Phrase donnée par Polgara d’Erat
John posa son regard de braise sur l’épaule fragile et dénudée d’Amanda. La jeune femme frémit, son visage se voila de désir, si intense qu’elle en perdait presque la raison. Elle s’appuya sur son bureau, ouvrit le tiroir, laissa ses doigts le fouiller. Enfin, elle senti l’étui en cuir de son couteau.
L’enserrant discrètement, elle fit glisser la lame hors de son fourreau avant de l’empoigner fermement. Il fallait qu’elle agisse avant qu’elle ne contrôle plus ni son désir ni son corps. Elle aimait Brandon et devait se débarrasser de son mari pour pouvoir vivre son amour sans plus de problèmes.
Tout avait été arrangé. Brandon attendait déjà en bas de l’immeuble avec une camionnette empruntée à son travail. Il devait déjà avoir recouvert tout l’arrière de bâches pour éviter de laisser des traces de sang. Ils avaient vu ça dans une série à la télé. Une fois qu’elle l’aurait fait, Amanda appellerait son amant pour l’aider à mettre le corps dans le tapis avant de l’évacuer. Ils iraient ensuite le jeter sur le chantier où travaillait Brandon comme maçon. Ils devaient absolument se débarrasser de John ce soir, des fondations seraient coulées demain. Après ce serait trop tard et cela repousserait leur projet à beaucoup plus loin dans le temps.
Mais John avait un charme énorme. S’il ne l’avait pas délaissée de la sorte pour coucher avec sa secrétaire, la chef de projet, et la petite salope de la cafétéria, Amanda aurait pu le pardonner, mais là, c’était trop tard. Elle était heureuse avec Brandon même s’il ne gagnait pas aussi bien sa vie. Mais son sourire, la douceur de sa voix, ses mains rugueuses fermes et douces, l’odeur de sa peau… Impossible de résister. Sous les baisers de John dans son cou, Amanda lâcha lentement le couteau, se laissant partir dans la volupté.
Amanda fut brutalement ramenée à la réalité quand John lui susurra un mot doux mais l’appela « Christine ». La jeune femme repoussa son mari avec violence. Celui-ci bredouilla un chapelet de prénom féminin dont aucun ne correspondait à celui de son épouse. Kimberley, Sharon, Cassandra, Gertrude. Comment pouvait-il ne pas se souvenir de celle pour laquelle il avait promis amour et fidélité ? Amanda, vexée autant par le nombre de conquête qu’il semblait avoir que par son incapacité à se souvenir de son prénom, ouvrit le tiroir de son bureau en grand et attrapa son couteau.
Se jetant, des larmes plein les yeux, la lame en avant sur John, Amanda hurla la seule phrase qui lui venait à l’esprit : « jusqu’à ce que la mort nous sépare !! »
Son mari, surpris mais alerte recula d’un bond et attrapa la première chose qui lui tomba sous la main : un mini buste en bronze d’un illustre inconnu. Il esquiva le coup de lame d’Amanda et lui assena un coup de buste sur le coin de la tête. Amanda s’écroula en tapant le bord d’une petite table. Étalée au sol, elle ne bougeait plus. John, effrayé par ce qui venait de se passer, se pencha sur le corps de sa femme. Son pouls ne battait plus. Il eut un instant de vide, incapable de bouger, de penser, de réaliser ce qu’il venait de faire. Certes, c’était de la légitime défense et il l’avait trompée tant de fois mais il venait de tuer sa femme.
Soudain, la porte de la pièce s’ouvrit en claquant. Un homme armé d’un revolver apparut. John le connaissait, il l’avait déjà vu à la maison. Il lui fallut un instant pour se souvenir qu’il avait été leur maçon pour la clôture. Brandon. Amanda, à l’époque avait eu l’air de s’intéresser à lui. Il n’en savait pas plus mais imaginait aisément la raison de sa présence armée.
Brandon eut l’air de réfléchir quand il vit Amanda à terre.
« C’est un accident ! Je le jure ! » annonça rapidement John en se relevant. L’autre pointa son arme sur lui. Avant de laisser le temps au maçon de tirer, John lança le buste qu’il avait toujours en main. L’autre se protégea. John en profita pour se jeter dessus et tenter de le désarmer. S’en suivit une bagarre violente. Les deux hommes étaient de forces égales. Ils se roulaient par terre en tenant à quatre mains l’arme à feu, chacun tentant d’en prendre le contrôle.
Un coup partit, étouffé par les deux corps serrés l’un contre l’autre.
John se releva en un bond, les yeux exorbités. Il regarda Brandon se débattre pendant que la tache de sang sur sa chemise s’agrandissait à vue d’œil. À présent, il avait deux cadavres sur les bras. Une légitime défense pouvait passer auprès des autorités mais deux… personne ne croirait son histoire.
Il attrapa le buste et le mit dans les mains de Brandon puis arracha un bout de sa chemise, attrapa l’arme gisant devant le maçon en prenant soin de ne pas rajouter d’empreintes digitales, essuya bien l’arme pour faire disparaître celles qu’il avait déjà dû déposer et s’approcha de son épouse. John mit le revolver dans la main d’Amanda, posa le canon sur la tempe de la jeune femme et appuya sur la détente. Cette mise en scène devrait suffire à le disculper.
Regardant une dernière fois sa femme et son amant, John rentra chez lui, brûla ses habits tachés de sang dans la cheminée et attendit que la police l’appelle pour lui annoncer la triste nouvelle. Il espérait juste pouvoir jouer correctement la surprise.
Tiens, deux morts pour le prix d’une nouvelle 😀
A mon avis, le John va se faire pincer… ^^
Je ferai un article avec des graphs pour montrer qu’il n’y a pas tant de morts que ça dans mes nouvelles :p