui te protégerais. »


    Par ici pour le texte de Miki.


    Vous aimez ce que j’écris, soutenez-moi par
    Soutenez-moi par Tipeee.com

  • 209 — [NMN2017] La vengeance est un plat qui se mange froid

    Une phrase donnée par Mlle Cup of Tea, merci à elle !

    Elle était un peu directive, mais c’était amusant. Enjoy 🙂


    02h37. Le smartphone à la pomme bipa 2 fois :

    Je l’ai tué… Il a eu une crise cardiaque et j’ai éloigné le téléphone de lui avant qu’il ne puisse appeler des secours

    Francesca relut le message trois fois. Pourquoi avait-il fallu que Kelly écrive ça en toutes lettres ? Francesca s’assit sur le lit. Son premier réflexe avait été de taper une réponse, mais il était risqué de laisser encore plus de traces que ce message plein de culpabilité. Elle préféra appeler Kelly.
    Il n’y eut même pas de sonneries. L’autre jeune femme décrocha immédiatement.
    « Allo ?
    Sa voix était chevrotante, indiquant qu’elle avait pleuré.
    – Kelly, où est-ce que tu te trouves, maintenant ?
    – Je suis toujours à l’hôtel avec lui. Je ne sais pas quoi faire.
    – Tu as touché à quelque chose dans la chambre ?
    – Non, rien.
    – Tu es vraiment certaine de n’avoir laissé aucune empreinte à toi ?
    – Oui, j’ai fait très attention à garder mes gants.
    – Tu es bien arrivée avec ta perruque, comme prévu ?
    – Oui, je l’ai portée toute la soirée.
    – Très bien. Je te récupère au pied de l’hôtel et on va fêter ça.
    – D’accord. »
    Francesca soupira profondément. Elle était enfin débarrassée de son coureur de mari. Après même pas cinq ans de mariage, la voilà qui était veuve.
    Elle s’habilla rapidement d’un jogging appartenant à son mari pour être à l’aise dans ses mouvements puis sauta dans la Mercedes.
    À cette heure, un jour de semaine, il n’y avait personne dans les rues.

    Francesca avait rencontré Julien au travail. Elle était stagiaire et lui chef de bureau. Il lui avait tapé dans l’œil immédiatement avec ses larges épaules de rugbyman et son sourire enjôleur. Ils avaient rapidement entamé une relation, torride et secrète pour ne pas faire de vague avec la direction ou les collaborateurs de Francesca. Quand elle fut engagée définitivement, il fallut encore attendre quelque temps pour annoncer officiellement la relation, pour que les gens n’aillent pas dire que c’était la seule raison pour laquelle la jeune femme avait été engagée.
    Pendant ce temps, Julien avait tout fait pour brouiller les pistes. Et si Francesca voyait d’un mauvais œil la façon dont il faisait mine de draguer les autres femmes du service ou de l’entreprise, elle fut complètement rassurée le soir où il l’avait demandée en mariage. Elle ne s’y était pas du tout attendue et avait répondu « oui » sur le coup de l’émotion.
    Mais malgré l’officialisation de leur relation, Julien avait continué à jouer les jolis cœurs avec tout ce qui portait une jupe et passait à portée de sourire.
    Jour, Kelly était apparue. Nouvelle stagiaire, grande, mince, blonde, une bouche avenante, un carriérisme à toute épreuve.
    Dès qu’elle l’avait vue, Francesca l’avait prise pour une rivale parce que dès qu’il l’avait vue, Julien avait sorti son plus beau costume de charmeur.
    Quand Francesca lui montrait son mécontentement quant à son attitude, Julien la rassurait en lui disant qu’il ne faisait que garder ce personnage qu’il s’était créé et que tout le monde connaissait, mais qu’il n’aimait qu’elle et qu’elle n’avait rien à craindre.
    La stagiaire, à son tour, fut embauchée. Au plus grand déplaisir de Francesca. Pourtant, Julien lui promettait qu’il n’avait rien à voir là-dedans, qu’il avait même poussé pour que cette Kelly ne soit pas prise, parce qu’en vrai, il avait peur qu’elle lui bouffe sa place.
    Effectivement, Kelly montait rapidement les échelons de la boîte, au point qu’elle se retrouva l’adjointe de Julien. Francesca ne décolérait pas. Comment Julien pouvait-il laisser la direction faire cela ?
    Ses soupçons étaient déjà présents, mais quand les deux furent envoyés à plusieurs reprises en séminaires à l’autre bout du pays, parfois même à l’étranger, Francesca n’y tint plus. Elle menaça Julien de demander le divorce. Il ne comprenait pas ce qu’elle lui reprochait, jurait aux grands dieux qu’il était obligé de le faire pour la boîte et qu’il n’y avait rien de plus qu’une relation professionnelle entre Kelly et lui. Pour essayer de la rassurer, il lui envoyait des photos durant ses voyages, l’appelait régulièrement, ce qui avait tendance à rassurer Francesca, mais qui n’arrivait pas à effacer ce fond de méfiance qu’elle ressentait. Comment ne pas être jalouse de Kelly qui était une gravure de mode en plus d’être super compétente dans son boulot ?

    Quand Francesca arriva au pied de l’hôtel, Kelly l’attendait déjà sur le trottoir opposé, sous l’allée d’arbres qui surplombait les quais. Francesca descendit pour faire la bise à son ancienne rivale. Kelly affichait un sourire de façade. Il cachait mal l’état de la jeune femme. Francesca voyait bien qu’elle était fébrile.
    « Comment ça s’est passé ? demanda-t-elle en passant une main amicale et rassurante sur les cheveux puis l’épaule de Kelly.
    – Nous nous sommes retrouvés comme prévu à 19 heures. Il m’a emmené dîner. Comme souvent, il a répondu à un appel et s’est éloigné pour discuter. C’est là que j’ai mis les médicaments dans son verre. Il a tout bu sans se rendre compte de rien. Ensuite, nous sommes allés au ciné et nous sommes arrivés ici. Je commençais à me demander si la dose était suffisamment forte, mais dès que nous sommes entrés, il s’est posé sur le canapé, l’air plus fatigué que d’habitude. Il a sorti son téléphone sans savoir pourquoi, il avait l’air un peu perdu. Je lui ai pris le téléphone des mains pour le poser sur la table basse en lui faisant croire qu’on allait… enfin, tu vois quoi. Et là, il a mis sa main à la poitrine en grimaçant. J’ai compris qu’il était temps, mais il bougeait encore. Il a essayé d’attraper son portable pour appeler à l’aide, je pense, mais je l’ai repoussé de quelques centimètres… Si tu avais vu le regard de surprise et de désespoir qu’il m’a lancé. »
    Kelly fut prise d’un frisson en revoyant la scène passer devant ses yeux.
    « J’aurais bien aimé voir ça, répondit Francesca.
    – Il n’était pas beau à voir. Je crois qu’il a vraiment eu mal.
    Francesca eut un rire sec.
    – Bien fait pour lui. C’est le prix pour nous avoir menées en bateau, toi et moi.
    – Peut-être… répondit Kelly, les yeux dans le vague.
    Elle avait l’air de regretter un peu son geste, mais ce qui était fait était fait.
    – C’est quoi ces fringues moches ? demanda Kelly devant l’accoutrement de Francesca, pourtant habillée habituellement avec goût.
    – Je me suis endormie et quand j’ai vu ton message, j’ai enfilé le premier truc venu. Manque de bol, c’était un jogging de Julien, mais comme je ne voulais pas te faire attendre toute seule trop longtemps… Tu veux la conduire ? Changea de sujet Francesca en agitant les clefs de la Mercedes. C’était la sienne et je pense que je vais la vendre quand tous les papiers seront réglés, alors si tu veux tester et te faire plaisir, c’est maintenant ou jamais.
    Cette proposition tira Kelly de ses remords.
    – Pourquoi pas ? »

