Category: Nouvelles

  • 038 – Le rocher

    hrase donnée par Dexash

    Les gens s’écartaient autour de lui, telle une rivière contournant un rocher.

    À part qu’ils ne le touchaient pas. Ils n’osaient pas.

    Il était le seul à revenir de cet endroit vers lequel tous allaient, remplis d’espoir.

    Les quelques réfugiés qui le regardaient avec un peu d’attention avaient pu voir qu’il était comme plus lumineux, plus coloré, rayonnant, alors que tous semblaient grisâtres. La plupart des gens avaient la tête courbée, lui se tenait bien droit. Il marchait d’un pas assuré.

    Certains de ceux qui étaient passé près de lui, sans le toucher, avaient senti comme de la chaleur se dégager de lui.

    Tous se demandait qui était cet homme mais personne n’osait s’arrêter pour lui demander.

    Il devait être l’un de ceux qui avaient réussi à passer de l’autre côté. Là où tous se dirigeaient. Et pourtant, seul de rares êtres étaient capables de revenir. Chaque fois, ils étaient devenus de grands prophètes.

    Il n’avait même pas besoin de parler. Sa simple vision ravivait la foi de ces gens et les aidaient à continuer vers leur destin commun, les laissaient espérer qu’ils seraient le prochain bienheureux à revenir et à donner la foi aux suivants.

  • 037 – La chose

    Phrase donnée par Amelodine

    Elle démarra le broyeur et jeta la chose.

    La machine l’avala sans même brocher. Éloïse arrêta rapidement la machine puis s’épousseta les mains, fière de ce qu’elle venait de faire.

    Théophile la rejoignit, regardant inquiet, en arrière.

    « Je crois que c’est bon. Ça devrait les retenir un moment. Tu en as fait quoi ?

    — Détruite.

    — Pardon ? Théophile n’en croyait pas ses oreilles. Tu as fait quoi ?

    — Je l’ai jetée dans le broyeur.

    — Mais pourquoi t’as fait une chose pareille ??

    — C’est toi, répondit Éloïse, tu m’as dit « occupe-t’en » en me la donnant, je croyais…

    — Je t’ai dit de t’en occuper mais c’était pour la mettre en sécurité !! Théophile leva les bras au ciel avant de se laisser glisser le long d’un mur, désespéré.

    — Oh ! Hé ! C’est bon, t’as qu’à être plus clair la prochaine fois !

    — Y aura pas de prochaine fois. C’ était notre seul moyen de sortir d’ici. »

    Le jeune homme se retint de sangloter. Éloïse le regarda et se sentit mal. S’il commençait à se laisser envahir par le désespoir, c’est que la situation était vraiment grave. Elle ne savait pas quoi faire.

    Au bout d’une minute, Théophile jeta un œil sur les copeaux qui jonchaient le sol en dessous. Il fronça les sourcils puis, à quatre pattes, se jeta littéralement sur le tas de détritus et commença à le fouiller en détail, tel un archéologue. Éloïse ne comprenait pas vraiment ce qu’il faisait.

    Au bout d’un instant, Théophile releva la tête.

    « Quoi ? demanda Éloïse.

    Théophile se releva et se jeta à moitié dans le broyeur.

    — Mais qu’est-ce que tu fais ? Tu es fou, Théo ?

    Le jeune homme émit quelques sons étranges, résonnant étrangement dans la machine, puis après d’autre gesticulation parvint à s’en extraire. Il brandit fièrement la chose.

    — Elle est restée coincée entre deux dents. J’ai compris quand j’ai vu qu’il n’y avait pas de morceaux correspondants en bas.

    Théophile attrapa Éloïse par la taille et l’embrassa avant d’ajouter :

    — Nous sommes sauvés ! »

  • 035 – Acte réflexe

    Phrase donnée par NiniMousse

    « Franchement, t’étais obligé de faire ça ? s’écria Linda, visiblement mécontente.

    Alex haussa les épaules, incapable de répondre. Il ne voyait pas vraiment le mal. Après tout, il n’avait fait ça que pour aider. Quand on est dans l’urgence, des fois, on ne réfléchit pas. Ou plutôt, notre cerveau reptilien nous fait agir sans passer par le centre de la pensée. C’est là qu’on a des actions réflexes, comme attraper quelque chose qui tombe avant d’avoir pensé à tendre la main. C’était un système de survie, à l’origine. Mais là, Alex ne savait pas vraiment ce qu’il lui avait pris. Il ne voyait pas vraiment le lien entre son action et son instinct de survie.

    Même si après coup, il ne regrettait pas, il n’arrivait pas comprendre pourquoi il avait agi comme ça.

