Phrase donnée par Masque de Mort
Le clown la regardait fixement. Ses vêtements étaient sales et il sentait l’alcool sous son maquillage.
Elle n’avait jamais aimé les clowns mais celui-ci particulièrement ne lui inspirait pas confiance. Surtout dans cette ruelle un peu trop sombre. Elle resserra la main sur la lanière de son sac à main puis inspira profondément. Les relents de l’homme déguisé atteignirent son palais. Elle dut retenir un haut-le-cœur. Ils étaient tous les deux immobiles.
Le regard du clown était vague, pas vraiment fuyant. C’était comme s’il n’arrivait pas à se fixer sur la jeune femme. Il regardait tout autour d’elle. Pas ses jambes, son sac, ou ses cheveux. Vraiment tout autour d’elle. Comme poser son regard sur elle lui brûlait la rétine.
La jeune femme pris son courage à deux mains et fit un pas en avant. Puis un second, puis un troisième. Elle était lancée. Se décalant un peu pour éviter le l’effrayant et triste bonhomme, elle se retint de fermer les yeux pour se donner la force de continuer quand elle passa à son niveau. Il fallait garder les yeux ouverts au cas où il tenterait quelque chose.
Elle avait fait six, sept, huit pas, après lui. Il n’avait pas l’air d’avoir bougé. L’avait-il au moins vue ? Elle souffla. Fort. Soulagée.
Pourquoi fallait-il qu’elle prenne ces petites rues pour rentrer le soir chez elle ? se demanda-t-elle. C’était la première fois qu’elle tombait sur quelqu’un d’aussi bizarre mais chaque fois qu’elle passait là, elle sentait l’angoisse monter en elle et, chaque fois, elle se disait que ce serait la dernière fois.
Presque arrivée au bout de la rue, elle se retourna pour voir le clown. Il n’avait par l’air d’avoir bougé d’un iota.
Sans avoir le temps de se retourner, elle buta dans quelque chose, ou plutôt quelqu’un. Un homme, la dépassant d’une tête, lui saisit le poignet. D’où venait-il ? Cette partie de la ruelle était complétement vide il y avait un instant encore.
Elle tenta de se libérer de son étreinte mais elle était trop puissante. Soudain, une paire de mains se posa sur ses épaules. Ils étaient donc deux. Ce ne pouvait être le clown, il n’aurait pas pu parcourir cette distance en si peu de temps.
Le premier agresseur de sa main libre attrapa le sac à main et tira pour l’arracher à sa propriétaire. Celle-ci résista tant qu’elle put mais ces efforts furent vain, retenue par le complice. Elle cria à peine. Tout juste fut-ce un haussement de ton de protestation. Autant parce qu’elle savait que jamais personne ne viendrait l’aider que pour ne pas énerver ces deux délinquants et les pousser à des actes plus graves qu’un simple vol.
Pendant que le premier fouillait le sac, elle sentit soudain l’étreinte du second se défaire et le vit tomber par terre à son côté. Le premier gars leva la tête de l’intérieur du sac, prit une expression de surprise apeurée. Il jeta le sac par terre et s’enfuit en courant.
Elle se retourna pour voir et se retrouva nez-à-nez avec le clown. Surprise, elle recula d’un pas, marcha sur son sac à main et tomba au sol sur les fesses. Vue d’en bas, il était encore plus effrayant. Elle essaya de reculer encore un peu mais le sol était glissant ses mains n’avaient pas de prise réelle.
Le clown sortit de son immobilisme et ramassa le sac. Elle resta immobile, préférant perdre le peu d’argent qu’il contenait plutôt que de finir comme son assaillant au sol. Elle ne savait pas s’il était juste inconscient ou mort…
Finalement, le clown, sans même fouiller le sac, le tendit à la jeune femme qui eut un petit mouvement de stress avant de tendre fébrilement la main vers son bien. Il lui tendit ensuite une main usée et sale. Elle attendit quelques secondes, incertaine, puis l’attrapa. Avec une force incroyable, le clown la tira du sol et elle ratterrit sur ses pieds presque instantanément.
La jeune femme lâcha la main du clown pour enserrer son sac. Elle commençait à trembler après cette mésaventure.
« Merci… merci beaucoup. » trouva-t-elle la force de dire. Elle le pensait du fond du cœur mais ne put l’exprimer comme elle le voulait. Elle ne savait même pas s’il l’avait entendu.
Il lui fit un signe de tête et sa bouche s’étira dans ce qui devait être un sourire bienveillant mais rendait étrangement carnassier sur cette figure au maquillage passé.
Elle fit un pas en arrière, fixant son étrange sauveur, puis se retourna pour sortir d’un pas pressé de la ruelle. Avant de rejoindre le brouhaha de la grande rue, elle eut l’impression d’entendre le clown maugréer :
« C’est ma rue, personne n’agresse personne dans ma rue ! »
En jetant un dernier coup d’œil, elle vit le clown frapper à grands coups de pieds l’agresseur qui était encore au sol.
Elle n’aurait peut-être plus peur de passer par là finalement.
J’ai ….adoré monsieur le comte !
Yeah!!!c’est bon ça…j vais peut être moins détester les clown maintenant!!! 🙂
(dernière nouvelle en retard :D)
Elle est bien aussi celle-là (Amelodine ou les commentaires originaux ^^)