    Toujours méfiante malgré les nombreuses preuves de probités que Julien lui donnait, Francesca continuait de se méfiait. À chaque voyage, à chaque nuit qu’il ne dormait pas à la maison, elle cherchait une preuve de la culpabilité de son mari, mais sans en trouver aucune. Il arrivait à maquiller tous ses déplacements et toutes ses factures pour que ses escapades restent secrètes. Et ce ne fut que grâce à une amie qu’elle eut la certitude que son mari la trompait avec Kelly. L’amie les avait vus enlacés dans la rue, en train de s’embrasser. Elle avait immédiatement appelé Francesca pour lui dire. Et l’épouse trahie, loin d’avoir explosé face à son mari, était directement allée voir sa maîtresse pour mettre les choses au clair.
    Francesca avait attendu Kelly un soir, à la fin du service, feignant de vouloir discuter avec elle d’un dossier important. Quand elle fut dans le bureau de cette femme, Francesca resta calme et froide.
    « Depuis combien de temps tu te tapes mon mari ?
    – Qu’est-ce que ça peut bien te faire ? demanda Kelly, sincère. Tu as demandé le divorce alors c’est quoi le problème ? »
    Francesca bloqua un instant en entendant cette réponse.
    « C’est Julien qui t’a raconté ça ? Il t’a dit que j’avais demandé le divorce ? Quel salaud !!
    – Quoi ? Il a menti ?Il m’a dit que tu avais demandé le divorce, mais que c’était un peu compliqué à gérer pour l’instant, à cause du contrat de mariage, que ça prendrait du temps, mais qu’une fois que ce serait réglé, on pourrait vivre tranquillement notre amour.
    Francesca se mit à rire.
    – Il t’a baisé autant que moi, j’ai l’impression. Il n’a jamais eu l’intention de divorcer. Il ne m’en a jamais parlé en tout cas et moi, jusqu’à maintenant, je n’en avais pas l’intention. Mais dis-toi bien que je vais me battre pour qu’il crache au bassinet tant qu’il pourra et que je ne lui laisserai que des miettes. Tu te retrouveras avec un type fauché et obligé de payer jusqu’à la fin de sa vie pour moi.
    Kelly réfléchit un instant.
    – Non, mais je m’en fous, en fait. Comme tu l’as dit, je me suis fait baiser aussi. Peut-être même plus que toi, parce que moi, j’ai cru à ses promesses, mais j’ai juste perdu mon temps… »

     

    La Mercedes filait le long des quais. Kelly goûtait la vitesse. Elle avait besoin d’un nouveau shoot d’adrénaline pour faire passer celui reçu face à la mort de Julien. Elle se sentait mieux. Elle se sentait libérée d’un poids. Kelly ne regrettait pas d’avoir rencontré Francesca, même si ça avait été dans ces circonstances étranges. Elles étaient rapidement devenues amies, compagnes dans l’infortune. Julien ne se rendait compte de rien, trop sûr de lui et de ses stratagèmes pour cacher à l’une et à l’autre son jeu.

     

    « Tiens ! Arrête-toi là, dit soudain Francesca en indiquant une descente sur les quais. On va boire un coup pour fêter ça !
    – Boire un coup ? s’étonna Kelly.
    – J’ai une bouteille de vin dans le coffre. Elle doit être un peu chaude, mais… »
    Kelly sourit et dirigea la voiture vers le chemin indiqué. Une fois le moteur coupé, la ville retrouva son calme nocturne. Francesca et Kelly sortirent de la voiture, les portes claquèrent comme des coups de feu dans la nuit.
    « On va se poser sur le banc là-bas ? » demanda Francesca qui ouvrait le coffre.
    Kelly ne répondit que par un hochement de tête.

     

    Francesca était bien décidée à demander le divorce et à faire payer Julien tout ce qu’il était possible, mais il avait dû prévoir le coup. L’avocat à qui elle fit examiner son contrat de mariage lui confirma qu’il serait difficile de gagner quelque chose. Francesca n’avait pas vraiment fait attention à ce point quand elle s’était mariée. Elle se rendit compte, ressassant ses souvenirs, que la demande en mariage n’avait pas vraiment émané de lui. Surpris presque sur le fait par Francesca, Julien avait essayé de trouver un bobard qui tiendrait la route. D’après lui, il lui préparait une surprise. Et c’était Francesca qui avait demandé fébrilement si c’était une demande en mariage ou quelque chose comme ça. Julien, acculé et sans autre idée, avait dû répondre par l’affirmative. L’annonce avait rapidement circulé dans toute la boîte et il n’avait pas pu faire marche arrière. Julien avait quand même réussi à sauvegarder son patrimoine en faisant signer à la jeune femme ce contrat qu’elle ne lut pas. Elle était tellement amoureuse qu’elle aurait été prête à vendre son âme au diable sans regarder si Julien le lui avait demandé. C’était en découvrant ces détails qu’elle avait décidé que devenir veuve serait le seul moyen de réparer, suffisamment à son goût, le préjudice et pour faire payer ce salaud. Ce ne serait pas très compliqué. Julien avait des gros problèmes de tensions : beaucoup de stress dans son boulot, des gros repas avec ses clients, une base familiale propice… Tout y était. Il n’y avait qu’à surdoser un peu les médicaments et le tour serait joué.

     

    Assises sur un banc, à regarder les flots sombres qui se détachaient dans les reflets des lumières de la ville, Francesca et Kelly discutaient. La bouteille de vin n’était pas encore ouverte, mais les deux femmes riaient en se rappelant comment ce salaud de Julien les avait prises pour des connes et comment à trop en vouloir, il les avait perdues, elles et tout le reste.

     

    Alors que Francesca avait détesté Kelly dès la première seconde, celle-ci s’était immédiatement sentie fautive et responsable de la situation tout en montrant sa bonne foi. Elle pensait sincèrement qu’entre Francesca et Julien, tout était fini. Dès qu’elle avait appris la vérité, elle avait arrêté de répondre aux messages du mari coureur, avait tout fait pour l’esquiver ou ne pas se retrouver seule dans la même pièce, mais ce jeu n’avait pas pu durer très longtemps. Julien se faisait plus pressant et Kelly n’arrivait pas à lui parler de Francesca et de cette vérité qu’elle connaissait à présent.
    Et c’est vers Francesca qu’elle se tourna pour parler de tout ceci. La femme trompée reçut d’abord les états d’âme de la maîtresse avec circonspection sinon avec suspicion, mais elle comprit vite que Kelly devenait une allier pour ses projets.
    Elle serait même le vecteur de sa vengeance et ensemble, elles seraient l’alibi l’une de l’autre.

     

    Le « pop » du bouchon extrait du goulot par Francesca résonna contre le mur derrière les deux femmes, contre les flots, contre les piles du pont non loin, puis s’évanouit dans la nuit.
    Francesca tendit la bouteille à Kelly.
    « Je n’ai pas de verre, par contre, alors je te laisse l’honneur ! »
    Kelly la remercia et but directement au goulot, une bonne rasade. Elle fêtait autant de pouvoir être grisée par les effets de l’alcool que de s’être débarrassée de celui qui s’était bien foutu d’elle. Elle rendit la bouteille à Francesca qui la porta à ses lèvres mais se ravisa.
    « Tu sais, Kelly, eu début, j’ai vraiment cru que tu te fichais de moi. Je t’en ai vraiment voulu. En plus, tu es montée super rapidement dans la boîte alors que moi, même mariée à ce connard, je galère à faire reconnaître mon boulot et mon talent…
    – Pourtant tu es mériterait amplement sa place, répondit Kelly pour rassurer son amie.
    – Maintenant qu’il est mort, je me demande si je vais rester dans la boîte ou changer.
    – Tu veux partir ? Tu as des opportunités ? Ça serait génial pour toi. »
    Francesca allait boire une gorgée, mais elle se stoppa pour regarder Kelly dans les yeux, cherchant à savoir si elle était sincère ou non.
    « Je ne sais pas encore, en fait. Mais maintenant qu’il y a une place qui vient de se libérer, je pense que les choses vont déjà bouger en interne…
    Francesca de son index retroussa son gant pour laisser apparaître sa montre.
    – Sans compter, reprit-elle, qu’en fait, il y a deux places qui se libèrent. »
    Le regard de Kelly courut plusieurs fois de la montre aux yeux froncés de Francesca. Elle cherchait à comprendre. Le silence tomba. Posant ses yeux sur la bouteille, Kelly se rendit compte que la toute récente veuve n’avait pas encore bu et avait gardé ses gants, comme elle lui avait dit de faire, pour éviter de laisser des empreintes digitales, alors qu’elle portait un jogging trop grand appartenant à Julien, sûrement pour éviter de laisser des fibres compromettantes de ses propres vêtements .
    « Les gens comprendront que tu n’acceptais pas de partager mon mari qui ne voulait pas divorcer et que, folle de rage et d’amour, tu l’as tué avant de te rendre compte de ton geste et de venir ici avec sa bagnole pour t’empoisonner à ton tour. »
    Kelly bondit sur Francesca qui l’esquiva avec facilité. Restée immobile, Kelly ne s’était rendue compte de rien, mais à présent qu’elle bougeait, elle sentait ses mouvements ralentis, engourdis, imprécis. Sa tête était lourde.
    Francesca souriait. Elle tira d’une des poches de son jogging une enveloppe.
    « Tu expliques tout dans cette lettre d’adieu… Moi, je serai la veuve éplorée qui n’a rien vu venir et qui récupèrera tout. En jouant bien et en inspirant de la pitié dans la boîte, je devrais même réussir à monter en grade. »
    Kelly essaya d’articuler une insulte, mais sa bouche pâteuse ne répondait plus. Ses jambes suivirent et elle s’écrasa par terre, terrassée par ce que Francesca avait mis dans le vin. Celle-ci s’agenouilla pour ouvrir le sac à main de Kelly. Elle en tira son portable, le déverrouilla avec le doigt inerte de la jeune femme consciente mais incapable de bouger, puis effaça toute la conversation SMS qu’elles avaient pu entretenir et même sa fiche de contact. Elle rangea le téléphone dans le sac à main et enfouit en même temps la fausse lettre d’aveux et les clefs de la Mercedes. Francesca déposa ensuite la bouteille sur le banc et la poussa délicatement pour la faire tomber faisant croire qu’elle avait été emportée dans la chute de la maîtresse éplorée.

