Category: Nouvelles

  • 124 – Reprise

    Enfin libre. Après des mois enfermé dans cet endroit étrange, X avait enfin pu sortir.

    Arrivant chez lui, il constata avec un léger soulagement que l’endroit n’avait pas l’air d’avoir subi de dégâts de l’extérieur. Il poussa la porte délicatement, malgré tout encore un peu fébrile de ce qu’il allait y trouver. Un capharnaüm dû à la visite de quelque animal sauvage, voire pire, de quelque détrousseur ?

    Soupirant, rassuré, X découvrit son chez lui exactement comme il l’avait laissé en partant, hormis une épaisse couche de poussière et de nombreuses toiles d’araignées dans les coins.

    Posant nonchalamment son sac, l’impact au sol souleva un nuage de particules. X entreprit d’ouvrir immédiatement tous les volets, toutes les fenêtres et d’aérer un grand coup l’édifice. Il avait l’impression d’être comme cet endroit : de n’avoir pas vu la lumière du jour depuis trop longtemps.

    Ces nombreuses semaines, il s’était obligé à rester enfermé dans cette très étrange bibliothèque aux aspects de labyrinthe, antre de la connaissance où il était aisé de s’y perdre corps et âme. Certes, au départ, il l’avait choisi. Choisi de passer les tests du grand Sphinx. Choisi de s’y préparer correctement, contrairement à la fois précédente. Choisi de ne se focaliser que sur l’augmentation de ses connaissances à travers les nombreux documents que sa prison dorée lui permettait de compulser, et de laisser tout le reste de côté. Il était cependant passé par de nombreux moments de doute. Allait-il parvenir à défaire cette bête au savoir quasi illimité ? Allait-il pouvoir lui répondre ?

    À présent, tout était fini. Le Sphinx lui avait posé ses questions et X lui avait répondu. Il avait trouvé ça beaucoup plus facile que la première fois. Peut-être était-ce un signe… Il n’en savait rien. Le Sphinx ne faisait jamais que poser des questions. X ne saurait vraiment s’il avait passé le test que plus tard. On lui avait dit qu’il le saurait, qu’il le sentirait au plus profond de lui. Pour l’instant, il ne sentait rien.

    Aucune importance. X, content de ce qu’il avait pu répondre au monstre, avait décidé de reprendre sa vie tranquillement, sans attendre cette réponse, parce qu’après tout, ça n’était pas le plus important. Le plus important, c’était…

    Un fois la maison bien aérée et nettoyée, X tira la chaise de son bureau et s’installa. Il ouvrit délicatement son carnet de notes qui craqua légèrement, sorte de protestation pour n’avoir pas été utilisé, depuis trop longtemps. X trempa sa plume dans l’encre et commença à gratter le papier, souriant à ce son si familier, heureux de retrouver cette activité qui lui avait tant manqué.

    _________________________________________________

    Vous l’aurez compris, me voilà de retour. Je ne sais pas si j’aurai le temps de publier aussi souvent qu’avant mais j’essaierai. Promis.

    Et au fait : Bonne Année 😀

  • 123 – Alan

    Phrase donnée par Alice Saturne

    Il lança les dés, attendant que son destin soit scellé.

    C’était une idée folle qu’il avait eu de jouer son droit à monter à bord de cette navette par ce biais. Les chances qu’il parvienne à faire un double six sur un seul lancé étaient mince. Évidemment, il aurait pu utiliser ses pouvoirs pour arriver à ce résultat mais il savait très bien que les télékinésiens n’étaient pas appréciés et c’était justement pour cette raison qu’il avait besoin de monter à bord et de fuir cette planète un peu trop hostile pour lui.

    Alan avait lancé les dés forts sur la grande table. Ils avaient rebondi sur les parois deux fois déjà et continuaient à tournoyer sur eux-mêmes. Leur rotation commençait à ralentir, ils allaient enfin tomber et annoncer leur verdict.

    Le jeune homme retint son souffle sans vraiment s’en rendre compte. Le temps sembla ralentir. Les dés tournoyaient mais n’avaient pas l’air de vouloir s’arrêter. Il eut l’envie fugace d’appuyer dessus à distance pour terminer ce supplice et découvrir s’il pouvait monter à bord mais il se retint. Il ne voulait pas se mettre à dos ce capitaine qui, déjà, n’avait pas l’air de vouloir l’embarquer. On lui avait dit que c’était l’homme à voir pour quitter la planète le plus rapidement possible mais qu’il avait un caractère étrange et des méthodes pour juger les gens, peu conventionnelles. Ce qu’Alan avait immédiatement pu constater. Il l’avait trouvé assis sur une chaise en train de fumer un cigare, ses grosses bottes posées sur la table de jeu sur le pont arrière.

