Phrase donnée par Dexash
« Prends ça ! »
Elle regarda fixement l’objet, effarée, avant d’obéir en déglutissant nerveusement.
« C’est bon, Khrysta ! reprit Erlbach, son compagnon le plus vieux et clerc de l’équipe. Ce n’est pas comme si tu ne savais pas ce qu’on venait chercher. Par contre, prépare-toi au combat parce qu’on ne devrait pas tarder à tâter du monstre d’ici peu de temps. Quand on récupère ce genre de reliques, ils débarquent rapidement ! »
La jeune femme, encore stressée d’avoir un tel objet dans ses mains, sous sa responsabilité, ne savait pas vraiment quoi répondre.
Il fallut que Brax lui répète de se dépêcher pour qu’elle bouge enfin. Elle ouvrit son sac pour mettre le bracelet à l’intérieur mais Erlbach l’arrêta.
« Mets-le à ton poignet, il sera plus en sécurité qu’à bringuebaler dans ton sac.
— Mais c’est un objet pour les… »
Erlbach lui lança un regard qui montrait qu’il n’avait vraiment pas envie de discuter. Khrysta enfila le bracelet puis prépara une flèche à son arc.
Rapidement, un bruit sourd se fit entendre, comme si des dizaines d’animaux tambourinaient le sol qui commença à trembler légèrement puis plus fortement.
« Combien sont-ils ? demanda Khrysta.
— Très nombreux. »
Erlbach avait répondu cela d’un ton grave et presque inaudible dans le grondement ambiant.
Ça devenait assourdissant.
Khrysta commençait à se questionner sur son choix de s’engager avec ses deux compagnons, beaucoup plus expérimentés qu’elle, dans une quête comme celle-ci. Sa première. Elle s’était dit qu’elle pourrait gagner facilement de l’expérience et monter des niveau rapidement, mais là, alors qu’elle s’attendait à voir apparaître des centaines de monstres d’un niveau inconnu, elle se posait vraiment la question sur ce choix.
C’était même assez incompréhensible qu’Elbrach et Brax aient accepté une si jeune recrue pour cette quête. Même si elle était très mignonne et avait un sourire enjôleur, elle se doutait qu’ils ne l’avaient pas acceptée dans l’équipe juste sur ces critères.
Des quelques tunnels qui débouchaient dans cette salle souterraine, arrivèrent finalement des dizaines d’orcs. En fureur, était-il besoin de préciser ?
« Comment peuvent-ils savoir que nous avons récupéré leur relique ? Y a-t-il un système d’alarme ? » se demanda Khrsyta, l’espace d’un instant.
Elle banda son arc, visant le premier des ennemis, commençant déjà à prévoir les deux ou trois cibles suivantes. Elle attendait que le premier entre dans son rayon d’action.
Brax avait sa longue épée en mains, les muscles contractés à leur maximum, prêt à découper tout ce qui se présenterait.
Elle allait libérer la corde quand Erlbach la somma d’attendre encore un peu, qu’ils s’approchent. La jeune femme voyait le monstre une fois et demi plus grand qu’elle s’approcher dangereusement.
« Erlbach ? demanda-t-elle fébrilement.
— Encore un peu… »
Le monstre était à moins de trois pas (immenses mais quand même) de la jeune femme quand le clerc lui donna le signal.
Simultanément, Khrysta décocha sa flèche dans la gueule de l’orc qui arrivait sur elle et s’apprêtait à la découper d’un coup de hache au tranchant émoussé, et Brax lança sa lame pour mettre en pièces trois monstres d’un seul coup.
Pendant ce temps, Erlbach protégeait ses deux compagnons de prières protectrices. Il avait aussi lancé un sort d’enflammement pour les flèches de la jeune fille et un sort de lame empoisonnée pour Brax.
Il y avait déjà une bonne douzaine de cadavres sur le sol et il semblait aux trois aventuriers que la caverne continuait de se remplir de monstres.
Brax avait été touché au bras et à la jambe et Khrysta n’avait plus que trois flèches dans son carquois. Elle allait devoir sortir sa dague mais se demandait si cette petite arme suffirait à faire quelque chose contre ces énormes monstres.
Erlbach avait encore quelques sorts mais attendait encore un peu pour les lancer. Brax commençait à fatiguer malgré le support de son ami. Il avait déjà taillé une bonne cinquantaine d’orcs et avait l’impression que plus il en tuait, plus il en arrivait. Khrysta essayait de se faufiler entre les pattes de ces monstres et de leur taillader les tendons des genoux et des chevilles — au passage elle se demanda si chez les orcs aussi, ça s’appelait le tendon d’Achille. Elle y était parvenue pour cinq ou six monstres qui se retrouvaient au sol à ramper pour essayer d’atteindre le clerc, en retrait.
Au bout d’une heure de combat, ou plus — c’était assez difficile à savoir —, les trois compagnons se retrouvèrent acculés contre une paroi. Le nombre d’orcs encore debout était incalculable. Ils n’allaient pas s’en sortir vivant.
Un orc se jeta sur la jeune femme, pendant que d’autres attaquaient ses compagnons. Il lui assena un violent coup de poing qui la projeta contre le mur. Elle était un peu sonnée mais se releva, ressentant une colère violente contre ce monstre. Un sentiment qu’elle ne s’était jamais connue.
Le bracelet qu’elle avait au poignet commença à luire. Khrysta avait soudain envie de voir brûler tous ces monstres. Elle sentait en elle l’envie de les faire brûler. Peut-être était-ce le coup à la tête ou la fatigue, Khrysta avait l’impression de ne plus être aux commandes de son corps. Elle se vit lever le bras et lancer grâce au bracelet d’énormes boules de feu vers ses ennemis. Ceux encore en dernières lignes purent s’enfuir. Tous les autres périrent dans les flammes.
Uniquement une fois que la petite équipe fut seule dans cette immense salle caverneuse, Khrysta reprit ses esprits. Dans un réflexe, elle retira vivement le bracelet et le jeta au sol. Il rebondit mollement sur l’un des nombreux cadavres d’orcs.
« Qu’est-ce que… Qu’est-ce qui s’est passé ? Qu’est-ce que ça veut dire ?
Erlbach souriait franchement. Brax, appuyée sur sa très grande épée longue, ne souriait qu’à moitié.
— Ce bracelet est une relique pour les magiciens, comme tu voulais me le rappeler tout à l’heure.
— Oui ! Et je ne suis pas magicienne !
— Toi non ! Mais ton père est un très grand magicien. Et il y a forcément, dans le sang, des traces de cet héritage !
— C’est pour ça que vous m’avez pris avec vous ? Et vous étiez prêt à nous faire tuer sur cette supposition ? »
Krysta ramassa le bracelet, le remit à son poignet, croisa les bras et prit le chemin de la sortie avec une moue boudeuse sur le visage, sous les rires amicaux de ses camarades.
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