    La veuve, débarrassée de sa rivale, quitta les quais le cœur léger et l’avenir radieux, sans même un regard à sa deuxième victime. Elle remonta sur la rue, marcha une centaine de mètres et retrouva sa petite Micra qu’elle avait laissée là l’après-midi même pour pouvoir rentrer chez elle sans être vue dans les transports en commun, de toute façon trop rares à cette heure. Elle n’aurait plus qu’à se débarrasser du jogging pour effacer toutes traces pouvant remonter à elle.


    Par ici pour le texte de Miki.


    Vous aimez ce que j’écris, soutenez-moi par
    Soutenez-moi par Tipeee.com

  • 208 — [NMN2017] Jehan et la princesse

    Voici la nouvelle de la semaine. La phrase de Sheldon Lymchat (oui, encore une fois) a été choisi par ma comparse Miki.

    Si elle vous plaît partagez-là, si elle ne vous plaît pas, dites-en du mal sur les réseaux sociaux, on sait jamais, sur un malentendu, comme dirait l’autre. 😀


    « Je croyais que vous étiez quelqu’un de bien… mais, en fait, les gens comme vous, ils meurent et ils vont en enfer. »

    Cette phrase avait claqué presque aussi fort que les mains de Jehan. L’écuyer téméraire écarta lentement les mains tout en essayant de comprendre ce que cette princesse venait de dire. Il décolla du bout de l’ongle le moustique écrasé sur ses phalanges puis s’essuya la main contre sa culotte déjà salie par toutes les péripéties qu’il avait traversées durant son voyage.

    « Je vous demande pardon ? lança-t-il à la princesse.
    – Vous êtes là, tout sourire, à me ramener à votre maître, mais vous n’avez pas plus d’honneur que ces bandits qui m’ont emmenée ! »

    Jehan ne comprenait vraiment pas pourquoi la jeune femme était tout à coup aussi agressive avec lui.
    Ce jeune homme de tout juste vingt ans avait été envoyé par son maître, le seigneur Luc, pour aller sauver la fille du roi. S’il réussissait, Jehan serait adoubé chevalier avec les honneurs et le seigneur Luc gagnerait la main de la princesse, même s’il était plus vieux qu’elle d’au moins quinze ans.

    La mission de l’écuyer n’était pas simple. Il l’avait su dès le départ. D’ailleurs, savoir que sa seule récompense en cas de réussite serait d’être adoubé le frustrait, surtout que la seule autre issue à cette mission de sauvetage ne pouvait être que sa mort. Mais Jehan espérait qu’avec cet heureux mariage qui rendrait forcément le seigneur Luc bien plus riche, il recevrait quelques avantages financiers.

    Le voyage avait été compliqué et long. La princesse avait été enlevée par une bande d’orcs alors qu’elle se promenait en forêt. Pourquoi une princesse se promenait seule en forêt était une question à laquelle Jehan n’avait toujours pas de réponse, mais il espérait bien lui demander à un moment. S’il réussissait à la sauver, évidemment.
    Après plus de trois semaines de voyages à travers des landes plus ou moins habitées, des forêts dangereuses emplies de bêtes sauvages, des montagnes peuplées de lutins hargneux, des marécages dont les nombreux cadavres n’étaient pas suffisamment morts au goût de l’écuyer, celui-ci était parvenu à atteindre l’antres des orcs qui retenaient la princesse prisonnière, non quelques fausses routes. Les bandits avaient demandé une rançon. Une très grosse rançon. Ce n’était pas que le roi ne voulût pas payer pour récupérer sa fille – quoique, Jehan se posait la question – mais le seigneur Luc, qui était plus prompt à faire le beau pour être bien vu qu’à agir, avait encore promis quelque chose sans savoir s’il pourrait s’y tenir : sauver la princesse. Et il avait, encore une fois, eu la chance de trouver en Jehan un exécutant discipliné et compétent. Le roi avait donc été assuré par Luc qu’il ne serait pas nécessaire de débourser une seule pièce d’or pour revoir sa fille chérie saine et sauve. Le roi, tout heureux de cette nouvelle – personne n’aurait su dire si c’était le fait de revoir sa fille ou celui de ne rien débourser –, avait laisser son vassal s’occuper de ce sauvetage.

    Les orcs avaient pris un vieux fortin en ruines pour campement. Il ne restait qu’un seul bâtiment tenant debout. D’ailleurs, Jehan se demandait comment il le pouvait encore. Le reste de la construction était au sol, un gros tas de pierres recouvertes de mousses et d’herbes folles.
    Jehan avait repéré le lieu en journée. Même en restant à bonne distance pour ne pas se faire voir, il avait pu compter une douzaine de bandits, mais il était difficile d’être sûr : ils se ressemblaient tous et leurs équipements aussi. Le plus sage était d’intervenir de nuit quand l’attention des gardes serait la plus anesthésiée par le sommeil. La lune était belle en ce moment et le ciel dégagé permettrait de voir suffisamment. Il dormit bien à l’abri, dans les profondeurs de la forêt, à une demi-lieue du fortin. Il avait préféré prendre du repos plutôt que de veiller jusqu’au moment de son assaut.
    À la cour du seigneur Luc, certains avaient dit que Jehan était très téméraire, voire suicidaire, de partir seul pour un périple qui serait clairement fort dangereux, mais l’écuyer préférait régler ce genre d’affaires seul. Le fait que Luc fût si pingre qu’il n’avait pas voulu payer en avance pour ce voyage, avait aussi dissuadé les rares volontaires qui s’étaient d’abord montrés intéressés.

    L’écuyer avait attaché sa monture à un arbre et laissé tout son matériel superflu auprès de l’animal. Pour l’attaque des orcs, il fallait qu’il soit à l’aise, le plus léger possible, libre de ses mouvements autant que faire se pouvait. Il n’avait gardé qu’une dague et une épée, son arc et ses flèches.

    Évidemment, il y avait des gardes. Deux. Les autres dormaient dans la dernière partie du fortin encore debout. Les gardes patrouillaient sur les ruines de ce qui avait été, un jour, le chemin de garde. Ils marchaient, plus concentrés sur l’endroit où ils posaient leurs pieds que sur l’horizon de toute façon trop obscur.

