Phrase donnée par Amelodine
« Je ne suis pas d’accord avec toi !
— De toute façon, tu n’es jamais d’accord avec moi !
Alexeï et Igor étaient sur le toit de l’immeuble abandonné, dans le vent glacial. Le ciel était d’un bleu impeccable. Les seules traces de vapeurs venaient de la bouche des deux soldats quand ils parlaient mais elles disparaissaient rapidement dans l’air sec. Ils auraient pu discuter encore un moment pour savoir lequel des deux avait raison mais le froid leur engourdissait la figure et parler demandait un effort considérable.
Leurs casques en cuir fourré les protégeaient un peu mais ne serait pas suffisant jusqu’au passage du convoi. Heureusement que les lunettes leurs protégeaient mieux les yeux, sinon, ils auraient déjà gelé dans leurs orbites.
Les deux tireurs d’élite n’étaient pas d’accord quant aux positions qu’ils devaient adopter. Cela faisait vingt bonnes minutes qu’ils se chamaillaient pour savoir qui prendrait la meilleur place, celle qui permettrait d’atteindre un maximum de pilotes du convoi, laissant l’autre abattre ceux qui restaient — ceux que le premier avait raté — ce qui ne risquait pas d’arriver. Alexeï et Igor était les meilleurs de tout le pays et s’ils avaient été envoyé sur cette mission, c’est parce qu’il ne fallait pas qu’un seul de ces véhicules passent cette ville fantôme.
Finalement, ils décidèrent de tirer à pile ou face. Mais se disputèrent à nouveau pour savoir qui lancerait la pièce. Malgré le fait qu’ils fussent les meilleurs amis du monde, ils passaient leur temps à se chamailler. Comme deux frères. Finalement, avant même qu’il ait pu se mettre d’accord sur la méthode de tirage au sort, des bruits de moteurs et de chenilles se firent entendre, résonnant en un écho lugubre sur les façades des bâtiments vides et branlants de cette ancienne métropole.
Les deux soldats se jetèrent sur le sol recouvert d’une vieille couche de neige gelée depuis une éternité, chacun lançant un juron de mécontentement. Se relevant doucement et ajustant leur fusil, sur le petit rebord de toit, ils attendirent l’un à côté de l’autre, que la colonne de véhicule ne se montre. Ils savaient que s’ils échouaient, un peu plus loin attendrait une division complète de chars lourds mais leur honneur et celui de leur compagnie était en jeu. Ainsi que leur vie. On ne plaisantait pas avec la réussite des missions.
Enfin le premier véhicule apparut à l’angle d’un ancien bureau de poste. C’était un véhicule à roues. Igor qui vit le conducteur en premier dans son réticule grogna pour faire comprendre à Alexeï qu’il s’en occuperait mais qu’il fallait laisser la colonne entrer complétement dans la rue pour l’avoir en visuel. Alexeï le savait tout aussi bien que son ami. S’ils abattaient le conducteur de tête, la colonne allait s’arrêter, se mettre à l’abri, voire battre en retraite. La mission ne serait pas complétement satisfaisante. Ils savaient que leurs scientifiques voulaient récupérer les véhicules pour étudier de potentielles améliorations trouvées par l’ennemi. Ce qu’il fallait faire était d’attendre que la colonne soit entièrement en visuel pour abattre les conducteurs de l’arrière vers l’avant, les premiers mettant toujours plus de temps à voir ce qu’il se passe à l’arrière.
Douze véhicules se suivaient déjà dans l’ancienne artère principale de la ville. Les trois premiers étaient à roues. Les autres étaient des blindés à chenilles, trois transports de troupes et le reste des chars de combats. Ils n’avançaient vraiment lentement c’était louche. Igor grogna une nouvelle fois pour annoncer qu’il allait commencer le travail quand arriva à la suite de la colonne un char immense. Alexeï et Igor se regardèrent, pas vraiment sûr de ce qu’ils voyaient. L’engin était aussi grand que le bâtiment postal, soit quatre étages, environ quinze mètres. Les chenilles montaient plus haut que les chars traditionnels eux-mêmes, et le canon, semblant plus court, était d’un calibre impressionnant, Igor aurait dit le diamètre d’une roue de camion. Il avançait à peine plus vite qu’un homme à pied.
« Essaie de voir où est le conducteur se trouve sur ce truc, Alex ! Annonça Igor. Moi, j’vois pas. Mais si on arrive à récupérer cet engin, ça va être la fête ce soir !
Alexeï cherchait lui aussi dans sa lunette mais n’arrivait pas à voir de visage qui dépassait comme sur les autres chars.
— Il est planqué à l’intérieur, annonça-t-il. On l’aura pas. Si tu veux qu’on le récupère, il faudra y aller au corps-à-corps. »
Et pour faire ça, il fallait que la colonne s’arrête. Les deux snipers commencèrent leur besogne. Les six premiers conducteurs furent décimés quand les autres soldats formant les équipages se redirent compte du problème. L’arrière de la colonne s’arrêta. Les tireurs tentèrent d’atteindre les deux tireurs embusqués mais leurs mitrailleuses n’y parvinrent pas. Alexeï et Igor ne s’étaient pas mis là par hasard.
Quatre tireurs furent neutralisés. Les autres allaient suivre quand la tourelle gigantesque du monstre de queue se mit en branle. Igor lança un nouveau regard incrédule à son ami. Une détonation retentit, répercutée sur les nombreuses façades d’immeubles, un sifflement, l’explosion d’un impact. Le bâtiment sur lequel les deux soldats se trouvaient trembla fortement. Ce prototype n’était pas fonctionnel d’après les renseignements qu’ils avaient reçus.
Ils n’eurent pas besoin de parler pour se mettre d’accord sur le fait qu’ils devaient déguerpir le plus rapidement possible. Une seconde détonation tonna. Alexeï et Igor se ruèrent dans la cage d’escalier. Le bâtiment fut une nouvelle fois secoué. Ils descendaient les marches quatre par quatre, six par six. Dix étages plus bas, Alexeï avait l’impression que les murs n’étaient plus droits. Il ne savait pas si le char géant avait tiré au milieu ou au pied de l’immeuble mais s’ils ne sortaient pas rapidement, ils risquaient de mourir ici. Exhortant son ami à se dépêcher, Alexeï accéléra autant que possible son rythme de descente.
Finalement arrivé au sol avant que la construction complète ne s’effondre, les deux soldats furent cueillis par les troupes ennemies qui avaient eu le temps de se mettre en place et de les attendre. Sans possibilité de se battre sans se faire tuer, les deux amis jetèrent leurs armes au sol et posèrent leurs mains sur la tête.
« Cette mise en scène et la perte de quelques soldats valait bien le coup pour attraper les deux plus dangereux tireurs du continent ! Je suis le général Sergei Dachkov et vous êtes mes prisonniers ! »
Je suppose que tu devines ma réponse…
LA SUIIIIITEUH 😀
(tu es bien matinal ! ^^)
J’ai cru que tu allais me dire qu’il y avait des fautes ^^