Tag: Amelodine

  • 037 – La chose

    Phrase donnée par Amelodine

    Elle démarra le broyeur et jeta la chose.

    La machine l’avala sans même brocher. Éloïse arrêta rapidement la machine puis s’épousseta les mains, fière de ce qu’elle venait de faire.

    Théophile la rejoignit, regardant inquiet, en arrière.

    « Je crois que c’est bon. Ça devrait les retenir un moment. Tu en as fait quoi ?

    — Détruite.

    — Pardon ? Théophile n’en croyait pas ses oreilles. Tu as fait quoi ?

    — Je l’ai jetée dans le broyeur.

    — Mais pourquoi t’as fait une chose pareille ??

    — C’est toi, répondit Éloïse, tu m’as dit « occupe-t’en » en me la donnant, je croyais…

    — Je t’ai dit de t’en occuper mais c’était pour la mettre en sécurité !! Théophile leva les bras au ciel avant de se laisser glisser le long d’un mur, désespéré.

    — Oh ! Hé ! C’est bon, t’as qu’à être plus clair la prochaine fois !

    — Y aura pas de prochaine fois. C’ était notre seul moyen de sortir d’ici. »

    Le jeune homme se retint de sangloter. Éloïse le regarda et se sentit mal. S’il commençait à se laisser envahir par le désespoir, c’est que la situation était vraiment grave. Elle ne savait pas quoi faire.

    Au bout d’une minute, Théophile jeta un œil sur les copeaux qui jonchaient le sol en dessous. Il fronça les sourcils puis, à quatre pattes, se jeta littéralement sur le tas de détritus et commença à le fouiller en détail, tel un archéologue. Éloïse ne comprenait pas vraiment ce qu’il faisait.

    Au bout d’un instant, Théophile releva la tête.

    « Quoi ? demanda Éloïse.

    Théophile se releva et se jeta à moitié dans le broyeur.

    — Mais qu’est-ce que tu fais ? Tu es fou, Théo ?

    Le jeune homme émit quelques sons étranges, résonnant étrangement dans la machine, puis après d’autre gesticulation parvint à s’en extraire. Il brandit fièrement la chose.

    — Elle est restée coincée entre deux dents. J’ai compris quand j’ai vu qu’il n’y avait pas de morceaux correspondants en bas.

    Théophile attrapa Éloïse par la taille et l’embrassa avant d’ajouter :

    — Nous sommes sauvés ! »

  • 033 – Le secret

    Phrase donnée par Amelodine

    « Si j’avais su, je ne te l’aurais jamais dit, annonce Carine derrière le bar de la cuisine américaine, en train de manger directement dans le pot de glace. Émilie se retourne pour se retrouver à genoux sur le canapé, appuyé sur le dossier, et regarde son amie avec étonnement, un peu vexée.

    — Mais pourquoi ? C’est dégueulasse ! Je suis ta meilleure copine quand même ! Tu peux pas cacher un truc pareil ?

    Émilie se rassoit pour regarder la télé. Elle croise les bras, mécontente.

    — Moi, je te l’aurais dit immédiatement. Ça me tue que tu puisses garder des secrets pour moi.

    — Non mais, attends, reprend Carine piquée au vif. C’est pas toi qui avait oublié de me dire que t’avais couché avec Théo avant que je sorte avec lui ?

    — C’est pas pareil. Et puis, c’était un mauvais coup de toute façon. Je voulais pas orienter ton avis.

    — Et la fois où tu as réussi à avoir des places en back stage pour le concert des Winking Wapitis, et que tu as préféré y aller avec cette connasse de Johanna. T’avais même pas osé m’en parler. Je l’ai appris par les bruits de couloirs !

    — Non, mais là, c’est parce que c’est Johanna qui avait eu les places et je te l’ai pas dit parce que je savais que tu serais dèg’ si tu l’apprenais et que tu pouvais pas venir.

    — D’accord. Carine balaya l’argument d’un revers de la main dans l’air. Et quand tu as cru que t’étais enceinte après un coup d’un soir et que t’as flippé pendant des semaines ? Je crois que tu m’en as pas parlé non plus ! C’est ton frère qui t’a balancée, sans faire exprés.

    Sur le coup, Émilie ne sait plus trop quoi ajouter. Elle s’enfonce doucement dans le canapé et essaie de faire disparaître jusqu’au bout de sa tête de la vue de Carine qui reprend :

    — Donc tu vas pas me faire une scène sur l’amitié et les secrets !! Surtout qu’en plus, j’étais pas au courant ! »

  • 011 – La Décision

    Phrase donnée par Amelodine – inventée par Dexash

    Il resta pensif un moment, les yeux dans le vague, avant de prendre sa décision.

    Cela faisait des années que ça durait. Il n’en avait plus envie. Des années que chaque soir, il rentrait chez lui, usé par le poids de la culpabilité. Des années qu’il s’asseyait chaque soir pour s’abrutir devant la télé pendant des heures afin d’oublier mais chaque nuit, au lieu de dormir, il y pensait et y pensait encore. Ça n’était plus possible.

    Sa femme l’avait quitté pour ça. Et maintenant, il comprenait vraiment pourquoi. Il la pardonnait presque d’être partie, vu le temps qu’elle avait mis pour le faire et tout ce qu’elle avait dû endurer par sa faute. Ce mariage avait duré seize ans. Elle méritait une médaille d’avoir tenu si longtemps. L’entrée au paradis, même.

    Son manager aussi lui avait dit qu’il fallait faire quelque chose, que ça « l’empêchait d’être en total cohérence avec l’esprit de la boîte », que ça mettait mal à l’aise toute le monde à l’étage et même dans les autres sections.

    Il avait raison. Ils avaient tous raison. C’était incroyable d’avoir dû attendre autant de temps pour se rendre compte de la triste réalité. Et à présent qu’il lui faisait face, il ne voyait plus qu’elle.

    Et dire que c’était ce gosse qui lui avait fait prendre conscience de la chose. Ce gosse. Cet ado en fait. De ceux qui n’ont pas la langue dans leur poche et disent tout haut ce que tout le monde pensent tout bas. Peut-être était-ce parce que ça venait d’un étranger, peut-être était-ce parce que ça venait d’un sale gamin, peut-être était-ce juste parce qu’il était temps d’accepter la chose… Sa décision était prise.

    Dans la salle de bain, le regard fatigué plongeant dans celui de son reflet, il dénoua lentement son nœud de cravate. Regardant au creux de sa main le morceau de tissus qu’il portait tous les jours depuis si longtemps, il appuya sur la pédale de la poubelle qui s’ouvrit avec ce son métallique si habituel et jeta sa cravate Babar.