    Le fort avait été construit en haut d’une petite colline, à flanc de roche. Jehan se servit de ce terrain accidenté pour s’approcher des ruines.
    Les deux gardes faisaient le tour de l’enceinte, chacun à un bout. L’écuyer décocha une flèche mortelle au premier garde. Le second entendit le bruit du corps qui s’écrasa à l’extérieur des anciennes fortifications et hâta le pas pour voir ce qu’il se passait. Il appelait son comparse, en vain. Quand il fut dans la ligne de mire de Jehan, une seconde flèche fendit l’air et se ficha dans la poitrine de l’orc. Il ne mourut pas sur le coup, mais ses souffrances ne durèrent pas. Et ces cris furent presque inaudibles.
    Jehan resta un instant immobile, prêt à abattre tous ceux qui viendraient à la rescousse, mais la nuit resta calme et immobile. Les deux gardes avaient été éliminés sans éveiller les soupçons des autres.
    L’écuyer s’approcha du premier garde. Il lui fit les poches et récupéra une bourse peu remplie, un collier en argent orné de pierres semi-précieuses et les flèches dans le carquois. Même de mauvaise qualité, mais mieux valait les avoir plutôt que de se retrouver sans rien à tirer. Jehan passa ensuite les murs d’enceinte éboulé, atteignant la cour du fort. Les traces de combats dans la poussière au sol montraient que ces orcs s’entraînaient régulièrement. Il ne devait pas baisser sa garde et rester concentrer.
    La porte du morceau encore debout du fort s’ouvrit sans soucis. Le sauveur entra le plus silencieusement possible dans la pièce, basse mais large, dont la grande cheminée réchauffait avec peine le volume de ses braises en fin de vie. Il y avait là au moins cinq orcs, mais pas de princesse. Les orcs dormaient à même le sol sur des tas de paille aussi fin qu’un drap.
    Jehan savait qu’il ne pourrait pas survivre à un combat seul contre ces cinq là. Il valait mieux la jouer fine. Certes, il n’y avait rien d’honorable à assassiner des gens dans leur sommeil, mais ils avaient enlevé la princesse et auraient été jugés à mort face à un tribunal pour cela. Sans compter que décider de ce qui était honorable ou non était quelque chose de facile assis autour d’une table de banquet à essayer d’impressionner ses invités, alors, qu’en pleine action, rester en vie était plus important que d’être honorable.
    L’écuyer tira la dague de sa botte et s’approcha du premier comparse. Même allongé, on pouvait voir que c’était une montagne de muscles. Il ne fallait pas rater son coup.

    Égorger un à un les six orcs – l’un d’eux n’était pas visible de l’entrée de la pièce – prit plus de temps à Jehan qu’il l’avait d’abord pensé. Heureusement, tout s’était passé sans soucis. Aucun d’eux n’avait eu le temps d’alerter les autres avant de lâcher leur dernier souffle. Évidemment, avec la gorge tranchée et un bon morceau de tissu posé contre la bouche, il était difficile d’émettre un son clair. Les ronflements de certains avaient également aidé.
    Jehan fouilla rapidement la pièce. Il n’y trouva rien d’intéressant. Il devait se dépêcher, la nuit allait bientôt tirer sa révérence, le reste de la bande n’allait pas tarder à se lever.
    À l’autre bout de ce dortoir improvisé, l’écuyer trouva une porte donnant sur un escalier qui s’enfonçait dans le sol. Il passa sa dague à la main gauche et dégaina son épée. Dans les espaces restreints comme celui-ci, mieux valait s’attendre à tout.
    Il descendit les marches, toujours furtif. Il n’entendait rien qui venait d’en bas. Si les autres orcs s’y trouvaient, ils devaient dormir profondément aussi.
    L’humidité augmentait au fur et à mesure qu’il descendait. En bas, le sol était poisseux. Les murs ruisselaient. La lumière d’une torche vacillante éclairait avec difficulté le bas des escaliers. Jehan marchait lentement, sans faire de bruit. Il avait fait quelques pas dans le couloir de ce sous-sol quand à un angle, il tomba nez à nez avec un des bandits. Tout deux surpris, chacun réagit à la vitesse de l’éclair, mais Jehan, les armes déjà en main, put embrocher l’orc avant que celui-ci n’eût le temps de tirer sa hache. Malheureusement, le cri de surprise et le vacarme alarmèrent les autres.
    Jehan essaya de réfléchir rapidement.
    Il remonta en haut de l’escalier, montant les marches quatre par quatre. Une fois en haut, après avoir rangé sa dague et presque jeté son épée à ses pieds, il tira une poignée de flèches et les posa au sol en s’agenouillant. Jehan reprit son arc et prépara une flèche, visant le bas de l’escalier, près à la décocher entre les deux yeux du premier orc qui se présenterait.
    L’écuyer entendit des grognements et une discussion. Ils étaient en train d’examiner le corps de leur compère transpercé. Le premier n’allait pas tarder à arriver.
    Comme prévu, la flèche de Jehan se planta dans le front de cet orc. L’humain n’eut que le temps d’en attraper une autre qu’un second orc arrivait et montait déjà l’escalier, se protégeant d’un bouclier. Jehan tira malgré tout, sans effet. Il jeta son arc et reprit son épée. Ne laissant pas le temps à l’orc de baisser son bouclier, il lui sauta dessus les pieds en avant et lui fit redescendre les marches en un mortel roulé-boulé. Jehan se remit sur pied avec agilité. D’après ce qu’il avait compté, il ne restait plus qu’un seul bandit.
    Il resta immobile un instant, assourdi par le bruit de son cœur qui battait à tout rompre.
    Il attendit de longues minutes.
    Personne ne vint. Le dernier orc devait l’attendre. Jehan espérait surtout qu’il n’y en avait pas plus qu’un.

    Jehan attendit encore un instant. Il n’y avait plus de bruit. Il s’apprêtait à redescendre à l’assaut quand une voix aiguë déchira le silence, agressant ses oreilles.
    – Hé ho ! Il y a quelqu’un ? Je suis là ! Faite-moi à sortir.
    Ce devait être la princesse. Aucune femme orc n’avait la voix aussi haut perchée. Et il n’en avait vu aucune lors de sa reconnaissance, plus tôt.
    – Princesse Rosa ? cria en retour Jehan.
    – Oui ! C’est moi ! Dieu soit loué, vous êtes venu me sauver ?
    – Oui. Est-ce qu’il y a encore de ces monstres près de vous ?
    – Non, je suis seule et je suis dans le noir ! Venez me sortir de là !
    Jehan fouilla les corps des derniers cadavres. Après avoir récupéré quelques pièces d’or supplémentaires, il tomba sur un trousseau de clefs qui, il espérait, ouvrirai la geôle de la princesse.

    Quelques minutes plus tard, le futur chevalier et la princesse ressortaient du bâtiment. Il sembla à Jehan qu’il était encore plus sur le point de s’effondrer qu’en y entrant.

    Une fois à l’air libre, la princesse s’étonna :
    – Où est votre cheval ?
    – Je l’ai laissé en sécurité dans la forêt. Je ne voulais pas me faire repérer.
    – C’est loin ? s’enquit la princesse.
    – Une demi-lieue, tout au plus.
    La jeune femme soupira lourdement. Le fait de devoir marcher au milieu de la nuit après avoir été enfermée pendant près d’un mois ne l’enchantait guère.

