Phrase donnée par Magalie K.
Elle se sentait étouffer. Dans un dernier souffle, elle cria : « laissez-moi vivre !!! »
Mylan se redressa, faisant gicler de l’eau sur tout le sol. Les gouttes résonnèrent sur le sol métallique. Le docteur Ronier était à côté d’elle. Il attrapa la jeune femme pour éviter qu’elle ne replonge. Il y avait peu de risque. Mylan agrippait fermement les bords du bac qui servait de baignoire pour les plongeons, tout en respirant fort.
« Qu’est-ce que tu as vu ? demanda Klara, la capitaine du bâtiment. Ronier et Mylan lui jetèrent un regard méchant, surtout Ronier, Mylan n’avait plus assez de force.
— Tu as vu quelque chose ? demanda à nouveau le quadragénaire quand Mylan eut repris une respiration plus lente.
Elle ne répondit que par un hochement de tête négatif.
— Rien, parvint-elle à articuler. C’est trop sombre en bas.
— Il faut que tu y retournes ! ordonna Klara en frappant le sol du pied de rage.
— Non ! Elle n’est pas en état pour repartir. Il faut la laisser se reposer.
— Il faut qu’elle reparte et qu’elle trouve cette caisse avant les Capitalistes. Si nous nous faisons doubler, nous sommes morts tous autant que nous sommes. Les camarades ne supporteront pas un nouvel échec !
— Avoir notre médium morte d’épuisement ne nous sauvera pas ! répondit Ronier. Et tant que c’est moi le médecin à bord de ce sous-marin, je décide si elle peut reprendre la mission ou non.
Klara toisa Ronier mais savait parfaitement qu’il avait raison. Elle tourna les talons et avant de sortir de la pièce :
— Je te laisse trois heures pour la remettre en état de replonger. »
Ils entendirent les pas lourds du capitaine sur les grilles de la coursive retentir jusqu’à la trappe de changement de niveau. Ron souffla. Il n’aimait pas aller contre les ordres mais l’état d’épuisement de la jeune fille montrait qu’elle ne pouvait plus continuer.
Elle commençait à grelotter. Il l’aida à sortir du bac et l’enveloppa d’une serviette. Après lui avoir tendu une boisson se voulant être du café, il sortit lui aussi de la pièce.
« Prends le temps de te réchauffer et de mettre une tenue sèche puis viens me chercher dans le couloir. Je t’examinerai pour savoir comment ça va et tu me diras ce que tu as vraiment vu. »
Mylan acquiesça de la tête tout en serrant la tasse de liquide fumant. Elle tremblait tellement qu’elle manquait à chaque instant d’en renverser.
Ronier fumait dans le couloir. C’était à l’encontre des consignes du sous-marin mais il ne pouvait s’en empêcher et se fichait du règlement, après tout, il n’était pas militaire. Pas vraiment. Au bout d’un petit moment, Mylan rouvrit la porte du cabinet médical. Elle était sèche et à part ses cheveux encore humides et quelque peu ébouriffés, plus rien ne paraissait de son bain.
Ron fit asseoir la jeune femme sur la table d’examen et l’ausculta. Son pouls était redevenu stable à cinquante quatre battements par minutes, par contre sa tension était beaucoup trop élevée, vingt-deux, quinze. À cette valeur là, elle aurait déjà dû être morte. Et pourtant, elle trouvait la force de sourire. Ses pupilles avaient encore du mal à réagir normalement mais ça mettait toujours du temps à revenir après un plongeon.
« Alors, dit-il doucement. Qu’est-ce que tu as vu au fond ? La jeune femme hésita. Elle savait qu’elle pouvait avoir confiance dans le docteur mais elle n’aimait pas parler de ce qu’elle voyait pendant ses transes.
— C’est très flou. Le fond des eaux est très sombre. Les êtres vivants sont différents de ceux de la surface, je n’arrive pas à comprendre ce qu’ils voient.
Ron fit une moue mélange de dépit et de sincère embarras pour la jeune femme. Il n’aimait pas la faire « plonger » dans tous les sens du terme. Ces techniques d’immersion dans l’eau pour permettre au cerveau de retrouver l’état qu’il connaissait dans le ventre de la mère afin de se connecter à Gaïa étaient encore très nouvelles. Et très risquées. Il avait chaque fois peur que la jeune fille se noie. Elle restait des fois plus de vingt minutes en apnée.
Mylan était très douée. Une fois connectée, elle parvenait à voir à travers les yeux de toutes les formes de vie. Elle avait expliqué à Ron que Gaïa étant connectée à chacun des êtres vivants de la planète, elle pouvait se déplacer de conscience en conscience et non seulement voir mais aussi ressentir tout ce que son hôte ressentait, atteindre ses souvenirs, être lui.
L’armée Communiste avait trouvé par hasard l’existence de ce pouvoir chez des gamins qu’ils formaient pour devenir des commandos d’élites. Après de nombreuses tortures psychologiques et physiques, certains des gamins avaient commencé à avoir des hallucinations. Et au bout d’un moment, les scientifiques avaient compris que ce que ces gosses voyaient était bien réel. Ils avaient isolés ceux qui avaient des visions pour les entraîner plus spécifiquement sur ces capacités. Mylan faisait partie de ces gamins. À présent, l’entraînement était fini pour elle, elle était opérationnelle.
Dix-sept ans, c’est un peu jeune pour être au fond d’un sous-marin. C’est ce que Ronier disait souvent.
À présent, ils devaient retrouver la cargaison d’un navire islandais. Seule Klara savait ce qu’elle contenait mais ça devait être d’une importance suprême pour qu’elle mette autant la pression sur la jeune fille et l’équipage.
« Ça va aller pour recommencer ? » demanda gentiment le médecin.
Mylan hochait de la tête pour répondre par l’affirmative mais ce mouvement se transforma rapidement en violents sanglots. Elle s’agrippa au cou du docteur et laissa la fatigue et le reste couler avec ses larmes qui se mêlèrent sur le plancher à l’eau répandue à son réveil.
Quand la jeune femme commença à se calmer, Ronier se défie délicatement de l’étreinte et alla jusqu’à son armoire à médicaments.
« Je ne veux rien, docteur, parvint à articuler la jeune femme. Plus de drogue, s’il-vous-plait.
— Même pas un peu de chocolat ? demanda Ron en brandissant trois barres enveloppées dans leur emballage métallique. Je l’ai piqué au cuisinier et je le planque là, parce qu’il n’y a que moi qui ai la clef ! » rajouta le médecin avec un clin d’œil à la jeune fille.
Elle ne répondit que par un sourire en s’essuyant la joue et en reniflant.
Mylan se sentait beaucoup mieux, comme si pleurer avait vidé les ballasts qu’elle remplissait à chaque plongeon. Le chocolat devait avoir une action aussi.
L’interphone sonna soudain dans le cabinet médical. Ronier décrocha. La voix du capitaine résonna, toujours très métallique, dans toute la pièce.
« Votre protégée est prête à replonger ? demanda-t-elle sans ménagement.
Ron se tourna vers Mylan, l’air démuni. La jeune fille lui sourit et le regard le plus assuré du monde, elle répondit simplement par un hochement de tête vertical.
— Oui, capitaine !
— Préparez tout, je descends ! »
Euhhhh la SUITE !!!!
C’est clair!
Les mots m’ont été ôté de la bouche! Pitié la suite. !
Exact, la suite… Ou peut être est-ce une expérience de torture psychologique de la part de M. le Comte …