Phrase donnée par Masque de Mort
« Je m’apprête à vous raconter l’anecdote la moins intéressante du monde. »
Patrick avait annoncé ça pendant un de ces longs silences gênants de la pause café. Malgré l’ennui annoncé de ce qu’il allait relater, personne n’eut la force de l’arrêter. Ça vaudrait toujours mieux que ce silence pesant.
« Et bien voilà, commença-t-il, essayant malgré tout de mettre un peu d’effet dans la présentation de son anecdote. Quand j’avais douze ans, mon père m’a amené faire du camping. »
Il fit une pause, pour boire une gorgée de son café. Ces collègues aimaient bien quand il racontait des anecdotes. Il savait les rendre vivantes, mettre les pauses où il fallait, faire monter la tension. . Ils savaient que Patrick tenait à faire monter la tension.
Jean-Philippe imaginait déjà, malgré l’avertissement du narrateur, une histoire avec un meurtrier en série qui aurait poursuivi le jeune Patrick et son père à travers la forêt. Ils auraient découvert que la voiture avait été sabotée, dû fuir, se cacher, attendre le jour, tendre un piège au tueur et le ramener à la police après avoir réussi à le capturer. Accoudé à la table, le gobelet à quelques centimètres de la bouche, il retenait déjà sa respiration.
Bernard, quant à lui, imaginait quelque chose de plus tranquille. Le père de Patrick l’aurait emmené dans un coin tranquille de la forêt voisine et ils auraient peut-être trouvé un trésor ou une vieille pièce de monnaie. Quelque chose de simple, loin des histoires abracadabrantesques habituelles.
Yvette, qui n’aimait pas les histoires de Patrick, n’attendait rien d’autre qu’il finisse son histoire pour arrêter d’attirer l’attention sur lui, comme il le faisait toujours.
Manu, le stagiaire, qui avait l’habitude avec ses amis d’aller en forêt chercher une sorte bien spéciale de champignons, imagina immédiatement le père et le fils faire la cueillette et tomber malade d’avoir une amanite pour un cèpe, ou quelque chose comme ça.
Au bout de quelques secondes et après qu’il eut bu sa troisième ou quatrième gorgée de café, Patrick n’avait toujours pas continué son histoire. Jean-Philippe n’en pouvant plus, demanda avec envie :
« Et alors ? Il s’est passé quoi ?
Patrick le regarda avec un regard étonné. Il cligna des yeux plusieurs fois.
— Bah ! Rien ! Mon père m’a amené faire du camping. C’est tout.
Il y eut un soupir d’incompréhension dans la petite salle café.
— Hé ! Je vous avez prévenu que c’était pas intéressant, quand même ! »
XD XD pas mal ^^