Phrase donnée par Amelodine – inventée par Dexash
Il resta pensif un moment, les yeux dans le vague, avant de prendre sa décision.
Cela faisait des années que ça durait. Il n’en avait plus envie. Des années que chaque soir, il rentrait chez lui, usé par le poids de la culpabilité. Des années qu’il s’asseyait chaque soir pour s’abrutir devant la télé pendant des heures afin d’oublier mais chaque nuit, au lieu de dormir, il y pensait et y pensait encore. Ça n’était plus possible.
Sa femme l’avait quitté pour ça. Et maintenant, il comprenait vraiment pourquoi. Il la pardonnait presque d’être partie, vu le temps qu’elle avait mis pour le faire et tout ce qu’elle avait dû endurer par sa faute. Ce mariage avait duré seize ans. Elle méritait une médaille d’avoir tenu si longtemps. L’entrée au paradis, même.
Son manager aussi lui avait dit qu’il fallait faire quelque chose, que ça « l’empêchait d’être en total cohérence avec l’esprit de la boîte », que ça mettait mal à l’aise toute le monde à l’étage et même dans les autres sections.
Il avait raison. Ils avaient tous raison. C’était incroyable d’avoir dû attendre autant de temps pour se rendre compte de la triste réalité. Et à présent qu’il lui faisait face, il ne voyait plus qu’elle.
Et dire que c’était ce gosse qui lui avait fait prendre conscience de la chose. Ce gosse. Cet ado en fait. De ceux qui n’ont pas la langue dans leur poche et disent tout haut ce que tout le monde pensent tout bas. Peut-être était-ce parce que ça venait d’un étranger, peut-être était-ce parce que ça venait d’un sale gamin, peut-être était-ce juste parce qu’il était temps d’accepter la chose… Sa décision était prise.
Dans la salle de bain, le regard fatigué plongeant dans celui de son reflet, il dénoua lentement son nœud de cravate. Regardant au creux de sa main le morceau de tissus qu’il portait tous les jours depuis si longtemps, il appuya sur la pédale de la poubelle qui s’ouvrit avec ce son métallique si habituel et jeta sa cravate Babar.
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