    Les dés tournaient toujours. Comment le pouvaient-ils ? Et ça ne semblait choquer personne. Le jeune homme regarda les quelques membres d’équipage qui entouraient leur capitaine et avaient les yeux rivés sur le tapis de jeu. Un ramassis d’hommes et de femmes de tous âges qui semblaient tous repris de justice. Se pouvait-il qu’il y ait un autre télékinésien dans le lot ? Les dés continuant de tourner sur eux-mêmes, le jeune homme essaya de découvrir lequel de ces personnages agissaient. Il ne serait pas compliqué à trouver, il fallait juste trouver celui qui avait l’air le plus concentré. Derrière deux gros balèzes, qui devaient être mécano ou quelque chose dans le genre vu la couche de cambouis sur leurs mains et leur bras hypertrophiés, se cachait une jeune fille aux cheveux courts et roses. Au premier regard, Alan comprit que c’était elle qui faisait ça.

    Mais pourquoi continuer à faire tourner les dés alors qu’il aurait été facile de les faire s’arrêter sur autre chose qu’un double six ? Il n’en savait rien mais si elle voulait jouer, elle avait trouvé le bon partenaire. N’hésitant plus, il commença à ralentir la rotation des petits cubes pour voir où se positionnaient les six pour les faire s’arrêter comme il le voulait. Au début, les dès ralentirent mais rapidement, ils repartirent de plus belle. Le temps pour la demoiselle de se rendre compte que l’invité surprise avait compris le manège.

    Forçant un peu, il continua d’essayer de ralentir le mouvement des dés. La jeune femme semblait puissante car malgré les efforts du jeune homme, elle parvenait à maintenir une bonne vitesse de rotation.

    Les forces invisibles qui contraignaient les deux petits cubes de résines étaient telles qu’elles commencèrent à déformer la matière, les faisant s’allonger verticalement, suivant l’axe de rotation, usant prématurément la moquette de la table de jeu.

    Le jeune homme commençait à avoir chaud et sentait des gouttes de sueur poindre sur son front et dans son dos. Derrière les deux armoires à glace, il voyait à peine le front de la jeune femme se plisser. Elle n’avait pas l’air de forcer plus que ça. Il fallait arrêter de jouer. Alan envoya lâcha un peu la pression avant de renvoyer un bon coup. Les quelques fois où il avait dû combattre des gens avec les mêmes capacités que les siennes, il avait agi de la sorte et en était ressorti vainqueur.

    Malheureusement, cette fois-ci, la jeune femme sembla anticiper son attaque et teint le choc. Les dés vacillèrent mais continuèrent leur course. Allan agrippa la table, comme pour se stabiliser et se concentra le plus intensément possible. La jeune femme se mit sur la pointe des pieds pour lui lancer un regard empli autant de détermination que de plaisir.

    Sur le pont, toutes les parois commencèrent à vibrer sous les puissances qui se combattaient en silence. Les vibrations devinrent rapidement des secousses. Les boulons qui assemblaient les plaques de métal des murs et du sol commençaient à se dévisser.

    Encore une dizaine de seconde et le vaisseau allait tomber en pièces sur le tarmac d’envol. Le capitaine claqua finalement des doigts. Les dés se plantèrent dans la table aussi vite que s’ils étaient sortis d’une arme à feu. Les tremblements stoppèrent. Alan relâcha immédiatement son esprit et la table, haletant comme s’il venait de faire un sprint, voyant la jeune femme s’essuyer le front du revers de la main. Le capitaine reposa ses pieds par terre et se leva de sa chaise. Tirant son cigare de ses lèvres :

    « On ne m’a pas menti sur toi, tu n’es pas mauvais. Bienvenu à bord ! Suis Hank, il va te montrer où tu crécheras pendant le voyage ! »

  • 122 – Le Croque-Mitaine

    Comme il faut bien se remettre au boulot un peu… C’est un peu chaud cette année pour moi après le NaNo, je ne sais pas pourquoi, j’ai une bonne gueule de bois post Novembre. Je n’avais rien écris depuis 9 jours, la plus longue période d’inactivité depuis mi-juillet. J’ai presque eu l’impression d’être rouillé. Pour l’instant, je n’ai pas décidé de reprendre le marathon (j’ai un gros exam à préparer pour mi janvier donc il faudrait quand même que je me mette à réviser). Merci d’être indulgent pour cette nouvelle de reprise.

    _____________________________________________________________________________

    Phrase donnée par Alice Saturne

    La petite fille partit dans un coin, pleurer en serrant son nounours dans ses bras. Elle n’aimait pas se retrouver seule dans sa chambre. Elle n’aimait pas être dans l’obscurité quasi complète, à peine estompée par la raie lumineuse qui passait du couloir sous la porte. Et surtout, elle n’aimait pas être punie parce qu’elle ne voulait pas faire ses devoirs.