    Quand ils atteignirent la lisière de la forêt, le soleil se levait. Jehan commençait à sentir la fatigue.
    Et ce n’était pas simplement dû à la longue nuit. La princesse montrait un caractère des plus détestables, une gamine à qui tout le monde avait passé les moindres de caprices depuis sa naissance et qui n’avait fait que se plaindre depuis sa sortir du fortin.
    Jehan comprenait pourquoi personne n’avait voulu l’épouser jusqu’à maintenant, même avec la dot que le roi pouvait offrir. Son moral en prit encore un coup en se disant qu’il faudrait au moins trois semaines pour retourner au château de seigneur Luc et qu’il serait difficile de laisser la princesse bâillonnée tout ce temps.
    Une fois arrivé à la monture, la princesse se plaint encore une fois :
    – Quoi ? Vous n’avez qu’un cheval ? Mais il va nous falloir des semaines, voire des mois pour rentrer chez moi !
    – Votre majesté, j’avais espéré pouvoir en prendre un aux bandits, mais on dirait qu’ils n’en avaient pas.
    – Je crois les avoir entendus dire qu’ils les avaient mangés. J’ai bien cru que mon tour n’allait pas tarder.
    Jehan pensa très fort que ça aurait peut-être été une bonne chose finalement. C’était fou. Il ne la connaissait que depuis quelques heures à peine et il avait déjà envie de l’abandonner là pour rentrer chez lui.
    Heureusement, Jehan était un écuyer sérieux et droit, il remplirait sa mission jusqu’au bout.
    Il s’assit contre un arbre, les bras croisés, les yeux fermés, bien décidé à dormir un peu avant de prendre la route, alors que la jeune femme montait sur le cheval.
    – Que faites-vous ? s’étonna-t-elle.
    – Je me repose. La nuit a été courte et s’il faut que je marche, je dois être en forme, donc il me faut dormir quelques heures.
    – Mais vous n’y pensez pas ! Mon père doit être mort d’inquiétude à mon sujet. Chaque minute, chaque seconde compte, alors ne perdons pas de temps. Détachez-moi ce cheval de cet arbre et allons-y !
    Un moustique volait autour de Jehan. Son bourdonnement était pourtant moins désagréable que la voix de la jeune femme.
    – Non, majesté. Votre sécurité dépend de mon état de vigilance. Si je dors, je serai plus à même de vous protéger pendant notre voyage.
    La princesse regarda son sauveur avec un dégoût et colère.
    – Je vous ordonne de détacher ce cheval et de me ramener immédiatement à mon père. Sans quoi, je le ferai vous pendre dès notre retour.
    Jehan resta silencieux, les yeux écarquillés de surprise. Comment pouvait-elle menacer la seule personne apte à la ramener chez elle ? Il ne comprenait pas. Surtout, il ne revenait pas qu’on puisse lui dire pareille méchanceté après tout ce qu’il avait fait.
    L’écuyer regarda la jeune femme dans les yeux.
    – Écoutez-moi bien, je viens de passer trois semaines à risquer ma vie pour vous sortir de ce trou et en moins de quatre heures, vous avez réussi à me donner l’envie de vous y recoller. Alors maintenant, vous me laissez dormir. Nous repartirons dans deux heures. Fin de la discussion.
    La princesse regarda cet homme un instant. Jamais personne ne lui avait parlé sur ce ton, jamais personne n’avait osé. Elle était presque en larmes. Jehan ne savait pas si c’était parce qu’il avait été un peu brusque, mais il comptait bien se reposer avant de reprendre ce voyage qui allait être long.
    Le moustique lui tournait toujours autour. D’un mouvement rapide, il frappa des mains pour écrabouiller la bestiole volante alors que la princesse lâchait sa phrase :
    – Je croyais que vous étiez quelqu’un de bien… mais, en fait, les gens comme vous, ils meurent et ils vont en enfer.
    Ce voyage allait être interminable.


    N’oubliez pas d’aller voir le texte de Miki par ici.


    Pour celles et ceux qui voudraient participer à l’aventure, même ponctuellement, voici la phrase pour la semaine prochaine, donnée par Mlle Cup of Tea :

    « 02h37. Le smartphone à la pomme bipa 2 fois : Je l’ai tué … il a eu une crise cardiaque et j’ai éloigné le téléphone de lui avant qu’il ne puisse appeler des secours. »


    Soutenez-moi par

  • 207 — [NMN2017] Les morceaux de chaussettes

    Ça y est, c’est parti. Le nouveau marathon de la nouvelle 2017 est officiellement lancé. On commence par une phrase de Sheldon Lymchat, parce que c’est lui qui m’a motivé à me relancer dans cette expérience et que ça phrase m’a inspiré (enfin, je crois).

    Comme d’hab’, n’hésitez pas à partager, commenter, dire que vous aimez ou non.
    Les offrandes sous formes de chocolat et de sushis sont acceptées 😉

    Cette nouvelle fait environ 2650 mots. Enjoy !


    Pourquoi, quand on enlève nos chaussettes, il nous reste toujours des petits bouts de chaussettes entre les orteils ? La race humaine a colonisé la Lune, Mars et Neptune. Nous avons visité près d’un quart de la galaxie, fait la guerre à des centaines de races plus ou moins hostiles, réussi à maîtriser le réchauffement climatique de la Terre et à la sauver, nous pouvons voyager à la vitesse de la lumière, voyager dans le temps (ça reste encore très expérimental, ça ne marche pas à tous les coups mais les débuts sont encourageants), et pourtant, malgré toutes nos sciences et nos avancées technologiques quand on enlève nos chaussettes, il reste toujours ces putains de petites bouloches entre les doigts de pied.
    Perso, moi, je ne comprends pas. Comment on peut être plus puissant que n’importe quel dieu n’importe quelle race rencontrée et ne pas pouvoir réussir à régler ce petit problème.
    Enfin, je dis ça, c’est pas forcément vrai. Si on prend des fils un peu plus résistants que des fibres naturelles, on n’a plus ce problème de bouloches, mais on transpire comme un cochon, donc ça ne va pas non plus. Cela dit, je ne suis pas certain qu’un cochon, ça transpire vraiment des pieds.
    « Hey ! Gustave ! Tu rêves ou quoi ? Tu vas encore te faire sanctionner si tu t’actives pas ! »
    Ernest me tire de mes pensées. Le menton posé sur mes mains, elles-mêmes posées sur le manche de ma serpillière, j’étais encore parti loin.
    « Tu pensais à quoi cette fois ?
    – Aux petits bouts de chaussettes dans les chaussettes.
    – Ça me dérange pas, moi… Et est-ce que ça vaut vraiment un jour non payé ou de se faire virer parce que tu t’es arrêté en dehors du créneau de pause ?
    – Non, tu as raison. En plus, j’ai bientôt fini. »

    Je termine mon boulot. Il est tard, il fait nuit depuis plus de quinze jours. C’est la période où ça commence à être lourd. Presque autant à tenir pourtant. Il n’y a pas que des avantages à vivre sur la Lune. Je rentre chez moi. Sur le chemin, je vois les bars pleins de clients. J’irais bien y faire un tour, mais je suis obnubilé par cette question sur les chaussettes. Pourquoi est-ce que personne n’a trouvé de solution ? Ou alors, les riches ont d’autres produits dont on nous parle pas, à nous, les sous-fifres, des produits qui empêchent de transpirer et qui ne font pas cette sensation désagréable de bouloches entre les orteils. Je n’aime pas ça. Et je n’aime pas cette idée que les riches pourraient ne pas connaître ce problème alors que nous, si. Ce n’est pas parce que je suis un simple nettoyeur que je n’ai pas le droit d’avoir une meilleure qualité de vie.

