Phrase donnée par Anna Hat
La lumière perçait les nuages, et formait comme un halo sur ce bout de terre merveilleux. S’illuminait devant lui une nature luxuriante : des plantes et fleurs extraordinaires aux senteurs nouvelles, des arbres fruitiers jamais connus, des animaux doux et énigmatiques, une grande joie l’envahissait et il se demandait s’il n’avait pas enfin trouver le jardin d’Éden. Il donnerait son nom à cette île et resterait célèbre auprès des générations futures.
Se retournant vers les quelques hommes d’équipage avec lesquels il venait de débarquer, il donna une poignée d’ordre afin de préparer le bivouac. Prenant avec lui trois hommes, il décida de s’aventurer plus à l’intérieur de ce paradis.
Était-il possible que cette terre soit inhabitée ? Certes, ils avaient navigué pendant des semaines pour arriver sur cette île qui semblait perdue dans l’océan mais était-il possible de trouver d’autres êtres humains ? Il n’en savait rien et, d’un côté, préférait rester le premier à avoir foulé cette terre magnifique.
Le sabre à la main, le pistolet prêt à faire feu sur le premier animal dangereux ou comestible qu’il verrait, il progressait lentement dans cette jungle sauvage. Ça faisait au moins une semaine que les réserves de viande séchée avait été finies et même sans ça, après quelque temps à mastiquer ces bouts de nourriture ressemblant plus à du cuir qu’à autre chose, il lui ferait plaisir, ainsi qu’à ses hommes, il le savait, de manger un bon morceau de viande grillée par des flammes.
Au bout d’une bonne centaine de pas dans la forêt luxuriante, il dut bien admettre qu’ils devraient peut-être rester encore quelques temps à manger leurs réserves. Les fruits étaient tous plus magnifiques les uns que les autres, et appétissants, et sentaient bon, mais personne n’en avait jamais vu de semblables et n’osait se risquer à mordre dedans. Trop de fruits colorés de la sorte étaient en réalité un poison pour l’homme. Et il avait perdu assez d’homme pendant le voyage pour se permettre de faire prendre des risques à ceux qui étaient encore en vie.
Par contre, les animaux ne semblaient pas farouches, preuve que c’était la première fois qu’ils voyaient des humains. Évidemment, ils s’enfuyaient quand on essayait de s’en approcher de trop près mais la plupart restait en place un moment pour admirer cette nouvelle forme de vie.
Ils étaient enfoncés d’environ deux cents pas quand les animaux les admirant partirent soudainement. S’enfuirent, même, à son avis. Une nuée d’oiseau coloré s’envola à grands cris. Le capitaine ne savait pas vraiment pourquoi mais il n’aimait pas ça. Donnant l’ordre de faire demi-tour, le petit groupe commença à s’exécuter.
Un rugissement étrange résonna soudain. Il n’avait jamais rien entendu de pareil et commençait à comprendre pourquoi les animaux avaient fui. Faisant presser le pas de ses hommes, il se retournait sans cesse, appréhendant le moment où il découvrirait la bête qui avait poussé ce cri.
Le feuillage derrière eux s’agita et s’écarta finalement, pour faire apparaître une espèce de lézard géant, haut comme un bâtiment de trois étages, des dents grandes comme des sabres et des yeux noirs, gros comme des boulets de canons. Et cette bestiole n’avait pas l’air content du tout.
Le capitaine fit feu mais l’effet au mieux fut inexistant, au pire, énerva encore plus le lézard.
Courant aussi vite qu’ils le pouvaient à travers la végétation, les marins atteignirent enfin la plage et continuèrent leur course jusqu’à se jeter dans la chaloupe. Dieu merci, le monstre s’arrêta en lisière, effrayant malgré tout, tout l’équipage qui détala comme des lapins en le voyant. Le reptile hors norme rugit encore une fois ou deux, agacé. Il claqua des dents, regardant de ses yeux noirs le capitaine, soufflant par ses narines grandes comme des sabords et tapant de sa patte griffue sur le sol de la forêt, l’étrange animal se retourna lentement pour s’enfoncer entre les arbres.
« On est loin du jardin d’Éden, capitaine ! » lança l’un de ses hommes.

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