    Elle savait qu’elle aurait la visite du croque-mitaine, qu’il sortirait du placard avec ses grands yeux verts et lumineux, comme les lucioles dans les hautes herbes, et avec ses grandes dents pointues et toutes de travers qui reflétaient comme des miroirs étranges les quelques grains de lumières qui venaient se poser dessus, sa grosse voix qui semblait être celle de pierres qu’on frotte l’une contre l’autre, son rire qui semblait faire trembler toute la pièce et faire danser le matelas.

    Et puis, il avait mauvaise haleine. La petite fille lui avait dit une fois, alors qu’ils buvaient le thé ensemble. Quand il arrivait et qu’il commençait à respirer dans la pièce avec son souffle lent et lourd, c’était comme si tout l’air se transformait en odeur de compost. La petite fille n’aimait vraiment pas ça et elle n’avait pas non plus aimé quand le croque-mitaine lui avait dit que ça venait probablement des enfants qu’il avait mangés ailleurs, dans d’autres maisons.

    Elle avait ri en entendant cette réponse mais avait bien compris au froncement de sourcils de cette étrange bestiole qu’elle ne rigolait pas avec ce sujet. La petite fille avait alors demandé pourquoi il mangeait les enfants. La réponse n’était jamais arrivée. Et la petite fille avait demandé pourquoi il ne la mangeait pas. Cette fois non plus, il n’avait rien dit.

    Elle avait élaboré un bon nombre de théorie à ce propos, s’imaginant parfois que le monstre des placards devait d’abord devenir ami avec les enfants pour les manger ou que les enfants devaient en avoir peur.

    À vrai dire, elle n’en avait pas peur. Juste, elle ne l’aimait pas. Elle le trouvait juste très étrange. Elle trouvait aussi très étrange que ses parents lui en parlent alors qu’ils ne l’avaient jamais vu en vrai. Elle le savait.

    Elle pleurait dans son coin depuis très peu de temps, juste le temps que les bruits de pas dans le couloir s’éloignent, quand la porte du placard s’ouvrit.

    « Qu’est-ce que tu as fait comme bêtise aujourd’hui pour encore être punie ? » demanda la grosse grosse voix.

    La petite fille arrêta de pleurer. Après tout, elle l’aimait bien son croque-mitaine.

  • 116 – Les avions

    Phrase donnée par Amelodine

    Il était une fois, un petit garçon qui avait peur des avions.

    Depuis qu’il était capable de lever les yeux au ciel, il se mettait à pleurer qu’il voyait ces objets inertes mais mouvants dans les airs. Car c’était bien les avions et pas n’importe quelle chose qui vole qui lui inspirait ce sentiment étrange d’appréhension. Les oiseaux le faisaient sourire.

    Dès qu’il eut l’âge de marcher — cette phobie ne le quittait pas—, il allait se cacher entre les jambes de son parent le plus proche.

    À l’âge de parler, ses parents lui demandèrent pourquoi il avait peur et il répondit qu’il n’aimait pas ces objets qui traversaient le ciel sans faire de mouvement et qui laissaient des traces blanches derrière eux. Ces parents ne comprirent pas vraiment ce qui lui faisait peur dans tout ça et pensèrent que ça lui passerait avec l’âge.

    Ils partirent une fois en vacances à l’autre bout du monde. Et pour ça, ils durent prendre l’avion, évidemment. Les parents du garçon qui avait alors sept ans s’inquiétèrent beaucoup de savoir comment leur fils allait réagir. Ils avaient raison. Si le check-in et le passage à la sécurité s’était bien passés, dès leur arrivée dans la zone de transit avec vue sur les appareils et leur ballet de décollage et atterrissage, le garçon se mit à hurler et agripper si fort la jambe de sa mère que tous les passagers se demandèrent ce qu’il se passait, tout en jetant des regards réprobateurs à ces deux parents qui ne savaient pas gérer leur progéniture.

    Finalement, une hôtesse vint et, offrant une sucette au garçon, parvint à le rassurer avec sa voix douce et son sourire enjôleur. Les parents espérèrent que tout irait aussi facilement dans la carlingue.

    Étonnamment, le voyage se passa sans encombre. Le garçon était resté tranquille et serein une fois à l’intérieur de l’avion. Ça n’était à y rien comprendre. Cet enfant avait peur de voir ces machines se déplacer dans le ciel mais il n’avait aucun problème à voyager dedans.

    Certains amis des parents avaient émis l’idée que leur enfant avait dû mourir d’un accident d’avion dans sa vie précédente. Il y en avait eu justement un quelques jours avant la naissance du bébé. Ces souvenirs inconscients le mettaient mal à l’aise. Seulement, les parents ne croyaient pas à ces balivernes.

    Les années passèrent. La peur des avions du garçon continua de s’exprimer malgré la force qu’il mettait à tenter de la contenir. Quand ils mangeaient sur la terrasse l’été et qu’une traînée blanche coupait le ciel, ses parents voyaient bien les yeux de leur fils faire des allers-retours frénétiques et inquiets, mais il ne disait plus rien et prenait sur lui.