    « Tu vas me répondre ? reprit la jeune fille.

    — Je ne sais pas vraiment. Depuis que tu l’avais largué, j’ai cru comprendre qu’il n’arrêtait pas de t’embêter. Je me suis dit qu’au moins, comme ça, tu serais tranquille.

    — Ah !

    Linda avait l’air un peu déçue.

    — Je n’aurais pas dû, c’est ça ?

    — C’est pas ça, reprit la jeune femme hésitante. C’est bien que tu l’aies fait pour moi, mais j’aurai préféré que tu le fasses parce que t’en avais juste envie. »

    Alex regarda Linda étrangement. Il essayait d’intégrer ce qu’elle venait de lui dire, et comment elle le lui avait dit. C’était un aveu. Un aveu qui lui fit comprendre pourquoi il avait agi ainsi. Son cortex reptilien avait agi de la sorte parce que ça faisait très longtemps que sa raison rêvait de le faire. Alex sourit, s’approcha de Linda et l’embrassa de nouveau.

  • 034 – Le clan

    Phrase donnée par Mélize the Fairy

    Longtemps, j’ai obéi à la loi du clan.

    Depuis mon plus jeune âge, j’ai été entrainé pour devenir un excellent chasseur, sinon le meilleur. J’écoutais les ordres toujours sans broncher, les exécutais sans tergiverser, acceptais les félicitations et les réprimandes, méritées ou non.

    De nombreuses fois, j’étais celui qui ramenait le plus grand nombre de gibiers. J’étais le héros du clan. Quand la fille du chef s’est perdue dans la forêt et que tous craignaient qu’il ne lui soit arrivé quelque chose de grave, c’est moi, encore, qui l’ai retrouvée.

    J’étais le plus discipliné de tous et en même temps, le plus à même de reprendre la direction du clan à la mort le chef.

    Alors quand son fils a voulu prendre la succession, j’ai refusé. J’ai fait entendre la voix de mon mécontentement. Quand il a voulu me frapper pour asseoir sur moi son autorité, je me suis battu avec. Il était fort, mais pas autant que moi. J’étais le meilleur, bien meilleur que lui.

    Mais quand les gens l’ont vu mort, la gorge déchirée et moi recouvert de son sang, ils ont compris et ont eu peur. Ils m’ont chassé. Ils étaient trop nombreux et je ne voulais pas leur faire de mal. Ils avaient peut-être raison. Je n’étais peut-être pas fait pour vivre dans un clan.

    À présent, je vis dans la forêt. Je suis un loup solitaire.

  • 033 – Le secret

    Phrase donnée par Amelodine

    « Si j’avais su, je ne te l’aurais jamais dit, annonce Carine derrière le bar de la cuisine américaine, en train de manger directement dans le pot de glace. Émilie se retourne pour se retrouver à genoux sur le canapé, appuyé sur le dossier, et regarde son amie avec étonnement, un peu vexée.

    — Mais pourquoi ? C’est dégueulasse ! Je suis ta meilleure copine quand même ! Tu peux pas cacher un truc pareil ?

    Émilie se rassoit pour regarder la télé. Elle croise les bras, mécontente.

    — Moi, je te l’aurais dit immédiatement. Ça me tue que tu puisses garder des secrets pour moi.

    — Non mais, attends, reprend Carine piquée au vif. C’est pas toi qui avait oublié de me dire que t’avais couché avec Théo avant que je sorte avec lui ?

    — C’est pas pareil. Et puis, c’était un mauvais coup de toute façon. Je voulais pas orienter ton avis.

    — Et la fois où tu as réussi à avoir des places en back stage pour le concert des Winking Wapitis, et que tu as préféré y aller avec cette connasse de Johanna. T’avais même pas osé m’en parler. Je l’ai appris par les bruits de couloirs !

    — Non, mais là, c’est parce que c’est Johanna qui avait eu les places et je te l’ai pas dit parce que je savais que tu serais dèg’ si tu l’apprenais et que tu pouvais pas venir.

    — D’accord. Carine balaya l’argument d’un revers de la main dans l’air. Et quand tu as cru que t’étais enceinte après un coup d’un soir et que t’as flippé pendant des semaines ? Je crois que tu m’en as pas parlé non plus ! C’est ton frère qui t’a balancée, sans faire exprés.

    Sur le coup, Émilie ne sait plus trop quoi ajouter. Elle s’enfonce doucement dans le canapé et essaie de faire disparaître jusqu’au bout de sa tête de la vue de Carine qui reprend :

    — Donc tu vas pas me faire une scène sur l’amitié et les secrets !! Surtout qu’en plus, j’étais pas au courant ! »

  • 032 – Manque d’originalité

    Phrase donnée par Luigi B.-B.

