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019 – Survie

Phrase donnée par Aloyse Blackline

« C’est pas juste !!!

— Écoute Erwann, s’énerva le grand-père, tu es le plus jeune donc tu prends ce qu’il reste, c’est comme ça, c’est la règle. Et puis, va parler de justice à ton père, à Sarah et à Paul !

— Non mais je me retrouve quand même avec l’arme la plus pourrie du groupe. En fait, vous voulez que ce soit moi le prochain, c’est ça ?

— Putain, t’es chiant Erwann ! coupa Damien, l’aîné. T’es toujours en train de te plaindre. C’est clair qu’à se rythme, on s’occupera peut-être de toi avant que ça t’arrive !! »

Sur quoi, il démarra sa tronçonneuse pour vérifier son bon fonctionnement et surtout éviter d’entendre son plus jeune frère continuer à se plaindre.

Ils étaient quatre survivants, Erwann et Damien, leur mère, Gisèle, et le père de celle-ci. Toute la ville avait été submergée de zombies en moins d’une journée. À présent, il fallait qu’ils quittent la zone avant que les militaires ne décident de la boucler et d’éradiquer tout ce qui pouvait être une menace. Ça se passait comme ça dans les films, il y avait peu de chances que ça se passe différemment dans la vraie vie. Ce qui était dingue pour ces quatre survivants, c’est que l’épidémie de monstres s’était déclarée ici, dans cette petite ville de province et pas à Paris. Pourtant ici, il n’y avait aucun laboratoire, aucune entreprise ou grand groupe qui travaillât dans la branche des virus ou produits du genre. En tout cas, personne n’était au courant.

En tout état de cause, ils n’étaient plus que quatre sur la famille de sept qu’ils étaient encore peu d’heures plus tôt. Le père d’Erwann et de Damien, Martin, ainsi que leur sœur Sarah et leur autre frère, Paul, avaient été contaminés. Ils étaient partis en voiture au centre-ville pour en revenir à l’état de zombies titubants.

Ils avaient essayé de se nourrir des autres mais Gisèle, perspicace et réactive, avait rapidement dégommé son mari sans trop de problèmes — elle avait une dent contre lui depuis qu’elle savait qu’il avait couché avec cette traînée de la compta. Il lui avait été plus compliqué de s’occuper de Sarah, même si au moment où elle avait collé le batteur électrique dans les yeux de sa fille, elle ne ressemblait déjà plus trop à l’adorable bébé aux bouclettes rebelles qu’elle voyait chaque fois qu’elle posait les yeux sur elle. La cervelle, facilement atteinte à travers les orbites, avait giclé dans toute la cuisine. Pour Paul, le troisième, c’était le grand-père qui s’en était occupé. Après lui avoir fait un croche-pied avec sa canne, il lui avait fait tomber le dictionnaire sur la tête qui s’était écrasée sous le poids du livre.

« Quand je disais qu’il avait rien dans le crâne, celui-là ! » avait-il rajouté en regardant Gisèle, déconcertée.

Avec tout le raffut, Damien et Erwann avaient dévalé les escaliers pour voir ce qu’il se passait et avaient frémi d’horreur en voyant ce qu’il restait d’une partie de la famille.

« Il ne faut pas rester ici, avait dit Gisèle. Il faut prendre de quoi se défendre et trouver un véhicule avec les clefs pour partir le plus loin possible. »

Le grand-père était allé chercher son fusil de chasse et toute ses cartouches. Pour les sangliers, les chevreuils, les palombes, tout ce qu’il avait. Gisèle avait pensé un instant à prendre l’arc de sa fille mais elle s’était doutée que les flèches, au mieux, traverseraient le corps mou des zombies, mais ne leur causeraient pas trop de dégâts. Elle avait eu du mal à se décider et finalement, avait pris le katana d’apparat que son mari avait posé fièrement au-dessus de la télé. Il n’était pas aiguisé, la lame n’était peut-être même pas en métal, mais ça serait sûrement suffisant contre ces pourritures sur pattes. Damien avait immédiatement choisi la tronçonneuse après avoir vérifié qu’il avait une réserve suffisante de carburant pour la faire fonctionner.

Ils étaient prêts à sortir de la maison pour essayer de trouver un moyen de transport. Tout le monde enserra son arme, prêt à s’en servir, et tous sortirent par la baie vitrée du salon. Ils n’avaient pas traversé le jardin qu’une cinquantaine de zombies se dirigeaient déjà vers eux.

Grand-père avait déjà dégommé quatre de ces « saloperies » comme il avait dit, quand les premiers des monstres furent sur le groupe. Gisèle envoya son sabre japonais en tous sens et découpa avec une étrange facilité bras, jambes et têtes de ces monstres. Damien s’en donnait à cœur-joie avec sa tronçonneuse. Il trouvait étonnamment plus drôle de découper du monstre que des stères de bois. Quand à Erwann, il restait un peu en retrait, presque honteux de cette arme censée lui sauver la vie. Jusqu’au moment où encerclé, il dut lui aussi passer à l’attaque. D’un grand mouvement en arc de cercle, il envoya son arme dans la tête du zombie qui en voulait à sa chair. La tête du monstre explosa comme le bouquet final d’un feu d’artifice de fête nationale. Erwann jubila.

« Wouhou !! Mais en fait, elle est trop bien cette pelle !! »

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