    À dix-huit ans, le jeune homme partit pour de longues années pour ses études et n’eut que rarement l’occasion de rentrer voir ses parents. Quand ceux-ci lui avaient demandé ce qu’il étudiait, le jeune homme avait répondu assez évasivement.

    Il revint dans l’année de ses vingt-cinq ans affublé d’un uniforme reconnaissable entre mille, d’une veste avec galons sur les manches et d’une casquette d’aviateur. Ces parents crurent d’abord à une farce.

    Pour éviter d’avoir peur en voyant les avions voler au-dessus de lui, le jeune homme avait décidé de devenir pilote et dirigeait à présent ces engins qui l’avaient si longtemps effrayé.

  • 115 – Mynopée

    Phrase donnée par Dexash

    « De toute façon, c’est pas du tout sa couleur ! »

    À vrai dire, Ludo et Kori n’en savaient rien mais ils étaient là pour récupérer de l’objet magique, de l’artefact bien puissant, voire même, mais ça ils n’étaient pas sûrs d’en trouver, quelque épée ou arc légendaire.

    Ce donjon n’était pas de tout repos, les monstres étaient d’un niveau relativement fort par rapport à eux et après s’y être cassé les dents deux fois à l’entrée, les deux compères avaient décidé d’engager un guérisseur. Ils avaient une réputation assez misérable dans la région et eurent du mal à trouver. Finalement, ce fut une guérisseuse qui arrivait juste dans le coin qui répondit à l’offre. Elle avait l’air assez puissante mais avait demandé quarante pourcent des gains. Ludo et Kori avaient un peu tiqué mais s’étaient finalement résigné à accepter, ne trouvant personne d’autres et espérant beaucoup sur le résultat de ce donjon pour augmenter leur réputation et leur niveau.

    Il était vrai que jusque-là, Mynopée, c’était son nom, avait bien géré les choses et leur avait permis d’arriver au quatrième sous-sol. C’était un endroit un peu plus calme, comme si les monstres ne voulaient pas y aller.

    « Rester-là un instant, je reviens. Surtout, ne touchez à rien en attendant ! ordonna la demoiselle.

    Le guerrier et l’archer attendirent qu’elle disparaisse au détour d’un rocher pour faire exactement le contraire.

    — On va pas suivre les ordres d’une nana qui est notre employée ! lança Ludo.

    — Une guérisseuse en plus ! renchérit son ami.

    — Ouais ! Faudrait voir à arrêter de déconner cinq minutes ! »

    En étant parfaitement en accord l’un et l’autre, ils allèrent fouiner du côté opposé et trouvèrent rapidement un gros coffre en pierre sculptée, très joli, un peu usé par le temps.

    Sans se poser plus de questions, Ludo et Kori poussèrent la pierre qui recouvrait le coffre et découvrirent un cadavre entouré de nombreuses reliques. Quelques bagues, une épée de belle facture en très très bon état, un casque bien abîmé, une dague, un sac en toile élimée contenant un bon paquet de pièces.

    Les deux compagnons vidaient le cercueil pour en faire l’inventaire. L’épée semblait faite pour Ludo. Il avait senti sa puissance au moment où il l’avait prise en main. Kori avait pris la dague, elle pouvait toujours lui servir s’il tombait à court de flèches. Quand aux bagues, ils n’étaient pas spécialiste des identifications d’objets magiques et devraient les ramener à la surface pour savoir quoi en faire. Comme ils ne voulaient pas vraiment partager quarante pourcent du butin avec Mynopée, ils prirent le partie d’en garder une chacun puis de faire le partage avec le reste. Ils faisaient ce tri quand ils trouvèrent au fond du cercueil, un pendentif magnifique en or avec une opaline qui semblait briller dans la pénombre.

    « De toute façon, c’est pas du tout sa couleur ! » lança Kori, en plongeant le pendentif dans sa besace. Ludo acquiesça.

    Il eut soudain un grognement venant du fond de la tombe. Une main osseuse se posa sur le bord et le squelette du macchabé se redressa, poussant un râle vraiment lugubre. Mynopée revint à ce moment.

    « Mais qu’est-ce que vous avez fait ? Je vous avais dit de ne toucher à rien !!

    Ludo et Kori étaient quelque peu paralysés à la vue de cet adversaire qui sortait lentement mais sûrement de son tombeau.

    — Vous avez ouvert la tombe sans m’attendre ? Mais vous êtes débiles ! Il y avait des tonnes de pièges magiques dessus ! Vous avez tout déclenché !

    — Oui… Ben, fallait mettre moins de temps pour aller pisser, toi aussi ! répondit assez sèchement Ludo. Maintenant, fais ton boulot et envoie le sort qui va bien pour faire sauter les maléfices !