    Arrivé chez moi, je sursaute en trouvant quelqu’un dans mon canapé, une de mes bières à la main. Après avoir manqué une crise cardiaque parce que mon appartement est programmé pour n’ouvrir qu’à moi, je regarde l’inconnu plus précisément. Il a posé la bière sur la table basse en se levant et vient vers moi. J’ai l’impression d’être face à un miroir déformant. C’est comme si je me voyais…
    « Oui, je suis toi plus vieux, dit le type, l’air extatique.
    – Pardon ?
    – Je suis toi. Je suis Gustave. Mais je viens du futur donc je suis plus vieux.
    – C’est impossible. Pour remonter le temps, il faut des accélérateurs subquantiques et une quantité astronomique de roche des anciens anneaux de Saturne, et, pour l’instant, on n’a pas réussi à faire voyager d’être vivant. C’est très drôle, mais je ne sais pas qui vous êtes, monsieur, ni comment vous avez réussi à entrer chez moi, alors il va falloir partir sinon, je me verrai contraint d’appeler les forces de l’ordre.
    – Je les connais aussi, les cours, je les ai suivis aussi. Mais sérieusement, j’ai réussi à fabriquer un engin miniature pour voyager dans le temps. Plus besoin d’accélérateur gigantesque, plus besoin de roche saturnienne, plus besoin de tout ça. »
    Je reste debout, prêt à intervenir face à ce type, qui m’a l’air un peu dérangé. Si ce n’était notre ressemblance flagrante, je crois que j’aurais déjà appelé de l’aide.
    « Pourquoi venir me voir moi et pas l’annoncer à tout le monde, aux scientifiques, recevoir le prix Nobel, devenir riche et célèbre ?
    – Parce que c’est le premier voyage que je fais, le premier test concluant ! Je viens de revenir cinq ans en arrière ! D’abord, j’ai cru que je m’étais encore planté dans mes calculs, et puis j’ai remarqué que l’appartement n’était pas rangé exactement de la même façon. En fait, je n’ai pas bougé.
    – Et tu es là depuis combien de temps ? J’imagine que tu n’as pas voyagé avec ta bière.
    Il jette un coup d’œil à la canette.
    – Je savais que tu n’allais pas tarder à rentrer, je me souviens encore de mes horaires de l’époque. En attendant, je me suis servi dans le frigo. C’est un peu chez moi, ici.
    – Super, donc maintenant qu’on s’est vus, tu peux retourner chez toi et annoncer ça au monde entier. Non, mieux. Explique-moi comment tu as fabriqué cette machine que je la fabrique tout de suite pour devenir riche maintenant.
    – Toujours l’esprit pratique, je me reconnais bien là ! »
    « Pop ». C’est le son de l’air qui remplit le vide laissé par le départ inattendu de mon moi du futur.
    Ah ! Ben merde ! Je reste là, comme un rond de flan, sans savoir si j’ai vraiment vu ce que j’ai vu ou si ce n’étaient que des hallucinations dues à la fatigue.
    La canette de bière restée sur la table basse prouve qu’il y avait bien quelqu’un ici.
    Il m’en faut une, à moi aussi. Je vais vers la cuisine et je sursaute en voyant que j’y suis aussi. Enfin pas moi, l’autre moi.
    « Parce que t’arrives à te téléporter aussi ? T’aurais pu le dire plutôt que disparaître comme ça, sans prévenir !
    – Tu me confonds avec mon moi d’il y a cinq ans, me répond l’alter ego.
    – Quoi ?
    – Je suis arrivé dans ton salon il y a cinq ans et j’en suis reparti sans le vouloir. Et j’ai mis cinq ans pour réussir à revenir. »
    Je me regarde à nouveau. C’est vrai que je ne suis pas habillé pareil et j’ai l’air plus vieux que tout à l’heure. Ça va, j’ai l’air de bien garder la forme, quand même. Je ne vais pas me plaindre.
    « Pourquoi il t’a fallu autant de temps pour revenir ? Je croyais que tu maîtrisais ?
    Je me vois faire une moue familière. Je suis gêné et je ne veux pas me l’avouer.
    – En fait, je ne maîtrisais pas. C’était une première tentative fructueuse. Il a fallu que je fasse d’autres tests, pour que je comprenne bien comment ça fonctionne. Et puis, j’ai fait quelques autres voyages avant de revenir ici. J’ai testé pour être sûr que ça marche bien avant de te donner toutes les informations. Parce que je nous connais. Si je ne te donne pas une solution clef en main, avec des explications précises, tu vas râler et t’énerver. Et c’est pas bon pour notre avenir. Je voudrais pas non plus réduire notre espérance de vie, hein.
    Je roule des yeux. Qu’est-ce que je peux être pipelette des fois ! Je comprends ma mère, maintenant, quand elle me le disait.
    – Venons-en au fait, s’il te plaît.
    – Je veux bien une bière. C’est bien pour ça que tu étais dans la cuisine, non ? Je me souviens bien avoir bu une bière après ma première rencontre avec le moi du futur.
    – Mais c’est toi, le moi du futur ! dis-je.
    – Là oui, mais quand j’ai fait le premier test, je suis arrivé ici, il y a cinq minutes et j’ai rencontré mon moi du passé, et donc j’ai aussi rencontré mon moi du futur. Et donc mon futur moi, enfin notre futur nous se souvenait de cette rencontre, comme je me souviens de la scène que tu viens de vivre des deux points de vue, moi jeune et moi moins jeune.
    – Je crois qu’il va me falloir plus qu’une bière.
    – Ah non ! Il faut garder l’esprit clair pour qu’on puisse travailler sereinement. Une bière et on bosse. »
    Je souffle. Je ne me savais pas si sérieux. Mais c’est vrai qu’acquérir un savoir durement acquis en dix ans par quelqu’un d’autre, ça ne va pas être simple. Surtout, si je veux l’amener à l’université en disant que j’ai tout fait tout seul, même si, après tout, ça n’est pas un mensonge, c’est vraiment moi qui ai fait tout ça, juste pas encore.
    J’ouvre le frigo et sors deux canettes. Je m’en donne une avant de retourner au salon. J’avale une gorgée et je vais chercher de quoi noter. J’aime travailler sur papier dans ces cas-là.
    « OK, donc on commence par où ? »
    J’entends simplement un « pop » comme réponse à ma question. Je me retourne et je ne suis plus là. Je me fous de ma gueule, j’ai l’impression. Je ne sais pas si je suis déjà une tête à claques comme ça, mais j’ai du mal à me supporter vieux. Il va falloir que je travaille dessus.
    Je me jette plus que je ne me pose sur le canapé. Je n’ai plus qu’à reprendre ma vie tranquillement en attendant que je réapparaisse…
    « Pop »
    Je me retourne et je me vois. J’ai encore pris un coup de vieux. Mais j’ai toujours mes cheveux. C’est déjà ça.
    « Combien de temps, cette fois ? dis-je.
    – Sept ans. »
    Je reste étonné. Difficile d’appréhender cette durée alors que, pour moi, mon alter ego est parti seulement quelques secondes.
    « Je suis désolé. Problème de carburant, mais cette fois promis, ça devrait aller.
    – Ça ne serait pas plus simple de revenir avant le premier test pour te dire tout ce qui déconne ? Et puis, comment ça se fait qu’un simple problème de carburant puisse prendre sept ans pour être réglé ?
    – En fait, c’est un peu plus compliqué que ça. Je n’arrive pas à régler aussi finement que ça les voyages, en fait. On ne peut pas choisir la date et l’heure. En vrai, on ne peut faire que des bonds à des distances temporelles précises. Tu vois, c’est un peu comme une autoroute, tu ne peux pas y entrer ni en sortir quand tu veux. Il faut être au bon endroit pour prendre la bonne sortie qui t’amènera à un endroit précis. Là, c’est pareil, sauf que c’est avec le temps que ça marche et que c’est un peu moins linéaire.
    – Donc tu ne peux pas faire un bond de 5 minutes en arrière ?
    – Non, ce sont des ponts bien précis du temps. Tu ne peux pas partir quand tu veux. Et le point se déplace dans le temps aussi, donc chaque fois il est un peu plus tard.
    – C’est pour ça les délais entre chaque voyage ?
    – J’ai réussi à voyager entre deux visites à ton toi de maintenant, mais c’est toujours compliqué. Des fois, je n’arrive pas à savoir quand je vais atterrir. Une fois, je suis tombé avant la colonisation de la Lune, j’étais mal. Heureusement que j’ai réussi à rentrer rapidement, sinon nous serions mort de froid… »
    Je ne sais pas trop comment rebondir après cette nouvelle. Je reste à me fixer comme un idiot.
    « Une petite bière et on se met au boulot ? me demande mon moi qui se rend bien compte du blanc créé par son annonce.
    – Tu vas me plier mon stock en une soirée, j’ai l’impression, dis-je en soufflant. Tu disparais pas cette fois, hein ?
    – Promis. »

    Quand je reviens de la cuisine, je suis encore là. C’est plutôt rassurant.

