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Phrase donnée par Khyreena
Je ne veux pas me faire tuer par une femme dont les chaussures ont coûté plus cher que ma voiture. J’ai peu de principes mais j’ai au moins celui-là.
En attendant, je marche, une pelle à la main, un flingue plaqué dans le dos, en direction de la tombe de mon patron.
Cette conne qui marche sur la pelouse avec ses talons aiguilles à cinquante mille, c’est sa veuve éplorée. Je sens au mouvement du canon dans mon dos qu’elle a une certaine tendance à s’enfoncer dans le sol humide.
« Attention à pas me tuer par inadvertance, en plantant vos chaussures.
— Ta gueule ! Avance ! » répond-elle sèchement.
Je serre les dents, et même si mon métier interdit généralement de s’attaquer aux femmes et aux enfants, je me ferais un plaisir de m’en occuper.
Je suis quasi sûr qu’une fois l’arme retournée contre elle, la belle veuve tentera la carte de la séduction pour essayer de reprendre la main. C’est vrai qu’elle est admirablement bien taillée. À quarante-cinq ans, elle rivalise facilement avec des nanas de vingt-cinq. Mais je ne me ferai pas avoir. Je sais ce dont elle est capable. J’ai vu ce qu’elle a réussi à faire à la première femme du patron.
Arrivé devant la tombe du boss, je m’arrête.
« Allez ! Creuse ! m’ordonne-t-elle.
J’hésite un instant, me demandant si je dois faire ce qu’elle me dit ou me retourner et lui mettre un grand coup de pelle dans sa belle petite gueule. Finalement, je fais demi-tour et me plaque contre le canon en la regardant droit dans les yeux. Avec ses maudits talons, elle est presque aussi grande que moi.
— Et si j’veux pas ? Ça va vous avancer à quoi de m’butter ? C’est vous qu’allez creuser ? Mmh ?
Elle hésite. Je le vois dans son regard. C’est pas tout de tenir une arme, il faut être vraiment prêt à s’en servir et être sûr que ça apporte quelque chose. Là, c’est pas trop le cas.
— Et puis, vous lui voulez quoi à votre défunt mari ? Il vous a pas laissé assez ?
Je la vois se ressaisir, elle lève le pistolet pour le mettre entre mes yeux.
— Pose pas de questions. Creuse ! »
Alors je creuse. J’aurais déjà pu la désarmer et lui faire passer l’envie de jouer à la méchante avec moi mais je suis curieux de nature. C’est mon seul défaut. Le boss me disait que ça causerait ma perte.
Au bout d’un moment, ma pelle heurte le cercueil.
Au fond de mon trou, je vois ses pompes à vingt cinq mille, sa jolie jambe qui dépasse de sa robe fendue, ses courbes appétissantes et surtout son sourire. Elle est ravie d’arriver au but.
« Alors ? Je cherche quoi ?
Elle fronce les sourcils, se sentant bien obligé de me mettre dans la confidence.
— Des bons au porteur. Pour quatre-vingts millions.
J’écarquille les yeux, vraiment surpris par cette nouvelle. Je ne m’attendais pas à ça.
— Allez ! Dépêche ! On n’a pas toute la nuit !
Effectivement. Je sens déjà au loin le ciel commencer à changer de teinte.
Au bout d’une demi-heure, voilà le cercueil prêt à être ouvert. Je me retourne vers elle. D’un mouvement de menton, elle me fait comprendre d’y aller. Avec le tranchant de la pelle, je vais sauter les verrous de la boîte. Le patron y est tranquillement installé. On dirait qu’il dort. Ça me fait presque plaisir de le revoir. Alors que je commence à le fouiller, je n’arrive pas à refreiner un « désolé, boss ! ». Il n’a rien sur lui. Je suis obligé de le sortir pour tester la doublure. Bingo ! Je sens les bons.
Alors que je plonge la main dans ma poche pour en tirer mon couteau, Madame se tend et s’apprête à faire feu.
« Tout doux, je sors ma lame pour la doublure ! dis-je en gardant la main dans la poche.
— Fais pas le con, je t’ai à l’œil ! »
Les bons sont tous là, il y en a un bon paquet. La veuve me jette une sacoche. Pas besoin de m’expliquer. Je range le tout à l’intérieur.
Du fond de mon trou, je lui tends l’attaché-case. Elle est obligée de se baisser un peu pour l’atteindre. Elle plie les genoux, dévoilant un peu plus sa jambe nue.
Cette garce ne me donnerait même pas quelques bons pour le service. Hors de questions qu’elle s’en sorte comme ça.
Alors qu’elle attrape la sacoche, je tire de toutes mes forces. Elle tombe et tire en même temps. J’ai la tempe en feu. Je crois qu’elle m’a atteint à l’oreille. Pas le temps de vérifier. Elle est face contre terre et se débat au fond du trou pour se redresser. Mon couteau toujours en main, je pose un genou entre ses omoplates et lui attrape sa belle tignasse. Ramenant sa tête en arrière, je l’embrasse dans le cou et lui susurre :
« T’as pas choisi le bon larbin pour jouer, salope ! »
D’un coup rapide, je lui tranche la gorge. Au moins le boss reposera avec sa pute.
Je récupère la sacoche pleine de bons et sors du trou.
Soudain, je sens une douleur me traverser la poitrine. Un bruit de coup de feu. Je me retourne lentement et la voit lâcher le flingue dans un dernier soupir.
Pendant que je pousse le mien en tombant à mon tour dans le trou, je vois les bons tombés de l’attaché-case s’envoler dans le cimetière.
Je m’écrase devant ces putains de talons aiguilles.
J’m’attendais pas à cette fin o/ 🙂