    Kori essaya de s’éloigner du monstre. À la distance à laquelle il se trouvait, son arc était inefficace. Il marchait lentement, comme au ralenti. Impossible pour lui de bouger plus vite. Mynopée avait raison. Ils avaient été ensorcelés.

    Ludo tenta de lever sa nouvelle épée mais cela lui fut impossible. Elle semblait peser des tonnes à présent.

    — Allez ! Fais quelque chose Mynopée ! On va se faire démonter, là ! Dépêche-toi ! avait-il crié.

    La jeune femme, excédée au plus haut point par l’attitude de ces deux idiots qui n’avaient pas arrêté de faire les lourds et les choses en dépit du bon sens, leva les yeux au ciel et soupira fortement. Elle n’avait jamais fait ça, mais ces deux-là le méritaient vraiment.

    — Vous n’écoutez rien et il faut que je sauve votre peau ? Démerdez-vous tout seul, puisque vous êtes si intelligents ! »

    Mynopée incanta un sort de protection qui l’enveloppa d’une légère aura bleue avant de reprendre les escaliers pour la surface.

    Ludo et Kori la regardèrent partir avec effroi.

  • 114 – Les enfants

    Phrase donnée par Laure-Isabelle Lila

    « Je préfère mes enfants.

    — Même si j’ajoute ce magnifique petit singe des montagnes affectueux, docile, tatoué et vacciné ?

    — Non merci, Monsieur. Je n’échangerai pas mes enfants contre ceux-là. Même s’ils ont l’air très bien élevés et très gentils, même si les miens m’énervent parfois, souvent, je préfère garder ce que je connais, plutôt que repartir à zéro avec une nouvelle progéniture.

    — Je comprends cet attachement que vous pouvez avoir, c’est bien normal. Après tout ce temps que vous y avez investi, perdu même, parfois, ces nuits blanches, ces réveils difficiles, ces énervements, vous vous dites que si vous changez d’enfants maintenant, tout ceci aura été inutile. Je vous répondrai que non, Madame. Car, c’est pareil avec chaque enfant, les vôtres ou ceux-ci, l’investissement en temps et énergie aurait été le même, mais, et c’est là le bon point, en les échangeant aujourd’hui, vous repartez avec deux nouveaux enfants que vous découvrirai et qui ne vous énerveront pas à la première bêtise, puisque les études montrent que l’ont est plus patient dans les deux premières années avec l’enfant. Sans compter évidemment que les modèles, présentés ici, sont un peu plus jeune que les autres, ce qui vous permet de revivre la période où ils sont encore mignons mais déjà autonomes. Vous ne repartez pas de zéro puisque vous n’aurai pas, par exemple, de problème de couches. Ils sont déjà propres et pas de problèmes pour les nuits, ils les font déjà depuis longtemps.

    La mère de famille se mordit la lèvre inférieure en plissant les yeux. Les arguments du vendeur étaient bons. Elle réfléchit à toutes les possibilités. Au départ, elle était surtout venue dans ce magasin d’échange pour faire peur à Billy et Bryan, après une semaine où ils avaient été particulièrement turbulents et désobéissants. À présent, elle se demandait si elle ne devrait pas les laisser ici et accepter l’échange avec les deux enfants que le vendeur lui proposait.

    — Combien de langues parlent-ils ? demanda-t-elle.

    — Pour l’instant, deux. Leur langue maternelle et la nôtre. Mais, ajouta le vendeur avant que la cliente potentielle n’ait le temps d’ajouter quoi que ce soit, ils sont génétiquement prêts à en apprendre six. Les deux sont assez similaires au niveau des prédispositions. On se dirigerait plutôt dans le médical, neurologie ou cardiologie.

    Les yeux de la mère s’allumèrent. Il avait touché une corde sensible on dirait. Ses enfants en étaient à l’âge où tout est compliqué à l’école. Les deux modèles que le vendeur présentait auraient les mêmes problèmes au même âge, sans compter que malgré les prédispositions, l’éducation et l’attention apportés aux enfants jouaient énormément sur le déroulement des études supérieures. La génétique ne pouvait rien contre ça. Mais ça, il se garderait bien de le dire, comme à chaque vente. C’était écrit en tout petit dans les dernières pages du manuel, c’était de la responsabilité des acheteurs de le lire.

    Il fallait qu’il continue dans cette lancé avec cette dame et l’affaire serait pliée dans les dix minutes.

    — Et au niveau sportif ?

    — Question importante, en effet, Madame. Celui-ci, dit le vendeur en posant une main sur la tête du plus grand des deux, sera plutôt dans les sports individuels du genre tennis. L’autre, plutôt sports collectifs.

    La bouche de la dame bougea dans un réflexe de désappointement. Le vendeur se reprit rapidement.

    — Ce ne sont que des prédispositions, rien n’est vraiment arrêté et vous pouvez très bien les mettre tous les deux dans la même académie sportive sans problème !