    Si un jour on avait pu me prédire que je serais, en pleine nuit, en train d’écrire une phrase sur mon portable sans trop savoir où cela me mènerait, j’aurais essayé de me montrer plus original qu’en cet instant.

    J’aurais pu répondre que je ne crois pas en ces conneries de prédictions faites dans un coin sombre d’une pièce enfumée par l’encens, ou ailleurs.

    Que si prévoir l’avenir est si simple, pourquoi ne pas me donner directement les numéros gagnants du loto ?

    Que je ne crois pas au coup de foudre, à l’amour au premier regard ni à toutes ces conneries qui sont la base de chaque comédie romantique mielleuse bourrée de clichés qu’on voit au ciné ou à la télé.

    Que de réfléchir trois plombes pour écrire un petit SMS, juste pour être sûr de pas en mettre trop ou pas assez, de peur de ne pas être assez explicite mais craignant de prendre un vent, je trouve ça parfaitement ridicule, parce que prendre un vent, après tout, c’est pas bien grave.

    Que de vouloir s’engager, de toute façon, c’est de la connerie et, surtout, c’est pas pour moi, je suis bien trop jeune pour ça, j’ai encore le temps.

    Que je préfère draguer tout ce qui bouge pour des histoires sans lendemain.

    Si un jour on avait pu me prédire que je serais, en pleine nuit, en train d’écrire une phrase sur mon portable sans trop savoir où cela me mènerait, voilà ce que j’aurais dû répondre, parce que c’est ce que je pense.

    Alors pourquoi ai-je du mal à envoyer ce message à cette fille que j’ai rencontré il y a trois jours, qui n’est pas sortie de mes pensées depuis, que j’ai l’impression d’avoir attendue toute ma vie ? Et pourquoi ai-je l’impression qu’une réponse négative de sa part me briserait en mille morceaux ?

    Finalement, je prends mon courage à deux mains et j’envoie ce message, d’une simplicité navrante et qui me fait l’impression d’être le plus important de toute ma vie.

  • 031 – Le poignet

    Phrase donnée pas Celle de X

    « Trois métacarpiens étaient fracturés ainsi que l’amatum et le triquetrum ! annonça le médecin.

    — Faut être un sacré branleur pour arriver à se péter tout ça d’un coup, rajouta la manip radio.

    Le docteur lui lança un regard sévère, puis retournant la radio de la main et du poignet :

    — Il s’est fait ça comment ?

    — D’après lui, une chute, mais j’ai du mal à y croire.

    — Quel âge il a ce garçon ? 15, 16 ans ?

    — Soixante-douze.

    — Pardon ? C’est impossible ! Vous avez mélangé les clichés. On voit bien que ce patient-là a encore son cartilage de croissance !

    — Peut-être mais c’est sûr que c’est bien le cliché de ce monsieur. C’est moi qui ai fait la radio, je sais ce que je fais encore ! Mais bon, il fait quand même assez jeune pour son âge, alors il a peut-être un problème d’hormones qui le font vieillir moins vite et ça aura empêché son cartilage de s’ossifier. Je sais pas.

    — Je n’ai jamais vu ça de ma carrière, ni jamais entendu parler d’une chose pareille. C’est la première fois qu’il vient chez nous ?

    — Oui, je crois. Je peux demander aux secrétaires, si vous voulez.

    — Faites-le plutôt rentrer en salle de radio, je vais l’examiner. Il faut que je voie ça de mes yeux. »

    Le manip radio, sceptique, alla dans la salle d’attente récupérer le patient au poignet d’adolescent et l’emmena dans une des salles et prévint le radiologue.

    Le patient ressemblait à un homme dans la force de l’âge. Il se tenait bien droit et bougeait comme si de rien n’était. Normalement, il aurait dû garder sa main contre lui, de façon à la garder bien immobile et éviter les douleurs.

    Le docteur s’assit sur un tabouret et invita cet étrange bonhomme à faire de même. Il manipula le poignet cassé et pourtant le vieux n’avait pas l’air d’avoir mal.

    « Monsieur, commença le radiologue, pouvez-vous me rappeler votre âge ?

    — J’ai soixante-douze ans.

    — Vous êtes vous déjà cassé quelque chose ?

    — Non, docteur, jamais.

    — Et quand je vous manipule le poignet, ça vous fait mal ?

    — Non, plus maintenant, répondit l’homme étonné. C’est ma fille qui m’a poussé à venir. Je lui ai dit que ce n’était rien. Mais elle a insisté. Vous savez comme les enfants s’inquiètent quand on atteint un âge certain. Vous avez des enfants, docteur ?

