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108 – Au milieu de la nuit

Phrase donnée par Masque de Mort

« Il m’a demandé de passer pour lui donner un coup de main, je ne m’attendais vraiment pas à ce qu’il allait me demander de faire. Tu te rends comptes ? J’ai passé dix ans à faire médecine et à me spécialiser pour qu’il m’appelle et me demande de… »

Jane ne put terminer sa phrase, les larmes au bord des yeux, tremblante de rage, essayant de déposer les cendres de sa cigarette dans le cendrier devant elle. Ses spasmes nerveux la firent en mettre partout. Elle s’excusa auprès de son amie avant de tirer une nouvelle grosse bouffée de produit cancérigène.

Olivia attendit que son amie se calme en sirotant son café. Jusque là, elle ne comprenait pas pourquoi Jane était dans cet état.

Benoît, le fiancé de la jeune femme, médecin de garde en plein campagne, avait été appelé pour une urgence au beau milieu de la nuit. Prenant la voiture à moitié endormi, il avait réussi à aller chez le couple de jeune gens en détresse. La femme était enceinte de huit mois et avait de fortes douleurs. Le mari ne savait s’il devait aller à l’hôpital, qui était à quarante kilomètres de là. Jane s’était rendormie, rien de vraiment grave à ces yeux. Ça ne sortait pas beaucoup de l’ordinaire des nuits de son chéri.

Finalement, toujours au beau milieu de la nuit, le téléphone avait encore une fois sonné. Jane avait décroché, s’attendant à tomber sur un des patients de Benoît mais fut très surprise d’entendre sa voix à lui.

« Ma chérie ! Sa voix était emplie d’un stress qu’elle ne lui connaissait pas. Ça la réveilla sur-le-champ. Je suis dans la merde, il faut que tu viennes me filer un coup de main. Dépêche-toi, s’il te plaît. »

Il avait continué en lui expliquant comment le rejoindre. Jane avait enfilé les premiers habits qu’elle avait trouvés et pris sa trousse médicale, avant de sauter dans sa voiture et de partir en trombe sur les petites routes de campagne. Elle se demandait ce qu’il devait bien se passer pour que son fiancé, pourtant si calme, posé, tout en self-control, l’appelle de la sorte. Elle espérait qu’elle arriverait à temps pour permettre à la maman et au bébé de finir la nuit et bien plus. Jane savait que Ben était un bon médecin et que s’il demandait de l’aide, c’était vraiment grave.

Après une bonne demi-heure de route dans la nuit, la forêt et les nappes de brouillards, Jane arriva là où son fiancé avait dit. Mais c’était au milieu de nulle part, dans la forêt. La voiture de Benoît, une vieille Volvo, était sur le bas côté, les warnings déchirant la nuit par à-coups. Jane se gara derrière. Elle ne voyait pas son homme. Elle descendit rapidement. Dans la lumière des phrases, à travers le brouillard mouvant, elle eut l’impression de voir une flaque de liquide sombre sur la route. Était-ce du sang d’un animal sauvage ou d’une personne qu’il avait percuté ? Ou le sien peut-être ? Le temps qu’elle fasse les quelques pas qui la menèrent à l’avant de la Volvo, son esprit s’emballa et lui firent imaginer les pires choses. Elle ne fut qu’à moitié rassurée en n’y trouvant aucun cadavre. Où était donc Benoît ? Jane se hasarda à crier son nom dans l’obscurité. Elle faillit faire un infarctus et ne put retenir un cri strident en voyant une silhouette surgir de derrière l’aile qui donnait sur le bas-côté, le visage recouvert lui aussi de saleté, une clé démonte pneus à la main. Benoît tenta de la rassurer immédiatement mais il fallut presque une minute à Jane pour se calmer.

« Et là, moi je m’attendais à lui donner un coup de main pour l’accouchement, ou un autre patient, je sais pas ! Non ! Lui, tranquillement avec ce sourire un peu con qu’il a des fois, il m’annonce que l’accouchement s’est très bien passé, que c’est un garçon, trois kilos huit, cinquante deux centimètres, limite s’il m’annonce pas les constantes de la mère…  Il a fallu que je lui demande qu’est-ce qu’il foutait là, comme s’il avait déjà oublié qu’il était presque quatre heure du mat’. Là, il me dit qu’en rentrant, il a percuté un sanglier, ce qui explique le sang, et qu’il a crevé à cause de ça.

— La nuit pas de bol ! appuya Olivia.

— Et là, il me demande, tiens-toi bien, il m’a fait me lever au milieu de la nuit pour ça quand même… Il m’a demandé de lui changer sa roue, parce qu’il sait pas le faire.

— Oh ! Le con ! Olivia ne put s’empêcher de rire. Moi, j’aurais fait demi-tour et laissé se démerder tout seul pour lui faire comprendre la leçon. Et alors, t’as fait quoi ? Tu lui as changé, sa roue ?

— Non… Moi non plus je sais pas le faire… »

3 Comments on “108 – Au milieu de la nuit

  1. 😀 un cric et puis c’est tout ! Mais s’ils n’ont pas de lampe, ça doit être chaud à changer, la roue ^^

    (A côté j’vois tes tweets. La photo je parie sur l’avenue des Vosges mais bon, de nuit comme ça… :p et j’espère que tu conduis pas là 🙂 )

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