    À cet instant, deux gamins assez mal fagotés arrivèrent en courant et en hurlant pour s’arrêter devant la dame et débiter nombre de phrases incompréhensibles mais l’instinct de la mère, ou plutôt l’habitude à gérer ces deux-là, la faisait comprendre. Elle les regarda un instant et, le vendeur savait que c’en était fini, les attrapa par le cou tous les deux pour les attirer vers elle. Ils tentèrent gentiment de se défaire de l’étreinte maternelle.

    — Je vais garder les miens, finit-elle par dire. Malgré tout, je les aime. »

  • 113 – Le commissariat

    phrase donnée par Amelodine

    « Excusez-moi, où se trouve le commissariat ? »

    Ce n’est pas compliqué comme question mais, quand tu la poseras, on te regardera avec un œil un peu étrange. Veux-tu y aller parce que tu as perdu tes papiers ou pour déposer plainte pour agression ou pour vol ? Si le passant questionné est un peu observateur, il remarquera que tu as toujours ton sac à main et en déduira, sans plus de réflexions que ce n’est pas pour vol. Il regardera avec un peu plus d’attention ton visage et les parties dénudées de ta peau pour y déceler des traces de blessures qu’il ne verra pas.

    Ça ne durera qu’une seconde, tout au plus.

    La perspicacité du passant n’arrivera pas à trouver la réponse à sa question : pourquoi une jolie petite jeune femme qui a l’air d’aller parfaitement bien veut aller au commissariat ? laissant sa curiosité inassouvie.

    Il se rendra compte qu’il devient malpoli à te scruter comme s’il était à la recherche d’indices sur un macchabé. Les deux secondes qu’il aura perdues avant de te répondre t’auront paru un peu longues. Tu commenceras à te dire que tu es, comme d’habitude, tombé sur le mauvais cheval, celui qui peut parler de tout mais ne sait rien. Il ne manquerait plus qu’il te pose des questions, dans le genre de pourquoi tu veux y aller, surtout en prenant des airs paternalistes si détestables.

    « Excusez-moi, dira-t-il finalement. Il se trouve juste derrière vous. »

    Tu te sentiras un peu idiote quand tu te retourneras pour voir cette grosse bâtisse qu’on ne peut pas rater, pourtant. Tu le bredouilleras quelques remerciements. Il te sourira en hochant légèrement la tête pour te souhaiter une bonne journée et grimpera, avec son énigme toujours irrésolue, les marches du commissariat, travaillant lui-même là.

    Tu sens que ça va se passer de cette façon, comme à peu près chaque fois. C’est pour ça que tu persévères à chercher et que tu ne veux pas demander ton chemin. Mais il faudrait que tu te dépêches. Ça sera mal vu d’arriver le premier jour en retard dans un nouveau poste, même et surtout en étant la nouvelle commissaire.

  • 112 – Les rires

    Phrase donnée par JohnButcher

    J’entends des rires.

    On m’avait prévenu. Je savais ce qui m’attendait. Je savais qu’en allant chercher l’Épée, au milieu de la Forêt des Maléfices, je risquais de vivre des choses étranges et dangereuses. Le vieux mage m’avait prévenu.

    Et même si je suis l’Élu, le héros qui sauvera le pays de l’invasion de monstres du Seigneur des Ténèbres, même si je suis protégé par un sortilège puissant depuis ma naissance, même en ayant la Bague Bleu et le Bouclier de Fer, je suis dans cette maudite Forêt et j’entends des rires. Je suis prêt à tout pour sauver le monde. J’ai déjà combattu des slimes, des pieuvres cracheuses de pierres et cochons humanoïdes mais ici, ces arbres sont maléfiques. Réellement. Je sens qu’il se dégage d’eux quelque chose d’étrange.

    La vielle voyante me l’avait dit. Elle m’a même donné un pendentif pour me protéger, il fonctionne bien, je le sens chauffer depuis que je suis à l’ombre du feuillage de ces monstres végétaux mais il n’est pas assez puissant. Je les entends murmurer à mes oreilles, je les entends rire.

    Je dois me faire un chemin à travers ces taillis qui semblent bouger après mon passage pour m’empêcher de rebrousser chemin. Je dois récupérer l’Épée. Une fois en ma possession la forêt ne pourra plus m’atteindre et me laissera ressortir. D’après les légendes. En attendant, je dois trouver mon chemin pour aller jusqu’à elle.

    Je suis dans cet enchevêtrement de troncs et de feuillages depuis des heures, j’ai l’impression de tourner en rond. Je ne compte plus le nombre de bêtes sauvages et étranges contre lesquelles j’ai dû me défendre depuis que je suis ici. Heureusement qu’elles me permettent de récupérer quelques pièces d’or qui me permettront d’acheter des équipements un peu plus sophistiqués. Si je sors d’ici vivant. Ces rires vont me rendre fou. Si je sors d’ici.