    Pendant une bonne heure, je m’explique les fondements du voyage dans le temps. C’est un peu compliqué à comprendre, très baroque la façon dont ça fonctionne. C’est tout à fait différent de ce que tout le monde peut imaginer, surtout l’impossibilité de choisir une date et une heure précises. Il faut choisir la bonne route et la prendre au bon moment. Heureusement, je m’explique aussi comment repérer ces chemins à l’avance et déterminer avec une relative précision leur destination.
    Ensuite, nous passons au côté vraiment technique : comment j’ai construit ma machine à voyager dans le temps. En lieu et place de machine, c’est une espèce de montre, que mon alter ego tient en main. Un peu plus grosse qu’une de ces vieilles montres de poche de l’époque moderne terrienne, l’objet comporte des aiguilles. On dirait une relique d’un autre temps. Je m’explique que les voyages temporels ont une tendance à dérégler l’électronique quantique ou régulière et qu’il vaut mieux un bon système mécanique.
    « Mais comment ça se fait que tu repartais de manière intempestive, alors ? finis-je par demander.
    – La première fois, c’est parce que je ne savais pas vraiment ce que je faisais, alors j’avais réglé un retour automatique assez proche, mais comme je ne maîtrisais pas trop la précision temporelle, ça s’est avéré plus court encore que je le pensais. La seconde fois, je me suis trouvé à court de carburant. Mais c’étaient des modèles différents. Maintenant, il est autonome et n’a plus besoin de quoi que ce soit pour fonctionner. Il faut juste que je le remonte de temps en temps.
    – C’est plutôt économique, c’est bien. »
    Mon moi du futur se lève.
    « Je ne vais pas pouvoir rester plus longtemps, la fenêtre va bientôt se refermer. Surtout, va au plus tôt montrer tout ceci et rends nous célèbre et riche. Et prends soin de nous. »
    Je ne sais pas trop quoi répondre. Normalement, je ne devrais plus me rencontrer. C’est comme voir partir un parent proche pour toujours.
    L’autre va pour appuyer sur un des boutons de la grosse montre à voyager dans le temps, mais une question me vient :
    « Au fait, pourquoi tu t’es lancé dans l’invention d’une machine à voyager dans le temps ? »
    Il lève des sourcils et réfléchit un instant. On dirait que même lui a oublié la raison originelle. C’est tout moi, ça, je me lance dans un projet corps et âme au point d’oublier le pourquoi je le fais.
    « C’est vrai qu’avec tout ça j’ai oublié de t’expliquer pourquoi. En fait, j’ai été obnubilé par une question pendant des années, ça me prenait tellement la tête que j’en ai perdu mon boulot, que je ne sortais plus voir mes amis et que j’ai même fait une dépression. Mais un jour, j’ai trouvé la réponse à cette question, je me suis rendu compte que j’avais tout perdu et que je ne pouvais pas rester comme ça. Alors j’ai décidé de ressortir mes cours pour réussir à remonter dans le temps. Il fallait que je me donne cette réponse pour m’éviter tous les problèmes que cette question m’avait apportés.
    – Mais de quelle question tu parles ??
    – Bah ! Pourquoi est-ce qu’il reste des morceaux de chaussettes entre les doigts de pieds ?
    – Cette question nous a fait tomber en dépression ? »
    Cela dit, ce n’est pas vraiment étonnant, je me connais et quand je vois comme j’étais parti du boulot ce soir, avant de me rencontrer, j’aurais pu réfléchir longtemps sur le sujet.
    « Tu sais comment nous sommes, non ? Allez, il faut que j’y aille.
    – Attends ! Tu m’as pas donné la réponse à cette question !! »
    « Pop »
    Je me vois disparaître, je crois avoir entendu la réponse, mais je ne suis pas sûr. Ça ne peut pas être ça. C’est trop simple.

    « Tu essores trop vite le linge. »

    PS : Merci à Aemarielle pour la relecture attentive et la correction des fautes.


    N’oubliez pas d’aller découvrir le texte de Miki à cette adresse : https://mikicowin.wordpress.com/2017/09/13/nouvelle-n1-le-cafe-presque-renverse

  • 206 — Starting-blocks marathon 2017

    La rentrée est passée, la vie reprend son rythme, les vieilles habitudes reviennent, les nouvelles sont en train de se prendre.

    Le premier texte de cette session du marathon de la nouvelle 2017 est en cours de finalisation.

    Il sortira mercredi à 19h. Ce sera notre rendez-vous hebdomadaire, puisque les sorties se feront chaque fois ce jour à cet heure.

    Mais ce n’est pas tout.

    Quelqu’un a décidé de se joindre à moi pour ce marathon. C’est Miki Cowin. Elle a trouvé l’idée de partir d’une phrase pour écrire intéressante et nous allons, chaque semaine et sans concertation, écrire un texte à partir de la même phrase de départ.

    Vous pourrez lire ses textes ici mikicowin.wordpress.com blog qu’elle a créé pour l’occasion.

    J’espère que vous êtes prêts parce que nous, oui ! normalement xD

     

  • 205 — Le nouveau marathon – Part II

    Une petite semaine après ma décision de reprendre un marathon de la nouvelle, et la consultation faite auprès de mes quelques lecteurs et lectrices, les résultats sont tombés, le choix s’est porté sur une nouvelle par semaine.

    Je ne sais pas encore quel jour elle sortira, peut-être le mercredi ou le vendredi. Je verrai bien, mais elle sortira toujours le même jour pour permettre à tout le monde d’adopter une routine sympa (d’écriture pour moi, de lecture pour vous).

    Pour les phrases, il y a eu moins d’inspiration que je l’espérais, seuls 5 courageux et courageuses ont soumis des phrases.

    Au vu du nombre et du rythme, et contrairement à ce que j’écrivais dans ma précédente note, je ne vous demande pas votre avis sur ces phrases, je vais choisir l’ordre.

    N’hésitez pas à continuer à m’envoyer vos phrases dans les commentaires de cette note, de la précédente ou des prochaines.

    À bientôt !

    [Edit du 05/09/2017 : on est passé à 13 phrases]


    Les phrases pour l’instant :

    « Elle le regarda droit dans les yeux et lui dit : Non mais tu es complètement dingue !!! Pourquoi tu as fait ça ?? » — Christelle Muller

    « Il regarda le sang s’écouler dans le caniveau, puis remonta son flot paresseux jusqu’à un pied nu dépassant des sacs poubelles entassés par des voisins peu respectueux. Un pied de femme, soigné et habillé d’une fine et élégante sandale à talon haut. » — Olivier Saraja

    « 02h37. Le smartphone à la pomme bipa 2 fois : Je l’ai tué … il a eu une crise cardiaque et j’ai éloigné le téléphone de lui avant qu’il ne puisse appeler des secours. » — Mlle Cup of Tea

    « Profondes, sourdes, les vibrations possédèrent son corps et la nausée le tira des ténèbres. » — Fred Galusik

    « Les éléphants ont de grandes oreilles mais est-ce qu’ils chantent ou parlent ? Est-ce qu’ils savent jouer avec des pelotes de laine ? » — Ma nièce

    « Le train arrive, enfin ! Sur ce quai, toute emmitouflée et perdue dans la foule, va-t-il me reconnaître ? » — Mélize The Fairy

    « Sa main a saisi la mienne, comme ça, sans arrière pensée… et ne l’a plus lâchée. C’est là, je m’en souviens parfaitement, tous deux assis dans ces fauteuils de cinéma, que tout a commencé… une longue descente… vers les enfers, vers le doute et l’introspection… vers le bonheur peut être… » — Amélie Molinaro

    Les suivantes sont toutes de Sheldon Lymchat et ont toutes été dites dans le monde réel (mot-dièse O_o’)

    « Tu fumes depuis l’âge de quel âge ? »
    « Moi, j’ai pas confiance. Je peux pas dormir en voiture si c’est pas moi qui conduis. »
    « Je croyais que vous étiez quelqu’un de bien… mais, en fait, les gens comme vous, ils meurent et ils vont en enfer. »
    « Pourquoi, quand on enlève nos chaussettes, il nous reste toujours des petits bouts de chaussettes entre les orteils ? »
    « T’as déjà essayé le truc du bout de viande dans le verre de Coca ? Ben, c’est meilleur avec une rondelle de citron. »
    « Toi t’as le verre avec les pastèques dessus et moi j’ai celui avec le Coca dedans. »

  • 204 — Un nouveau marathon de la nouvelle ?

    Depuis quelques semaines déjà, cette idée me trotte dans la tête : me relancer dans un marathon de la nouvelle.

    Pour celles et ceux qui ne savent pas de quoi il s’agit, j’ai fait un petit marathon en 2013, de mi-juillet à fin octobre, j’ai écrit une nouvelle par jour, chaque jour (à quelques exceptions près). Le point particulier étant que le point de départ était toujours une phrase donnée par quelqu’un. Vous pourrez retrouver tout ce qui concerne ce marathon en cliquant sur ce lien : https://comtedex.wordpress.com//?s=marathon&search=Go
    Vous y trouverez divers bilans et réflexion de cette épreuve et la liste des 97 nouvelles écrites alors.

    Un coureur

    Depuis, j’ai publié deux romans et une nouvelle, mais le fait de devoir écrire régulièrement me manque un peu, donc je pense relancer ce marathon.
    Si la fois dernière, j’écrivais une nouvelle par jour, en plus du rythme pas toujours simple à tenir avec la vie d’à côté, il me manquait du temps pour faire un vrai travail éditorial ensuite (correction des fautes en profondeur, comme lissage du style). Donc je pensais peut-être me lancer sur un rythme plus lent comme 3 fois par semaine (Lundi, Mercredi, Vendredi ?) voire même une seule fois par semaine, ce qui permettrait d’écrire des choses plus longues.

