Phrase donnée par Charly aka Lapin
Tant d’année d’abnégation réduite à néant par cette ficelle qui décida sans doute que l’expérience devait s’arrêter là.
Les deux planètes allaient recommencer à s’éloigner l’une de l’autre. L’expérience avait duré près de cent vingt ans. C’était terminé.
La ficelle était le surnom donné par la population des deux mondes mais en réalité c’était un ensemble de câbles plantés à plusieurs kilomètres de profondeur dans le sol et tissés les uns aux autres. Ils attachaient ensemble deux planètes voyageuses, c’est-à-dire qu’elles n’étaient pas fixées à des systèmes solaires. Le but premier de cette ficelle avait été de relier deux mondes finalement assez proches pour pouvoir les stabiliser près du soleil Gran’Nivra. Ce qui avait permis aux habitants de Triquan et de Velmar, en plus de côtoyer d’autres habitants de la galaxie paisible, chose assez rare pour être soulignée, de pouvoir bénéficier de climats plus agréables.
Triquan et Velmar sont deux planètes assez petites avec une population d’environ soixante-dix millions de personnes pour la première et cent vingt millions pour la seconde. Elles étaient habituées aux hivers rudes et extrêmement longs, dû aux longues périodes loin de sources de chaleur, mais les populations connaissaient cela depuis des millions d’années et savaient très bien le gérer.
Cependant, quand les scientifiques de Velmar, un peu plus avancés, on découvert l’existence de Trisquan et calculé que les deux planètes très proches l’une de l’autre au passage du soleil Gran’Nivra, ils ont établis le contact avec leurs homologues et ont entrepris d’installer la ficelle.
Il aura fallu du temps pour arriver à planifier tout cela, mais finalement, tout se fit sans problème. Les peuples virent immédiatement l’extrême utilité d’entrée en orbite d’un soleil permanent, malgré les quelques inconvénients prévus par les modèles théoriques des scientifiques, comme le déplacement du centre de gravité des planètes, par exemple.
En moins de cinq ans, les câbles furent installés sur les planètes, le plus compliqué ayant été de ne pas détruire leurs noyaux en creusant les fondations du monument.
Il y eut de nombreuses fêtes. Pour célébrer la fin de la pose des câbles, le mélange des atmosphères, la fin de la mise en tension de la ficelle.
Évidemment quand les premiers tremblements de terre se sont fait ressentir, des opposants à se projet sur les deux mondes crièrent à la fin du monde et à la folie scientifique mais tout cela avait été prévu et expliqué. Le déplacement du centre de gravité entraîna forcément quelques changements. Des montagnes se « formèrent » autour de la ficelle, laissant plus de mers aux points opposés.
Velmar et Triquan n’était plus éloignées que de cinq kilomètres. C’était une vision étrange et magnifique. Les gens pouvaient se déplacer d’un monde à l’autre sans problème. Il suffisait de gravir les montagnes d’un côté puis arrivé au milieu de la ficelle de se laisser « tomber » vers le sol de l’autre monde. Sensation étrange et magique.
Les deux planètes tournant autour de cette ficelle, les forces qu’elle subissait étaient tout bonnement gigantesques. Il fallait entretenir ce monument et cela demandait beaucoup de temps, de main d’œuvre et d’argent. Mais la douceur de la vie apportée par l’orbite autour d’un soleil valait la peine de tous ses efforts.
Et puis un beau jour, sans prévenir, malgré le soin qui lui était apporté, la ficelle lâcha.
La population fut immédiatement paniquée. Personne, sur aucune planète, ne voulait reprendre le voyage interminable dans l’espace et l’hiver intersidéral mais il ne fut rien possible de faire. En mois de quatre heures les planètes étaient déjà éloignées de mille kilomètres, sans compter que de nouveaux tremblements de terre apparurent pour remodeler chaque planète. Rien ne fut possible.
Velmar et Triquan reprirent leurs voyages respectifs vers un bout de la galaxie dans le froid et l’obscurité, pleurant déjà la perte du soleil Gran’Nivra.
C’est bizarre et joli.j’aime bien 🙂