    Enfin, je la vois. L’Épée est là, sur une grande pièce de granit sculpté. Elle est enfichée à l’intérieur, bien droite, attendant que l’Élu vienne la récupérer. Un rai de lumière qui tombe du ciel dans la trouée de branchage et la fait étinceler. Au pied, je vois les restes d’aventuriers qui n’étaient pas les élus. Les lames sont émoussées et à moitié recouvertes par de la mousse. Les crânes et ossements sont propres, comme s’ils avaient été reléchés après le repas.

    J’entends encore une fois ces rires. Ils sont plus proches.

    Et soudain, il tombe. Ce monstre légendaire dont tout le monde parle mais que personne n’a vu sans mourir. Il est immense, cinq fois ma taille, orange, visqueux. C’est une sorte d’œil géant avec une queue de lézard mais seulement deux pattes. Il n’a pas de bouche. Enfin, c’est ce que je crois jusqu’à ce qu’il lance sa queue sur moi et que je découvre à son bout un orifice qui s’ouvre et se referme avec de grandes dents qui claquent.

    Je rengaine mon épée et passe mon bouclier dans mon dos tout en attrapant mon arc. C’est le genre de bestiole dont il vaut mieux rester à distance. À chaque pas qu’elle fait, le sol tremble et me force à rester immobile pour garder l’équilibre. Il faut que je saute à chacun de ses pas si je ne veux pas me faire avaler en une bouchée.

    Je vise son œil et décoche une flèche. Ce monstre a de sacré réflexe, il arrive à fermer sa gigantesque et unique paupière à temps pour se protéger. La flèche rebondit mollement avant de tomber au sol. Je tente encore une ou deux fois mais le résultat est le même. Comment arriver à détruire ce monstre ? Soudain une idée me vient. Je range mon arc et sort de mon sac mes bombes. J’en prépare une et attends qu’il essaie de me croquer encore une fois. Il lance sa queue, je lance ma bombe allumée et esquive en roulé-boulé. Rapidement, j’entends le bruit sourd de l’explosion dans les entrailles de la bête, je dégaine mon arc et tire dans l’œil du monstre sonné. Bingo. La paupière ne s’est pas baissée. La flèche se plante dans le globe oculaire, énervant la bête qui se met à trépigner. Je me jette derrière un gros arbre et attends qu’elle se calme. Je vais l’avoir à l’usure.

    Trois bombes et trois flèches plus tard, le coriace spécimen s’écroule enfin. Il devient de plus en plus transparent et laisse enfin apparaître cette relique en forme de cœur qui me permet de mieux résister aux coups. Je la ramasse et monte sur l’estrade en granit.

    Lentement, je marche vers l’Épée. J’entre dans la lumière. Je m’inquiète, parcouru d’un doute. Et si je n’étais pas vraiment l’Élu ? Si je n’étais pas capable de la retirer de son emplacement ? Mourrais-je ici dans la Forêt Maléfique ?

    Je pose la main sur le pommeau, tremblant. Je souffle. Je ferme les yeux et tire de toutes mes forces pour desceller l’arme. Elle suit le mouvement de mon bras si facilement que je manque de tomber à la renverse. Elle est dans ma main, déjà au-dessus de ma tête. J’ouvre les yeux et scrute la Forêt, pour voir si elle réagit. Je ne sais pas si la lumière tombant sur la lame rutilante de l’Épée éclaire le sous-bois ou si la Forêt a compris le message mais en tout cas, les rires se sont arrêtés.

     

  • 111 – Le capharnaüm

    Désolé pour l’heure de postage de cette nouvelle !

    Phrase donnée par Amelodine

    Il alluma la lumière et découvrit le capharnaüm.

    Les meubles étaient déplacés ou carrément retournés. Les coussins avaient été tous éventrés. Les livres tous au sol, la verrerie en morceaux. Ça sentait le gaz à plein nez.

    Alfensen resta un instant sur le seuil de la porte, choqué. Il avait du mal à réaliser. Mille questions lui traversaient la tête. Au bout d’un instant, il réussit à faire un pas pour entrer et referma la porte derrière lui. Il ne voulait pas que les voisins découvrent et posent de questions.

    Fallait-il qu’il appelle ses supérieurs immédiatement ou qu’il attende un peu ? Il décida d’inspecter d’abord l’appartement et voir ce que les voleurs avaient pris. Ça n’était peut-être qu’un simple hasard mais il en doutait. Après trois ans à travailler en sous-marin dans cette bande de bikers qui passaient armes et drogue, il était possible que quelques-uns de ses « frères » aient eu des soupçons ou, et c’était la pire des éventualités, il y avait une taupe dans le service de la police qui rencardait sur les flics comme lui. Si c’était le cas, il avait intérêt à se faire extraire de ce merdier rapidement.

    En attendant, il fallait qu’il voie si les dossiers qu’il avait constitués étaient toujours planqués à leur place.