    C’est là que j’ai besoin de vous, de votre avis pour me dire quel rythme vous préférez.

    [polldaddy poll=9817654]

    Ensuite, je veux encore partir sur des phrases qui ne sont pas de moi, ça ajoute de la contrainte, c’était vraiment sympa, et je pense que c’est ça vous fait plaisir de participer, non ? (j’espère que vous allez répondre « oui » xD)

    Donc, si vous voulez, vous pouvez déjà mettre en commentaire ici, des phrases d’accroches, ce que vous voulez, mais une seule phrase à la fois (histoire que je ne m’y perde pas). Je les rassemblerai sur un prochain billet et ferai un sondage pour savoir lesquelles vous plaisent le plus. Comme ça, ce n’est pas moi qui choisirai mon point de départ, mais vous. (oui, j’ai décidé de vous faire bosser un peu plus cette fois-ci 😉 )

    Ensuite, pour ajouter de la difficulté, je pense vous demander une nouvelle fois votre avis pour classer les phrases qui vous inspire le plus.

    Une dernière chose, je ne sais pas combien de temps je vais tenir. Évidemment, ça dépendra du rythme adopté, mais j’espère au moins tenir jusqu’à fin octobre si vous choisissez un rythme journalier et au moins noël si c’est hebdomadaire.

    À vous de jouer 🙂

  • 203 — Gif animés et Pixelart II

    Le temps passe vite, tout le monde le dit, tout le monde le vit, mais je n’oublie pas mes passions annexes à l’écriture, à la musique, à ma famille et au reste.

    J’avais fait un post sur le Pixel Art où je montrais des échantillons de ce que j’avais déjà fait, mais depuis je n’avais pas beaucoup eu l’occasion de m’y remettre.
    Hier, au détour d’un tweet, j’ai découvert un petit logiciel gratuit et facile à prendre en main pour créer des animation de sprites et les exporter facilement en gif.

    Je m’y suis remis et j’ai ajouter quelques action à mon blob d’origine :

    16px x 16px 64px x 64px
    L’original
    Blob Blob64
    La nouvelle version
    Il avance
    Un petit saut
    Il saute en se déplaçant
    Le blob attaque (gaffe aux dents)

    En espérant, cette fois, ne pas attendre 2 ans pour m’y remettre.

    N’hésitez pas à commenter, à dire que c’est à chier ou que vous adorez, que vous voyez bien un escargot ou autre chose animé la prochaine fois, ça me fera plaisir 🙂

  • 202 — L’univers ne veut pas que vous lisiez la suite de l’Horloge !

    Aujourd’hui, avait lieu le speed dating des Imaginales, célèbre festival de la littérature de l’imaginaire qui se tient chaque année à Épinal.
    Ce speed dating permet à des auteurs de rencontrer des éditeurs en direct et de leur présenter un manuscrit.
    J’avais essayé de m’inscrire l’année dernière mais je n’avais pas été retenu, parce qu’inscrit trop tard.
    Donc cette année, quand j’ai été contacté par la personne en charge de cette activité à la mairie d’Épinal, j’ai préféré sauter sur l’occasion plutôt que de la laisser passer une seconde fois. Pour ma part, comme expliqué dans une note précédente, j’ai déjà 1000 trucs sur le feu et, surtout, je n’avais pas de projet fini à présenter.

    Mais comment as-tu fait, me demanderez-vous, sans projet terminé ?

    Plot twist : des projets commencé, j’en avais (au moins) un.

    Biscornu, à peine commencé sur le papier, navigant dans ma tête depuis déjà au moins 3 ans, je ne voyais que celui-ci pour séduire un éditeur (et mon charme irrévérencieux et parfaitement maîtrisé, évidemment).
    J’ai donc bossé dessus, le projet, pas mon charme 😉 , pour en préparer un pitch d’accroche et une vingtaine de pages.
    La semaine dernière, j’ai eu la confirmation que j’étais retenu pour la session de cette année. En début de semaine, nous avons reçu la liste des éditeurs présents. On nous demandait de faire une liste de priorité de ceux que l’on voulait rencontrer. Dès le départ, nous étions prévenus qu’il serait difficile de voir le patron de Bragelonne, maison d’édition de l’imaginaire dont la réputation n’est plus à faire, parce qu’il serait très demandé et qu’il serait possible de le rencontrer sur le salon les autres jours.
    Pour ma part, j’avais prévu de faire le voyage sur la seule après-midi, donc j’ai quand même mis Bragelonne en n°1 de mes vœux parce que mon projet correspond bien à leur ligne éditoriale et que je ne restais pas suffisamment pour espérer le voir à un autre moment.

    Arrivé cet après-midi à l’heure du rendez-vous, je croise des têtes connues du groupe NaNo de Strasbourg, dont une qui participe aussi au speed dating. Une fois que tout le monde est là, nous nous dirigeons vers le lieu secret, un café qui semble avoir oublié que nous débarquions.
    Nous étions quand même 19 auteurs retenus, plus les gens de l’organisation et les éditeurs (7 ou 8, je dirais).
    On nous parque à la cave, en attendant, ce qui permet grâce à la promiscuité de faire parler tout le monde et de détendre un peu l’atmosphère. Les rencontres se feront en salle, à la surface.
    Arrive enfin la MC, Silène Edgar, qui gère cette activité depuis deux ou trois années déjà. Elle est très sympa et nous rassérène, parce qu’il y a quand même un peu de stress comme avant un oral du bac. Elle annonce les gens qui vont passer avec quelle maison d’édition.
    Je suis appelé en premier.
    « Tu vas voir Stéphane Marsan ! » me dit-elle.
    Je reste un peu bouche bée, puisque je suis le premier à passer avec Bragelonne alors que je m’attendais à ne même pas pouvoir le rencontrer.
    Ensuite, j’ai pu rencontrer ActuSF, puis Critic, et enfin L’Atalante, qui, de prime abord, ne semblait pas intéressé, mais m’a quand même laissé parlé du projet et m’a finalement apporté quelques critiques constructives vraiment intéressantes.

    Dans l’ensemble, tout le monde a eu l’air intéressé par mon projet, mais la plupart auraient préféré un projet fini. L’ensemble des rencontres a cependant été bienveillante et intéressante.

    Voilà ce qui me mène au titre de cette note de blog…

    L’univers ne veut pas que vous lisiez la suite de l’Horloge parce que pour l’instant, il me pousse à écrire rapidement un premier jet de ce que j’ai présenté ici pour pouvoir le soumettre tout aussi rapidement. Ce qui repousse d’autant la sortie de La Neste Funeste.
    Cependant, et avant de jurer le point levé vers l’écran de votre ordinateur/tablette/smartphone/fax(!), sachez que j’entrevoyais déjà une réécriture complète de la Neste Funeste pour l’améliorer, donc soyez assurés que la patience qu’il vous faudra encore afin de pouvoir la lire n’apportera que du mieux (j’espère pour mes fesses, sinon, je sens bien que vous allez venir avec des fourches ^)

  • 201 — L’Horloge sur Pinterest

    Pour écrire l’Horloge de la XIIIe Heure, je me suis basé sur quelques documents importants pour moi et surtout véritables. Et je trouvais ça intéressant de vous les montrer.
    Donc j’ai créé un tableau sur Pinterest pour regrouper ces quelques éléments.
    Vous y verrez en vrac :
    — Un plan de l’exposition (avec un lien pour le consulter en ultra HD sur le site de Gallica)
    — Des photos du dôme central et de la porte de l’horlogerie de l’Exposition universelle
    — La couverture du livre, parce que, bon, il fallait la mettre

    Mais surtout le plus important pour moi le facsimilé de l’article de journal relatant le double suicide de Marc Rongier et Joseph Bougy et les facsimilé de leurs actes de décès. D’ailleurs dans le livre l’acte de décès de Joseph Bougy est retranscrit à l’identique, fautes et erreurs incluses.

    Donc, si ça vous intéresse, c’est par ici :

    https://fr.pinterest.com/comtedex/lhorloge-de-la-xiiie-heure/