    — Oui, une fille moi aussi, mais elle est encore trop jeune pour s’inquiéter pour moi. Monsieur, cela vous dérange-t-il si je fais reprendre une radio de votre poignet ?

    — Non, évidemment, docteur. Mais ce n’est rien de grave, dites-moi ?

    — Non, non, juste un cliché de contrôle pour vérifier quelque chose qui apparaît mal sur le précédent.

    Le docteur se leva.

    — Restez assis, je vous envoie le technicien qui va prendre une nouvelle radio, ça ne prendra qu’une minute. »

    Le docteur récupéra son manipulateur et l’envoya refaire exactement les mêmes clichés que précédemment. Une fois celui-ci développé, ils restèrent comme deux ronds de flancs.

    « C’est pas possible ! lança finalement le docteur. Il n’y a plus rien !

    — Si j’avais pas fait les radios moi-même, j’aurais du mal à croire que c’est la même personne à vingt minutes d’intervalles.

    — Irréel. Il faut qu’on lui fasse des tests. Je dois savoir comment il arrive à guérir comme ça. Vous imaginez ce que ça peut apporter à l’humanité, la capacité à guérir d’une fracture dans la journée ? Allez me le chercher, il faut que je lui parle ! »

    Le docteur s’imaginait déjà prix Nobel de médecine quand son technicien revint penaud. Il annonça que le patient était parti et que le formulaire qu’il avait rempli était tellement illisible qu’il serait impossible de le retrouver.

  • 030 – Journée difficile

    Phrase donnée par Magalie

    Après une journée difficile, elle ne souhaitait qu’une seule chose mais tout avait changé.

    Affalée, plus qu’assise, dans son fauteuil, elle regardait avec désolation le salon qui était dans ce même état. Elle se disait que Capharnaüm un jour de marché ne devait pas être plus en désordre.

    Cela faisait des mois qu’elle passait ses journées à ranger après le passage de ses enfants. Nettoyer la maison, ranger les jouets, s’occuper du linge, passer l’aspirateur, ranger les jouets, donner le bains, préparer à manger, ranger les jouets.

    Des mois que ça durait et elle avait l’impression d’avoir vieilli de dix ans. Pourquoi avait-elle voulu des enfants déjà ?

    À cet instant, alors qu’il fallait encore préparer le repas du soir et que les monstres étaient encore en train d’éparpiller des jouets dans tout le salon, elle se posait vraiment la question, regrettant la vie de simple couple, finalement agréablement monotone, à tout jamais enterrée.

    Il n’y avait finalement pas si longtemps encore, et pourtant cela semblait tellement lointain, son mari et elle allaient assez souvent au restaurant, au cinéma ou danser.

    Tout ça était fini. Et elle avait l’impression qu’elle ne le vivrait jamais plus.

    Parvenant à sortir de sa léthargie, elle se dirigeait vers la cuisine quand elle entendit la serrure de la porte d’entrée s’actionner. Elle bifurqua pour accueillir son homme.

    Elle se sentait moche et usée. Lui, souriait.

    « Ma chérie, qu’est-ce que tu fais comme ça ? Va t’habiller ! Ma mère arrive dans vingt minutes pour garder les gosses, moi je t’emmène au resto et on finit la nuit à l’Hôtel !! »

    Elle sourit. Finalement, tout n’avait peut-être pas changé.

  • 029 – Le trou

    Phrase donnée Par Ambrose

    « Et voilà !

    — Reste plus qu’à reboucher, maintenant ! »

    J’ouvre les yeux, difficilement, et je vois un trou. En fait, je suis dans le trou. Allongé. Je vois le ciel. Et je vois la silhouette de deux bonshommes, penchés au-dessus de moi. Je crois qu’ils viennent de me jeter au fond de ce trou. Et maintenant, ils m’envoient de la terre dessus.

    Putain mais ils essaient de m’enterrer vivant !

    J’essaie de crier mais j’ai l’impression que ni ma voix ni ma bouche ne reçoivent les ordres de ma pensée. J’essaie de bouger mes membres, de remuer, mais la fenêtre sur le ciel ne bouge pas d’un poil. Je ne sais pas si je suis attaché ou complètement paralysé. C’est dingue.

    Et puis pourquoi moi ? Je ne suis personne. J’ai jamais rien fait de mal, jamais mal parlé à quelqu’un, jamais emprunté d’argent à quelqu’un qu’à une banque, jamais eu de dettes de jeux. Qu’est-ce que je fiche au fond de ce trou ?