    Une fois dans la salle de bain, Alfensen déboîta la trappe donnant sous la baignoire et enfonça son bras pour aller chercher loin au fond. Il s’inquiéta un instant, ne trouvant rien mais finalement ses doigts frôlèrent un bout de plastique. Il souffla, soulagé. L’enveloppe hermétique, qui contenait nombre de preuves contre ces malfrats qu’il côtoyait quotidiennement, était encore là.

    L’attrapant du bout des doigts, il parvint à la coincer en l’index et le majeur et à la tirer vers lui. Il devrait la mettre un peu moins loin la prochaine fois quand même, se dit-il. Au moment où il tira franchement l’enveloppe pour enfin la sortir de sous la baignoire, Alfensen eut l’impression d’entendre un cliquetis mais n’y fit pas attention, trop pressé de voir les documents.

    Il ouvrit de larges yeux quand il vit que le contenu de l’enveloppe de plastique transparent avait été vidé pour être remplacé par une simple feuille blanche sur laquelle était écrit en rouge « CRÈVE SALE POULET ».

    Alfensen regarda ce mot deux secondes avant de se souvenir du cliquetis entendu quatre secondes plus tôt. Il se leva rapidement et essaya de sortir de la salle de bain mais la grenade explosa, enflammant le gaz répandu dans l’appartement.

  • 110 – Enceinte

    Phrase donnée par Masque de Mort

    « Chérie, je ne t’avais jamais dit que je ne peux pas avoir d’enfant ? » John Bell, assis au volant de sa superbe Jaguar, attendait pour démarrer.

    Sue-Helen et lui sortaient de chez le docteur qui venait de leur annoncer un heureux événement. John n’avait plus dit un mot après cette annonce. Il réfléchissait. Ça faisait un bout de temps qu’il soupçonnait Sue-Helen de le tromper mais il n’avait aucune preuve. C’était une femme intelligente qui savait brouiller les pistes.

    Elle changea malgré tout de physionomie quand son mari lâcha la nouvelle. Celui-ci voulut y voir la preuve de sa culpabilité.

    Un long silence s’installa dans l’habitacle du véhicule. Sue-Helen fixait son mari impassible. John regardait au loin, dans le vague. Au bout d’un temps qui leur parut très long à tous les deux, il démarra le moteur et partit en trombe.

    Finalement, Sue-Helen n’y tint plus :

    « Tu es sûr de toi, John ? Ça n’est pas possible. Le docteur est formel, je suis enceinte. De qui veux-tu que cet enfant soit ?

    — Je ne sais pas. Il y a plusieurs possibilités. Le jardinier, ton prof de sport, le voisin peut-être…

    Sue-Helen éclata de rire.

    — Tu me vois vraiment coucher avec Ervin ? Il est gros et chauve, et en plus, il est complétement idiot et prétentieux. Je t’en prie…

    — Donc tu ne démens pas avec les deux autres ! John s’enfonçait dans une colère sourde et sa voix devenait de plus en plus grave, presque couverte par le son du moteur. Il fonçait sur la route de la falaise, prenant les virages à la corde, essayant de se concentrer plus sur les lacets que sur ces nouvelles.

    — Mais tu racontes n’importe quoi !! Je ne t’ai jamais trompé. Je t’aime, John !!

    — Alors comment expliques-tu que tu arrives à tomber enceinte ?

    — Je n’en sais rien ! Et puis, qu’est-ce qui me prouve que tu es vraiment stérile ? C’est moi qui devrait me poser des questions sur ton amour si tu ne m’as jamais avoué ça jusqu’à maintenant ! Et rien ne me dit que tu ne vas pas voir ailleurs en profitant de ça pour être sûr de ne pas engrosser ta secrétaire ou cette salope de Shannon !

    — Je t’interdis de parler de Shannon comme ça ! C’est une femme formidable !

    — Tu vois ! Tu la défends ! Salaud !

    Explosant en sanglots, Sue-Helen frappa John à l’épaule avec sa pochette. Il tourna la tête un instant pour jeter à sa femme un regard à tuer quelqu’un sur place. Quand il regarda à nouveau la route, le camion était trop près, ils allaient trop vite. John mit un coup de volant pour essayer de l’éviter. Le camion aussi. L’aile de la Jaguar frotta la roue du camion avant de déchirer la rambarde de sécurité. La voiture dégringola et fut rapidement happée par l’océan après quelques tonneaux sur la roche.

    Les sonneries s’égrainèrent jusqu’à basculer l’appel sur la messagerie.

    « Madame Bell, rebonjour, ici le Docteur Schwartz. Je suis désolé mais ma secrétaire est malade et sa remplaçante a fait une inversion dans les résultats des prises de sang. Je… euh… Voilà. Je suis désolé de vous l’annoncer par téléphone mais vous n’êtes pas enceinte. À part cela, vos résultats sont normaux et vous êtes en très bonne santé. » s’empressa-t-il d’ajouter.