Un professeur de 3ème est suspendu pour avoir donné comme sujet à ses élèves d’écrire une dissertation sur le suicide.
L’article sur Le Monde : http://bigbrowser.blog.lemonde.fr/2012/12/10/anticipation-des-eleves-de-3e-incites-a-imaginer-leur-suicide/
«Vous venez d’avoir 18 ans. Vous avez décidé d’en finir avec la vie. Votre décision semble irrévocable. Vous décidez dans un dernier élan de livrer les raisons de votre geste. En dressant votre autoportrait, vous décrivez tout le dégoût que vous avez de vous-même. Votre texte retracera quelques événements de votre vie à l’origine de ce sentiment.»
Et tout la France s’insurge et crie au scandale.
Et je ne comprends pas pourquoi.
En quoi donner à réfléchir sur le suicide est-il plus incitatif que de laisser les gamins regarder les infos sur la guerre en Syrie ou en Israël ? ou même regarder des films d’actions où les morts se comptent par dizaine ?
Réfléchir à un sujet ferait-il passer à l’acte ?
Si c’est le cas, il faudrait arrêter tous les auteurs de polar qui inventent des meurtres pour mieux les élucider !!
Sérieusement, est-ce qu’Agatha Christie a tué autant de gens dans la vraie vie que dans ses nombreux romans ? (Et je ne cite qu’elle, parce que celui qui a écrit le Silence des Agneaux, imaginez un peu ! )
Les abrutis qui hurlent au nom de la bien séance ou de la bonne pensée, se sont-ils réellement posé la question de l’impact sur les élèves ?
D’après les nombreux articles que j’ai pu lire, aucun d’entre eux ne semble traumatisé.
Je dirai même plus. Mon avis est que ce genre de sujet peut être bien plus bénéfique que l’on peut croire au prime abord. Oui.
D’abord parce que celle ou celui qui n’a jamais pensé au se suicider fera un travail créatif pour écrire cette dissertation. Ensuite, si jamais dans l’ensemble des élèves il y avait un, une ou plusieurs d’ente eux qui y pensaient, cette exercice est la meilleure façon de faire ressortir leurs malaises, de parler de ce qui ne va pas sans avoir le regard de quelqu’un qui les juge. Une feuille blanche est des fois le meilleur moyen de se vider la tête. Dans l’esprit de cet élève, le professeur n’aurait pas été une vraie personne qui l’aurait jugé puisque ça n’aurait été que le professeur lisant un devoir, pas un aveu. Mais pour l’élève mal dans sa peau, pouvoir mettre des mots sur ses maux, aurait été la meilleure façon d’amorcer un début de réflexion voire un dialogue.
Et puis sérieusement, un sujet comme ça serait de l’incitation ? Le gamin lirait le sujet et irait se jeter d’un pont ou sous un train ? Ce sont des ados qui doivent déjà avoir du mal à suivre les ordres de leurs parents. Alors pourquoi iraient-ils écouter un sujet de dissertation ?
Sérieusement, les biens pensants qui hurlent parce que quelqu’un ose parler de ce sujet, souvenez-vous que le suicide est toujours la solution de ceux qui n’ont pas parlé de leurs problèmes à temps, et qu’au lieu d’avoir peur de ce sujet, en parler et faire réfléchir les gens dessus est le meilleur moyen d’empêcher le passage à l’acte.
Ce professeur devrait être cité en exemple au lieu d’être mis au piloris !