Phrase donnée par Amelodine
« Ça ne sert à rien de paniquer, franchement.
— Arrête Will, si on se fait tracer, je vais avoir les services secrets ou l’armée sur la baraque en moins de dix minutes ! Si on me reprend à pirater des systèmes d’État, je vais prendre perpét’.
— Putain ! Qu’est-ce que t’es devenu froussard depuis ton procès.
— Depuis les interrogatoires en fait ! rectifia Greg.
— Y a pas moyen qu’ils nous choppent. Il leur faudrait des heures pour remonter tous les proxys à partir du moment où il nous aurait repéré. Et déjà ça, c’est pas gagné. Et puis je l’ai déjà fait de chez moi et je suis encore là, non ? Alors assieds-toi et respire. Tu vas voir, c’est juste l’éclate. »
Greg se posa sur son lit et regarda son meilleur ami continuer à taper ses lignes de code. Il n’aimait pas trop entrer illégalement dans les réseaux nationaux depuis que, trois ans plus tôt, il avait été arrêté pour s’être introduit dans les bases de données de la Banque Centrale. À quatorze ans, les quarante-huit heures de garde-à-vue qu’il avait subies avait été assez traumatisante. Il ne voulait vraiment plus vivre ça. Même si ce que lui avait promis Will avait de quoi faire rêver : une simulation de course voitures ultra-réaliste.
« Et voilà ! annonça fièrement celui-ci s’enfonçant dans le siège de bureau les mains derrière la nuque. Y a plus qu’à attendre que les machines moulinent pour la reconstruction temps-réel. Tu vas voir, c’est un truc de malade.
Greg se rapprocha du bureau et regarda l’écran afficher petit à petit le décors : le périph de la ville en deux fois trois voies.
— C’est dingue comme c’est réaliste, on s’y croirait. La gestion du trafic a l’air vraiment bonne. Le jeune homme était bluffé de tant de réalisme, on aurait dit un film. Will fit bouger la caméra qui survolait les véhicules. C’était extrêmement réaliste.
— Tu veux quoi comme bagnole ? Une Ferrari ? Lamborghini ?
— File-moi une Aston Martin, la Vanquish, en général je la gère bien sur Gran Turismo.
— Tu veux choisir les options et la couleur ?
— Prends-la full-options noire.
Will tapota quelques nouvelles lignes de commandes et dans l’écran de la ville, apparut au milieu de la route. Immédiatement, les voitures s’écartèrent de façon chaotique en klaxonnant. Will se leva de la chaise pour laisser la place à son ami.
— Amuse-toi bien ! »
Greg attrapa le volant et appuya sur la pédale d’accélérateur. La voiture vue de l’intérieur démarra et suivit les mouvements du conducteur d’une façon très réactive. Le joueur roulait beaucoup plus vite que les autres véhicules et se faufilait entre.
— Et c’est quoi le but du jeu ? Parce que j’ai l’impression d’être le seul à faire la course là.
— Évidemment, puisque tu es le seul connecté pour l’instant. Les autres bagnoles, ce sont juste les gens en train de rentrer du boulot.
— Et tu peux pas passer en mode milieu de la nuit endiablée ? Parce qu’on dirait que je leur fais peur. J’aimerais bien me faire une vraie petite course. Au moins sans les boulets qui me gênent…
— Je crois que t’as pas bien saisi, Greg. Là, tu joues dans le trafic en temps réel. Les voitures que tu voies, elles sont en vrai sur le périph.
— Quoi ? C’est dingue. Mais comment ça se fait qu’elles s’écartent quand j’arrive alors que ma voiture n’existe pas.
— En fait, ta voiture existe pour tous les GPS et radars internes des voitures comme le signal passe par le serveur central de localisation et de gestion du trafic. En vrai, les gens ne savent pas pourquoi leurs voitures ralentissent ou se poussent de leurs trajectoires parce que pour eux, il n’y a rien. Juste les machines et leurs systèmes de conduite sécurisée qui croient que tu es là et réagissent en fonction.
— Attends, c’est un truc de dingue. Tu as réussi à entrer dans ce système ? Moi qui croyais que tu avais juste piraté les caméras pour que le rendu 3D soit ultra-réaliste…
— En fait, je passe par plusieurs plateformes. Il y a les caméras de la ville pour modéliser le circuit, enfin, le périph ; il y a le système des données de gestions du trafic pour le positionnement de ton véhicule et l’interaction avec les autres ; les bases de données constructeurs pour avoir les caractéristiques des véhicules que tu peux conduire. Plus deux ou trois autres menus serveurs. J’ai eu du mal à tout coordonner au début mais le plus chaud, ça a été de trouver une machine assez puissante pour gérer tout ça, mais là, c’est bon, c’est stable.
Will était fier de lui et cela se voyait à son sourire.
— Si tu te fais choper tu pars en taule pour mille ans sans plus jamais toucher un ordinateur…
— Impossible. Je passe par des serveurs chinois et des iraniens, boliviens… de partout, quoi. Je crois même qu’il y en a un au Botswana.
— Et ton calculateur, tu l’as trouvé où ? À la NASA ?
— Non, c’est le supercalculateur de la météo. Faudra pas s’étonner si les prévisions sont pas top les prochains jours.
Greg sourit et reprit sa conduite, mettant encore une fois la zizanie dans le trafic routier.
Au bout d’une dizaine de minutes de jeux, il avait parcouru une bonne partie du circuit. Des sirènes se firent soudain entendre, rapidement suivie par l’arrivée de voitures de police à l’écran. Greg se tourna vers son ami, l’appelant à l’aide du regard.
— Ils te voient pas, tu n’existes que pour les machines. Tu n’es même pas là, en fait.
Greg se leva en s’éloignant de la machine. Will se jeta sur le clavier et d’une combinaison de touches coupa la connexion. Il posa la main sur l’épaule de son ami pour le rassurer.
— T’as rien à craindre, je te dis. Fais-moi confiance.
— Je veux pas repartir en taule, moi. Laisse tomber, ça me fait trop flipper. »
Trop fort!j’aime bien 🙂
Je veux la meme chose pour éviter les bouchons à Nancy le soir ! C est possible monsieur le comte …? 😉
Ça reste du virtuel, hein. 😉