    Ils continuent à me jeter de la terre dessus, des pelletées, encore et encore.

    Je n’arrive toujours pas à bouger ou crier. J’ai envie de pleurer de rage de ne pas être capable de faire quoi que ce soir pour sauver ma peau.

    Finalement, Je reçois une pelletée de terre sur le visage. Je ne vois plus rien. Seulement, là, je trouve la force de me relever. Étrangement, je m’attendais à avoir plus de difficulté à soulever tout ce poids de terre qui m’écrase.

    Hors du trou, je vois les deux hommes qui s’éloignent. La fosse est entièrement rebouchée. Je ne sais pas vraiment comment j’ai réussi à m’en extirper. Je cours derrière mes deux meurtriers pour leur demander des explications. Ce n’est pas très intelligent, je suis seul, je ne sais pas me battre. Il y a de fortes probabilités que je risque de retourner d’où je viens de me sortir.

    Ils marchent tranquillement. À trois pas d’eux, j’ai juste le temps d’entendre :

    « On devrait jamais voir partir ses enfants.

    — Ouais. Un A.V.C. à vingt-cinq ans, c’est moche quand même ! »

  • 028 – Le doute

    Phrase donnée par Chloé

    « Elle a couru après un train pour finalement en retrouver un autre, direction nulle part, terminus je-ne-sais-où.

    — Non, mais tu parles de Tati, là aussi. On sait très bien comment elle est. Avec son caractère, c’est pas étonnant qu’elle fasse fuir tous les mecs biens et qu’elle n’ait que des relations merdiques !

    — Ne parle pas comme ça !

    Gwladys leva les yeux aux ciels. Sa grand-mère pouvait être d’un vieux-jeu parfois.

    — Mamy, c’est bon ! J’ai plus huit ans. Et puis c’est quoi cette métaphore avec des trains ?

    — Je veux que tu comprennes qu’un homme bien comme ton Jérémy, il faut le garder, y faire attention, ne pas le laisser tourner comme ça autour d’autres filles.

    — je comprends bien que tu t’inquiètes pour moi, mais ça va. Il m’a dit que c’était une copine de primaire. J’ai confiance. Et puis, bon, je vais pas jouer à celle qui est hyper jalouse et lui interdire de voir d’autres filles si je suis pas avec… Il me prendrait pour une psychopathe.

    — Oui, oui. »

    Gwladys sentit bien tout le sarcasme de sa grand-mère dans cette réponse laconique. Elle préféra laisser tomber et rejoignit son père qui tondait la pelouse. Elle s’affala sur la table du salon de jardin, ses mains appuyées sur ses joues, les faisant plisser d’une façon peu gracieuse.

    Il fallut un instant à son père, concentré sur sa tâche, pour remarquer sa fille dans cette position étrange. Il savait que, quand elle grimaçait comme ça, cela voulait dire qu’elle était préoccupée. Il coupa le moteur de la tondeuse et alla s’asseoir en face d’elle.

    « Qu’est-ce qui t’arrives, mon ange ?

    — C’est mamy, elle me fout le doute avec ses sous-entendus !

    — C’est-à-dire ?

    — Jérém’ voit une copine à lui cette après-midi. Une connaissance de primaire. Et mamy me dit d’aller le surveiller parce qu’elle pense que c’est une concurrente pour moi.

    — Ah ! Et toi ? Tu en penses quoi ?

    — Pfff. Tout à l’heure, je voyais pas de problèmes mais maintenant, je sais plus trop.

    — Elle est mignonne, cette fille ?

    — Ouais, d’après les photos, elle est pas mal.

    — Tu l’as déjà rencontrée ?

    — Non, jamais.

    — Et ils ne se voient que cet après-midi ? Tu vois Jérémy ce soir ?

    — Non, elle vient de loin, alors il passe la soirée avec aussi.

    Le père de Gwladys fit une moue peu encourageante.

    — Tu penses que c’est dangereux ? demanda-t-elle, inquiète.

    — Jérémy est un bon gars, j’ai confiance en lui, mais je vais pas te mentir. C’est un gars. Et si une jolie fille tourne autour, surtout après une après-midi et une soirée juste eux deux… il y a toujours un risque de dérapage… »

    Gwladys se leva d’un bon, attrapa sa veste dans l’entrée avant de déguerpir en claquant la porte d’entrée.

    Son père alla dans la cuisine prendre une bière dans le frigo.

    « Tu vois, commença la grand-mère, elle est comme ta sœur. Elle va rater son train et rester sur le quai, à ce rythme.

    — Mais ça va bien se passer Maman. Jérémy est un bon gars… Et puis c’est quoi cette histoire de trains ? »